C’est avec une grande satisfaction que nous avons appris que, des larmes plein les yeux, le Rassemblement des Etudiants de (extrême-) Droite annulait sa cérémonie prévue ce 6 février au pied de la statue de Jeanne d’Arc.
Aux côtés d’organisations et collectifs locaux et régionaux nous avions appelé à empêcher ce défilé qui se place dans la plus pure tradition du décorum fasciste : majorité de jeunes hommes en rang, flambeaux, dépôt de gerbe avec une cocarde « A nos morts », discours du chef, etc. Cette horreur anachronique s’était déjà tenue à plusieurs reprises ces dernières années et c’était un de nos objectifs pour 2022 qu’elle n’ait pas lieu.
Ne boudons pas notre plaisir devant cette victoire. Le rassemblement de dimanche n’est plus nécessaire et, sans nier le risque élevé de répression, ce ne sont pas les interdictions de manifester de la préfecture qui guident notre choix tant elles deviennent récurrentes et prévisibles jusque dans leur timing.
Néanmoins, tout cela amène quelques questions et nécessite de tirer des enseignements.
Le RED, est la matrice qui a conduit à l’alvarium, cette coquille a souvent servi au groupuscule pour avancer masqué, notamment sur le campus de la fac de droit. De matrice elle est devenue un variant bien pratique. En effet, l’alvarium est en cours de contestation de sa dissolution administrative auprès du Conseil d’État. En quête de respectabilité pour sauver les apparences ce n’est pas le moment pour elleux de faire des vagues. Comme d’habitude la ficelle est grosse et personne n’est dupe.
Nous prenons note que ces néo-fascistes voulant commémorer les morts des émeutes parisiennes antiparlementaire de 1934 prennent la peine de déposer leur manifestation auprès de services de la république. Quelle ironie ! Nous prenons également note que les services de la république n’y trouvaient rien à redire avant que les angevin.e.s et leurs soutiens ne se mêlent de cette histoire et construisent un rapport de force. Sans appel à manifester aurions-nous eu droit à une milice fasciste défilant en rangs serrés à la lueur des flambeaux protégée par la police ? Il semble que oui. Nous vous laissons tirer les conclusions qui s’imposent.
Nous constatons aussi qu’à Angers comme ailleurs le droit de manifester se réduit comme peau de chagrin. De manifestation de gilets jaunes, en cortège pour le droit au logement, en passant par les mobilisations syndicales ou dans les quartiers populaires l’exercice du droit de manifestation devient un sport de combat au sens propre. Les rues ne se limitent pourtant pas à des espaces marchands comme le souhaite publiquement le maire Christophe Béchu. Reconquérir des libertés politiques est un des chantiers urgents que notre camp social va devoir entamer.
Dans cette criminalisation du combat antifasciste, la préfecture et les pouvoirs locaux ont pu mettre à profit un certain nombre d’interventions médiatiques. Certains articles ont presque renvoyé dos à dos fascistes et antifascistes, comme s’il s’agissait d’une vulgaire histoire de bandes rivales violentes. Notre antifascisme est populaire et nous avons toujours veillé à impliquer le plus largement possible les angevin.es dans cette lutte. Nous nous battons pour une société plus solidaire et plus égalitaire. Les fascistes couinent de dépit en annonçant l’annulation de leur évènements alors que quelques jours auparavant ils menaçaient publiquement quiconque viendrait les défier. Comment prétendre à la déontologie journalistique quand ce simple travail de mise en perspective n’est pas fait ? Ce genre d’article n’a qu’une visée : ramasser du clic/vendre du papier. Ramener le combat antifasciste à un potentiel « affrontement au pied de la statue de Jeanne d’Arc » c’est jouer un jeu délétère d’une dépolitisation qui ne profite qu’à l’extrême-droite.
Heureusement, nous avons pu compter à nos côtés de nombreux soutiens locaux avec qui il va falloir prolonger le travail en commun et continuer à tisser des liens. Ce travail est d’une nécessité absolue à trois mois d’élections présidentielles dont les thèmes idéologiques semblent uniquement dictés par l’extrême-droite.
Quant aux antifascistes qui nous avaient assuré.es de leur présence, surtout celleux qui venaient de loin, nous les remercions chaleureusement ! La solidarité antifasciste ce n’est pas qu’un slogan.
Ce week-end nous serons vigilant.es à ce qui pourrait advenir aux abords de la statue de Jeanne d’Arc, nous savons bien que les fachos ont l’habitude d’agir caché.es et d’organiser leurs sordides commémorations en toute discrétion.
Boutons les fascistes hors de nos vies ! Angers solidaire et antifasciste !
Le RAAF