On les a vu.es gratter la terre d’un « potager communautaire », en maraudes auprès des « SDF français », occupé.es à nettoyer les rives de la Maine : les militant.es nationalistes de l’alvarium ont joué bien des rôles. Toujours de manière grotesque, tout comme leur ambition puisque nous les avons souvent pris en défaut sur la réalité de leur activisme. Pour le groupuscule seules comptent les apparences sur les réseaux sociaux afin de donner un visage aimable à leur projet néo-fasciste. Peine perdue, les atavismes reviennent vite : les intimidations, leur racisme, leur lgbt+phobie, leur goût pour la violence gratuite ont si souvent fait tomber le masque qu’il est brisé. Pourtant illes retentent le coup en endossant le costume de bénévoles de l’action humanitaire. Les escrocs sont de retour avec une association nommée Urgence Humanitaire et une campagne spécifique autour des réfugié.e.s de la guerre en Ukraine.
Pour comprendre l’état d’esprit actuel du groupuscule, il faut rappeler que l’alvarium est sous le coup d’une procédure de dissolution administrative effective depuis novembre 2021. En janvier 2022, juste avant l’expiration du délai imparti ils se sont pourvus auprès du Conseil d’État pour casser cette décision. En attendant la réponse l’alvarium fait profil bas pour ne pas compromettre sa demande. Qui plus est, le nombre de militants condamnés ces trois dernières années (voici une liste non exhaustive : Théodore Riant, Martin Réveillard, Baudoin Le Nalio, François-Aubert Gannat, Hervé Le Morvan, Alban Martinez, etc.) contribue, au moins temporairement, à vider le groupuscule de beaucoup de son énergie. Pour agir, illes tentent de réactiver des structures associées laissées en déshérence comme par exemple le Rassemblement des Etudiants de Droite qui a appelé à commémorer les émeutes antiparlementaires du 6 février 1934, une « tradition » de l’alvarium. La ficelle est grosse et surtout usée : les mêmes militant.es, avec les mêmes mots d’ordre, agitent les mêmes drapeaux et banderoles, sous les ordres du même chef d’opérette en cosplay de fasciste des années 30 et finissent après la cérémonie dans leur local habituel. On a vu plus discret comme tentative de résurgence.
Néanmoins ne négligeons pas leur recherche d’une vitrine présentable susceptible de duper les personnes non-averties. Des structures neuves à même d’éviter les poursuites pénales pour reformation de ligue dissoute. C’est une question de survie pour le groupuscule à l’état de mort-vivant. Un peu comme leur instrumentalisation des SDF par les maraudes, l’action humanitaire représente un champ d’action apte à brouiller les pistes.
A vrai dire, ces nationalistes, frange radicale de la bourgeoisie angevine catho-tradi, se sont déjà grimé.e.s en bénévoles humanitaires. Leur chef Jean-Eudes Gannat, co-dirige Solidarité Arménie, qui lui a permit, ainsi qu’à d’autres militants de l’alvarium tel Paul Pichon ou Henri de la Marchandise, de se rendre sur place. Gannat a aussi été d’une mission en Syrie aux côtés de SOS Chrétiens d’Orient. Jusqu’à présent, la méthode de l’extrême-droite radicale consistait à créer un collectif ad hoc : Solidarité Arménie, Solidarité Kosovo, etc. Nous faisons l’hypothèse que désormais illes cherchent à fonder une plateforme généraliste au cadre d’action moins étroitement associé à une cause, offrant souplesse et réactivité afin de s’adapter aux situations de crise qui leurs conviendraient. La création toute récente en janvier de l’association Urgence Humanitaire va dans ce sens. Et l’explosion de la guerre en Ukraine leur a donné l’occasion de lancer une première opération spécifique avec le site refugies-ukraine.fr.
La récente émergence du compte instagram @urgencehumanitairefr a attiré notre attention à plusieurs égards. Bien qu’il présente les apparences neutres d’une ONG, la première vague d’inscrit.es réunit en essaim serré presque tous les mouches à merde de l’alvarium qui y vont de leur like. La coloration « identitaire » est également donnée par les rares abonnements du compte : Solidarité Arménie, émanation directe de l’alvarium domiciliée dans leur local ; Solidarité Kosovo association satellite des Identitaires fondée en 2004 pour venir en aide aux Serbes du Kosovo ; SOS Chrétiens d’Orient, le projet le plus connu de la galaxie d’extrême-droite désormais sous le coup d’une enquête pour complicité de crime contre l’humanité ; et enfin, SOS Calvaires, association de sauvegarde du petit patrimoine catholique qui cache de moins en moins son engagement réactionnaire et ses affinités zemmouroïdes. A noter que cette association qui cherche à essaimer et sur laquelle nous avons déjà fait le point est elle aussi née en Anjou.
D’un point de vue administratif des indices pointent vers un projet étroitement lié à l’alvarium. L’association à l’intitulé très consensuel, déclarée en janvier 2022 à Angers, édite le site en construction : refugies-ukraine.fr.
S’il présente une apparence lisse, le vernis humanitaire craque par exemple à l’évocation des « membres de la même famille européenne que nous ». La directrice de publication est Thérèse Beauvais, une des suppléantes de Jean-Eudes Gannat lors d’une des risibles participations de celui-ci, en 2021, au cirque électoral sous l’étiquette officielle de l’alvarium. Notre clown y a ramassé une tôle ainsi qu’une peine d’inéligibilité de 6 mois.
En analysant d’un peu plus près ce site internet nous découvrons que le nom de domaine du site a été acquis par l’entreprise Omni Raise, domiciliée à Redon.
Cette entreprise est liée à Tristan Mordrelle, spécialiste de la levée de fonds mais surtout connu pour ces accointances avec les milieux révisionnistes et néo-nazis. Ce néo-païen convaincu a dernièrement rejoint en toute discrétion l’équipe de campagne de Zemmour pour aider à la collecte de financements. L’apparition de ce nom sulfureux dans le paysage d’Urgence Humanitaire pose question sur les intentions sous-jacentes du projet. Assistons-nous à la naissance d’une nouvelle pompe à fric de l’extrême-droite ? Surtout qu’à peine née, Urgence Humanitaire s’auto attribue une mission d’intérêt général et s’octroie le droit de produire des reçus fiscaux qui ouvrent à réduction d’impôt. Encore une fois, l’état va subventionner indirectement l’extrême-droite. Pour finir, alors que Zemmour a affirmé être contre l’accueil en France de réfugié.e.s d’Ukraine, Tristan Mordrelle s’engage dans un projet qui va (en apparence) à l’inverse. L’extrême-droite radicale fait preuve d’une « souplesse » idéologique indécente.
Mais c’est l’ensemble de l’équipe d’Urgence Humanitaire qui, à force de grands écarts, risque le claquage. En premier lieu Jean-Eudes Gannat qui bavassant sur Facebook avance que « le problème n’est pas « le régime de Poutine » auquel nous n’avons aucune leçon à donner. Le problème c’est la guerre dont il faut résoudre les causes et atténuer les conséquences […] ». Jean-Eudes Gannat veut bien aider les ukrainien.ne.s mais il ne faudrait pas en tenir rigueur à ce brave Poutine qui après tout n’y est pour rien dans cette guerre ? Le mot paradoxe n’est pas assez fort pour définir un (dé)raisonnement aussi claqué. A la fois qu’attendre de quelqu’un qui est allé en Syrie en soutien d’un Bachar al-Assad qui s’est maintenu au pouvoir notamment grâce à l’aide de Poutine ?
On passera très vite sur le membre et mécène illuminé de l’alvarium : Axel Levavasseur. Celui qui leur met gracieusement à disposition des locaux s’affiche aux côtés de Douguine, l’idéologue des néo-eurasianistes qui a forgé un discours qui a en partie influencé Poutine dans son dessein d’envahir l’Ukraine. Là encore, les ukrainien.ne.s apprécieront ce genre de « soutien ».
Fin mars, une « mission » d’Urgence Humanitaire navigue entre la Pologne et Lviv. On y retrouve les habitués des voyages de Solidarité Arménie dont Xavier Maire, alias Henri de la Marchandise. Passé par le Bastion Social, à l’origine du GUD Strasbourg et condamné pour des faits de violences lors des Gilets Jaunes, il semble être l’homme de terrain de l’opération. Jean-Eudes Gannat l’a aussi récemment rejoint. Comme il se doit le déplacement est surtout utile pour fournir des supports à la communication générale de cette clique. Il est notable que leur unique camionnette a fait une escale à Hayange où selon le Républicain Lorrain les « trois bénévoles de l’association angevine » ont été accueillis et ont bénéficié du soutien du maire RN Fabien Engelmann. C’est à la fois peu surprenant de la part de l’instigateur de la très identitaire fête annuelle du cochon mais ce genre d’exposition aux côtés de Xavier Maire/Henri De La Marchandise, membre de divers groupes fascistes dissous, ne va pas dans le sens de la normalisation politique voulue par Marine Le Pen et rappelle que derrière la vitrine proprette, l’arrière boutique pue toujours autant le renfermé.
On comprend que de manière encore embryonnaire, Urgence Humanitaire veut être la plateforme qui va permettre aux fascistes de l’alvarium et à quelques autres associé.e.s de mutualiser leurs divers « «projets humanitaires » afin de s’offrir une plus grande surface sur internet et rationaliser leurs outils. La présence de Tristan Mordrelle connu pour ses réseaux et sa capacité à lever des fonds n’est pas anodine bien que les contours exacts de son implication restent flous. A l’opposé de toutes les vraies structures humanitaires parions que l’opacité sur les sources de financements et leurs usages sera de mise. Quelle part sera utilisée pour faire fonctionner l’association ? On peut poser la question, gageons qu’elle restera sans réponse. L’important dans ce projet n’est pas l’aspect de soutien aux population, l’opportunisme idéologique des fascistes en est la preuve. Il leur importe ici de développer leur réseau, d’offrir une apparence de respectabilité, aspirer des fonds et des contacts. Tout ceci n’est qu’une mise en scène cynique de plus, les réfugié.e.s ukrainiens.ne. ayant pour les cadres mentaux étroits de nos racistes différentialistes l’avantage d’être blanc.he.s et chrétien.ne.s. Les escrocs d’extrême-droite profitent de la guerre et instrumentalisent la souffrance de tout un peuple pour leur plus grand intérêt.
Le RAAF