Faire taire l’extrême-droite

Nous avons coutume de rappeler que les idées d’extrême-droite ne sont pas de simples « opinions ».

Renaud Camus avec ses élucubrations rhétoriques autour du «Grand Remplacement» a ainsi directement contribué à ce qu’aux antipodes un suprémaciste blanc commette le massacre de Christchurch. Il y a un indéniable lien de cause à effet.

Nous pourrions multiplier les exemples historiques jusqu’à la nausée.

S’il est une seule règle de base à retenir de l’antifascisme c’est la suivante : On ne discute pas avec l’extrême-droite. On la combat.

Le projet de société de l’extrême-droite porte un futur (et déjà un présent) liberticide. Et en appeler à la liberté d’expression n’est pour les fascistes qu’un moyen de s’implanter dans le paysage des idées afin de ronger ce qui fait lien dans nos sociétés. Nous avons récemment dans un texte explicité cette position non négociable.

Malgré tout, nous ne sommes guère surpris.es que localement certain.e.s personnes aient la faiblesse d’esprit et/ou la mauvaise foi de vouloir donner la parole aux fascistes.

En effet, une association nommée Changer(s) d’ère propose, fin octobre dans une salle municipale, un débat autour de l’Union Européenne et de la question de la souveraineté. Quatre invités sont prévus parmi lesquels Jean-Eudes Gannat, petit chef des fascistes de l’alvarium. Face à lui, où plutôt avec lui, des représentants de la gauche (EELV notamment) ainsi qu’un membre de LREM.

Nous nous sommes par le passé mobilisé.e.s à de très nombreuses reprises pour dénoncer le prêt de salles municipales, à Angers et alentours, à des officines d’extrême-droite.

Notre position est inchangée, il est toujours hors de question de laisser s’exprimer des fascistes, qui est plus est dans une salle municipale.

S’il advient que des représentants de «gauche» acceptent vraiment de se prêter à ce jeu truqué de légitimation des idées puantes et du passif violent et raciste d’une bande de fascistes, cela sera le signe indubitable d’une grave déliquescence intellectuelle. Ce sera aussi une faute politique que nous n’oublierons pas.

Peut-être que certain.e.s pensent pouvoir «se faire» Gannat en l’humiliant par la force des mots (son résultat aux dernières élections législatives avec 1 % de voix est déjà en soi une humiliation publique suffisante). Mais pour ce dernier, le simple fait de poser son séant dans une salle municipale tout en discutant aimablement avec des représentant.e.s autorisé.e.s de la démocratie serait une victoire. La postérité oubliera ce qui s’est dit ce soir là pour retenir que les idées fascistes auront été légitimées à s’exprimer publiquement.

Nous appelons donc les intervenant.e.s potentiel.le.s à signifier publiquement qu’ils/elles ne participeront pas à une telle mascarade. Déjà, au moins un intervenant prévu a annoncé son retrait et il semble qu’un.e autre pressenti.e fasse de même. Nous espérons que les autres auront la présence d’esprit de lui emboîter le pas et de laisser les fascistes entre elleux.

Parce que nous n’oublions pas que l’alvarium, son chef et ses membres sont racistes, violent.e.s, qu’ils mentent, menacent, discriminent, invectivent, frappent, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que cette réunion soit un échec. Mieux, qu’elle n’ait pas lieu.

Combattre l’extrême-droite, ce n’est pas lui tendre un micro pour rendre son discours audible et lui offrir une audience inespérée. Combattre l’extrême-droite c’est la faire taire.

Le RAAF

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