Ces derniers jours, une polémique occupe les pages saumuroises de la presse locale. La mairie étudie la possibilité d’octroyer un bail pour l’usage d’un édifice catholique désaffecté, la Chapelle Saint-Jean. Le groupe V&B aimerait y installer un débit de boisson. Le nom très douteux de « Levrette Café » a un temps été avancé.
Depuis quelques semaines une association nommée Anjou Patrimoine se formalise et c’est elle qui mène la fronde contre ce projet. Quelques tracts ont été diffusés, les journalistes contactés et surtout une pétition a été mise en ligne sur Change.org. Elle compte à ce jour un peu plus de 2600 signatures.
En substance, les arguments avancés contre le projet sont de deux ordres. D’abord, ce collectif juge infamant de destiner un ancien lieu de culte à des soirées alcoolisées, sous-entendu à la débauche. L’artillerie lourde est vite dégainée, le chapeau introductif de la pétition est le suivant : « Maman, Papa, qu’est-ce que ça veut dire, Levrette ? » Attendez-vous à ce que vos enfants vous posent cette question !. Le tout est appuyé par la mise en avant de captures d’écran de la promotion suggestive usitées par les autres « levrette bars » du groupe.
Le second argument est d’ordre économique. Avec des accents poujadistes Anjou Patrimoine exprime une inquiétude par rapport aux autres commerçants locaux qui ne bénéficieraient pas d’autant de largesse que le groupe V&B de la part des élus locaux.
Créée en septembre, l’association se présente comme une simple association de vulgarisation historique ou mémorielle : visite commentée de la cathédrale d’Angers ou commémoration de l’armistice du 11 novembre 1918. La rhétorique fait tiquer sur ce dernier événement qui se présente comme un « hommage à nos morts ». « Nos morts » : un chauvinisme qu’on espérait révolu.
Inutile de tourner autour du pot. Bien que se présentant comme apolitique, Anjou Patrimoine est une nouvelle expression de l’extrême-droite la plus réactionnaire en Maine-et-Loire.
Pour s’en convaincre, il suffit de dresser le portrait peu flatteur de celui qui est à l’origine de l’association : Alexandre Rivet. Laissons le journal auquel il participe activement le présenter : Né en 1991, il fait partie de la jeune garde de Présent ! Recruté comme correspondant local, il écume donc sa belle région du Nord-Pas de Calais pour rapporter informations, entretiens et photos. […] Il aborde parfois ses thèmes de prédilection que sont la religion et la politique, mais aussi le sport et le cinéma. En plus de Présent, il œuvre pour la réinformation en travaillant pour TV Libertés et en prenant la parole lors de réunions publiques.
Du côté du RAAF, on trouve que le CV de ce jeune homme qui vient de s’installer en Anjou est bien chargé. Il est donc un collaborateur très actif de Présent. Présent c’est la revue qui représente le courant national-catholique au sein de l’extrême-droite française. Historiquement, la revue est proche du courant « tradi » de la Fraternité Saint Pie X si déplorablement implantée par ici. Présent ce sont de multiples condamnations et d’éternelles et soporifiques diatribes contre-révolutionnaires et/ou antiféministes, c’est une exaltation de « l’oeuvre restauratrice » du Maréchal Pétain, c’est aussi depuis 2014 une revue qui fait des appels du pied pressant à l’extrême-droite non catholique des identitaires.
Alexandre Rivet cherche pourtant à présenter un visage aimable, c’est son intérêt, lui qui tient un charmant petit gîte à quelques kilomètres de Saumur, au nord de La Loire. Pourtant son parcours militant comporte de nombreuses taches, comme sa participation en tant que « journaliste » à TV Libertés la chaîne nationaliste et identitaire qui compte dans ses rangs d’anciens cadres du FN comme Le Gallou qui avait tenu conférence à Angers l’année passée.
D’ailleurs, Alexandre a vite noué des amitiés locales. Il ouvre tout récemment les colonnes de Présent à Jean-Eudes Gannat, le « porte-parole » autoproclamé de l’alvarium, qui s’épanche sur l’épaule de son nouvel ami dans un article de haute tenue humoristique.
Quoi qu’il en soit, il nous semble important de montrer qu’Anjou Patrimoine n’a rien de l’association de simples « citoyens » désintéressés épris de patrimoine local et prompts à le défendre. Nous avons affaire à des militants d’extrême-droite aguerris de la mouvance catho-tradi qui entretiennent la confusion pour arriver à leurs fins. Anjou Patrimoine sort directement des poubelles de l’histoire, et il faut l’y remettre rapidement. Affaire à suivre.