Gaëtan Dirand soutient l’interdiction de la projection de « Tomboy »

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Dans un communiqué du 07/02/2014, Gaëtan Dirand a déclaré son soutien à l’interdiction du film « Tomboy ». Il qualifie en effet la projection de ce film de « tentative de prise d’otage idéologique de nos enfants de la part des lobbies LGBT et des théoriciens du genre », mais on pourrait aussi bien dire que l’interdiction de « Tomboy » constitue quant à elle une prise d’otage des enfants de la part des conservateurs et des catholiques intégristes.

De plus, le FN et ses comparses du Bloc Identitaire et d’Egalité & Réconciliation défendent régulièrement une revendication de la liberté d’expression, notamment, de manière récente dans le cadre de l’interdiction des spectacles antisémites de Dieudonné, lui-même revendiquant la liberté d’expression du théoricien négationniste Robert Faurisson. Il est donc intéressant de constater que la liberté d’expression que le FN défend est celle des conservateurs, réactionnaires, catholiques intégristes, des antisémites, antimusulmans et des négationnistes, et ce contre l’expression des idées progressistes.

On se croirait revenu en 1966, lorsque les commandos d’Occident, groupuscule d’ultra droite, envahirent la scène de l’Odéon lors de la représentation des Paravents de Jean Genet.
Dirand estime également que la « théorie » du genre « nie l’individu comme être sexué ». Le moins que l’on puisse dire est que Dirand n’est ni un fanatique d’histoire, ni un adepte de l’anthropologie. Plus qu’une simple théorie, qu’une vague hypothèse au caractère hasardeux, la construction sociale des genres est un fait scientifique avéré, empiriquement constaté et démontré. Elle ne nie pas l’individu comme être sexué, mais déconstruit toutes les surdéterminations sociales, qui obligent les femmes et les hommes à adopter des modèles types préétablis d’activités, de caractères, de comportement, de codes esthétiques. Or en refusant de déconstruire les genres, on refuse l’individu comme être libre de son destin.
Toujours selon Dirand, l’école ne devrait pas « promouvoir des comportements », et ne devrait se réduire qu’à la transmission de compétences. Pourtant, c’est bien le FN qui défendait le fait de restaurer une éducation morale à l’école, et y refusait le port du voile. On ne peut pas tenir une position se limitant à la compétence et interdisant la promotion de comportement, puis ensuite dire que le comportement non catholiques devraient y être interdis, tandis que l’on tolère des messes dans des écoles privées.
Enfin, Dirand affirme vouloir à « exercer un contrôle attentif et rigoureux des sorties scolaires et des activités périscolaires dans les établissements d’Angers et mettre ces dernières au service des savoirs, débarrassés de toute empreinte idéologique ».

Est-ce à cette fin qu’il défend l’augmentation des moyens et des budgets de la police municipale ? Dirand semble souhaiter une école ou il n’y aurait pas d’idéologie, une école qui ne serait qu’un vague organisme de formation technique. Il semble volontairement ignorer que l’école est en soi idéologique, car elle à la charge de transmettre les valeurs de la République. Althusser la qualifiait d’appareil idéologique d’Etat, car c’est à travers elle que l’ordre social se reproduit, se modifie, en fonction des volontés des classes politiques.  Elle n’est donc pas neutre, loin de là. C’est aussi en son sein et quant à son contenu que se jouent les batailles sociales. L’école fondée par Jules Ferry, par exemple, avait pour fin de justifier la hiérarchie sociale par une réussite dans les études, une certaine notion du mérite. Or cette réussite est en fait liée, comme l’a démontré Bourdieu, à l’idéologie bourgeoise véhiculée par les classes dominantes, dont sont issus ceux qui élaborent les programmes scolaires, et au capital social hérité des enfants de bourgeois. Les enfants de bourgeois réussissent mieux parce que l’on met en place un système de sélection qui favorise leur réussite. Mais ce n’est pas cette dimension sélective et méritocratie que Dirand conteste.

Sa critique de l’idéologie à l’école semble plus s’appliquer à la discrimination des petites filles aux cheveux courts, habillées en jeans ou douées en sport, et des petits garçons aux cheveux longs portant des pullover roses.

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