La crise sanitaire que nous traversons actuellement est inédite par bien des aspects. D’autres ont déjà commencé un travail de critique des politiques menées ces dernières décennies, qui ont certainement contribué à son aggravation. Nous tenterons ici d’analyser la situation et les dynamiques actuelles d’un point de vue antifasciste.
La communication gouvernementale et son lexique guerrier nous enjoignent à faire front commun dans cette « guerre » contre le virus. Cette stratégie d’union sacrée est bien connue et conduit toujours au même résultat : les pauvres meurent pendant que les riches restent au chaud.
Parce que la stratégie de confinement ne concerne qu’une partie de la population, il devient impossible d’ignorer ces privilèges de classe. Pendant que certain-e-s peuvent travailler à domicile, les autres doivent sortir et s’exposer au risque de contamination. Avis aux plus naïfs : les applaudir ne les guérira pas.
Tandis que les puissants changent à nouveau les règles du jeu à leur avantage, comprendre : détruisent le code du travail, les flics ont quartier libre. Ils peuvent bien venir jouer les victimes dans les médias par le biais de leur syndicat d’extrême-droite, sur le terrain les violences policières ne souffrent pas du virus. Cette bande de sadiques s’attaque en priorité comme à son habitude aux habitant-e-s de quartiers populaires.
Il n’y a pas qu’eux qui profitent du confinement pour se lâcher à l’abri des regards. Malgré des prisons pleines à craquer et au bord de l’implosion, la justice redouble d’efforts pour condamner à des peines délirantes par visioconférence.
On aimerait croire que ces pratiques scandalisent l’opinion publique, et c’est sans doute le cas, mais quand on apprend que certains standards téléphoniques de commissariats sont saturés d’appels de délation, on est en droit de se poser des questions.
L’économie ne s’est pas arrêtée pour tout le monde. Les fabricants de joujoux techno-cauchemardesques sont de sortie et font étalage de leur catalogue. On a pu ainsi voir des drones surveiller et suivre des êtres humains pour leur demander de rentrer chez eux. Les opérateurs de téléphonie mobiles quant à eux, attendent le feu vert du gouvernement pour outrepasser la RGPD et revendre nos données numériques personnelles à des fin de pistage.
L’état d’urgence sanitaire semble, comme l’état d’urgence tout court, être le prétexte idéal pour restreindre nos libertés personnelles. Si la crise sanitaire est loin d’être dépassée, la période qui va suivre risque également d’être très compliquée. Se débarrasser d’outils coercitifs, même s’ils semblaient utiles ou légitimes à certains, n’est jamais chose aisée. La récession économique qui va suivre risque également de favoriser des politiques à l’encontre des travailleurs et des travailleuses.
Plus que jamais il nous faudra faire preuve de solidarité. D’une solidarité de classe plutôt que d’une solidarité nationale.