Blancs bonnets de l’ouest et bonnets blancs de l’ouest : ou comment ne pas séparer le charcutier du fasciste

Nous avons déjà beaucoup écrit sur l’entreprise Les Blancs de l’Ouest (ici et ) et la campagne menée avec de nombreux collectifs locaux pour obtenir leur exclusion des nouvelles Halles Biltoki suit son cours. Lors de l’inauguration en juin nous étions plus de 200 à jouer les trouble-fête. Alors que nous et d’autres avons amené sur la place publique de nombreux éléments factuels qui attestent que cette entreprise est tenue par des militants de l’extrême droite la plus raciste, LGBT+phobe et violente, les éléments de langage de la mairie et de Biltoki étaient au mieux maladroits, souvent de mauvaise foi et régulièrement pitoyables. Tour à tour, Benoît-Joseph Cochin, Thibaut Cochin, Pierre-Antoine Réveillard auraient soi-disant renié leurs engagements, ou auraient défendu de simples « opinions » qui en valent d’autres. Le gérant de Biltoki nous aura même gratifié sous la forme d’une ellipse d’un mensonge éhonté histoire de sauver sa belle fête d’ouverture.

Enfoncer le clou

Nous sommes contraints de devoir encore enfoncer le clou au sujet de cette entreprise qui n’a rien à faire dans un projet qui a tout du fait du prince et qui a été rendu possible grâce à beaucoup trop d’argent public. Notre démonstration de l’engagement néo-fasciste des dirigeants des Blancs de l’Ouest s’est focalisée sur les frères Cochin. Militants nationaux-catholiques, ils ont milité du début jusqu’à sa dissolution au sein de l’alvarium. On peut aussi résumer leur réseau avec l’appui d’une simple photo de tablée prise au mariage de leur ami, mais néanmoins petit chef de milice, Jean-Eudes Gannat.

B.-J. Cochin au mariage de Jean-Eudes Gannat aux côtés de L. Le Priol, incarcéré et en attente de procès pour le meurtre du rugbyman argentin Aramburù.

 

Désormais, quand ils ne sont pas occupés à gérer les conséquences d’un professionnalisme douteux, les frères Cochin tentent de donner le change pour préserver la tranquillité des affaires. Pierre-Antoine Réveillard, leur associé semble plus lisse de prime abord. Mais il suffit de creuser un peu pour retrouver les accointances avec l’extrême droite la plus dure. C’est l’objet de l’étude de cas qui suit.

Cellule de dégrisement

PV avec floutage (par nos soins) des personnes non citées dans article.

Voici un extrait du procès-verbal de dissolution d’un commerce de gros de viande de la région bordelaise : Les Grises de Bazas. Suite à des pertes financières conséquentes, le 18 février 2022 se tient une assemblée générale extraordinaire en vue de clore l’activité. La feuille de présence compte dix actionnaires plus ou moins importants en fonction du nombre de parts détenues. Presque tous se sont faits représenter et ont donné procuration. Ce sont des individus ou des entreprises. Si cet acte nous intéresse c’est parce que le plus petit des associé.es n’est autre que Pierre-Antoine Réveillard. Qui plus est, à l’unanimité, lui revient la charge symbolique de confiance de liquidateur de l’entreprise.

Une e-planque à fachos

Parmi les actionnaires conséquents on retrouve SOWINVEST. Un des dirigeants est Paul-Alexandre Martin. Ce dernier est aussi connu pour être le dirigeant de l’entreprise de conseil et de communication e-Politic. « prestataire incontournable du RN » selon Le Monde qui a publié une enquête approfondie. C’est aussi une grande pourvoyeuse d’emplois (de planques?) pour les fascistes passés par Angers. On y retrouve Arthur de Vitton de Peyruis co-fondateur du RED avec Jean-Eudes Gannat, Martin Réveillard (condamné aux côtés des frères Cochin, de Pierre-Antoine Réveillard, de Henri Guillermet, de François-Aubert Gannat tous membres de l’alvarium pour vol de drapeaux dans une entreprise et s’être introduits de nuit dans l’enceinte d’une gendarmerie), ou encore du grand collectionneur de bibelots nazis Paul-Alexis Husak, désormais bras droit (tendu) de l’actuel chef du GUD Marc de Cacqueray Valmenier.

Lettre du RED signé Arthur de Vitton de Peyruis à l’attention d’Esteban Morillo, un des assassins de Clément Méric

Revenons à Paul-Alexandre Martin. Il fut un temps numéro deux du Front National de la Jeunesse et candidat frontiste dans le Rhône en 2012 et lors des municipales 2014. D’un point de vue des affaires, il a octroyé pas moins de 45% des parts de e-Politic à Frédéric Chatillon et Axel Loustau les piliers de ce qu’on appelle fréquemment la GUD Connexion.

Où l’on reparle de l’affaire Comunotec

En 2015, Paul-Alexandre Martin et Jean-Eudes Gannat ont fondé Comunotec, là aussi avec l’entreprise nommée ERER qui apparaît sur le PV de dissolution de La Grise de Bazas. Lors de sa courte existence, Comunotec aura notamment fourgué à une petite commune du matériel de vidéosurveillance inutilisable. Pour établir la confiance, l’entreprise aura usé de références inexistantes avant de livrer un matériel ne correspondant pas au cahier des charges, empochant une bonne partie de l’argent et ne répondant plus aux sollicitations par la suite. Lésée, la commune d’Andlau n’a pas entamé de poursuites bien que selon l’ancien maire « Sur le plan technique, c’était zéro, des incompétents. ».

La GUD Connexion au grand complet

Afin de liquider La Grise de Bazas, Pierre-Antoine Réveillard est aussi mandaté par la SAS Groupe ERER. Il s’agit d’une entreprise du nationaliste-révolutionnaire Frédéric Chatillon, pour le situer, a été le président des bourrins du GUD durant ses études. Il a aussi été à la tête de la société RIWAL, une agence de communication qui a fourni des prestations pour le Front National, mais aussi pour Jeanne (le micro-parti au service de Marine Le Pen), ou encore le régime sanglant du dictateur syrien Bachar al-Assad. Notons qu’on retrouve encore dans l’histoire Jean-Eudes Gannat qui un temps aura travaillé pour RIWAL.

La GUD Connexion est au grand complet puisqu’on retrouve aussi la SAS Financière Wagram. Celle-ci dépend d’Axel Loustau, l’ancien trésorier de Jeanne, le microparti dont on parlait plus haut. Axel Loustau qui a connu Marine Le Pen à la fac de droit d’Assas n’a lui aussi rien renié des ses engagements passés. Il suffit de rappeler qu’il était présent au C9M de cette année où, aux côtés des jeunes néo-fascistes qui ont défilé cagoulés, croix celtiques au vent, il a commémoré le décès de Sébastien Deyzieu.

Same same but different

On pourrait s’arrêter là car personne n’est mandaté par hasard par la GUD Connexion. En bon nationaliste Pierre-Antoine Réveillard sait très bien avec qui il fraye. Sans doute frétille-t-il d’aise. Mais parmi les (petits) actionnaires, il reste une personne physique dont le profil est tout aussi explicite quoi que légèrement différent : Jimi James Pirson. Le cerner réclame la plus grande attention car celui-ci est grand amateur de pseudonymes : Pierre-Alexandre Bouclay, Patrick Cousteau, Jean-Jacques Matringhem, André Chelain. Là encore un CV épais ancré à l’extrême droite. Sous l’alias de Pierre-Alexandre Bouclay il a été rédacteur en chef de Minute, il a travaillé pour Valeurs Actuelles, il a géré la communication de SOS Chrétiens d’Orient et en septembre 2021 il devient président de Radio Courtoisie. Comme le rappelle une note du site REFLEXES notre professeur d’histoire a, au début des années 2000, endossé après d’autres, le pseudonyme de Jean-Jacques Matringhem pour animer la revue «post-révisionniste» L’Autre Histoire. Pseudo qu’il a employé aussi à l’occasion pour glorifier le parcours du nazi et collabo Saint-Loup sur le site des païens de Terre et Peuple.

Pas un sou pour les fachos !

Voilà qui dresse en creux un portrait évocateur de Pierre-Antoine Réveillard. A l’aise localement dans la petit bande des miliciens fascistes de l’alvarium mais aussi dans la bonne société angevine, ce bourgeois bon teint jouit aussi de la confiance de la GUD Connexion et d’entrepreneurs peu fréquentables. En cela il n’est pas différent de ses camarades dirigeants des Blancs de l’Ouest. Comment vont réagir les dirigeants de Biltoki et les élu.es à la mairie d’Angers suite à ces révélations ? Après le silence et les justifications imbéciles vont-ils enfin agir de la seule manière acceptable : jeter Les Blancs de l’Ouest hors des halles ? Vont-ils plutôt continuer à leur servir de paillasson ? Il y a quelques jours Jean-Marc Verchère, maire d’Angers, s’indignait des « propos odieux tenus » lors d’un happening raciste par les ex-alvarium-désormais-RED-mais-aussi-Mouvement-Chouan sur les marches de l’hôtel de ville. Peut-être aurait-il pu leur dire directement toute sa colère en les attendant à la sortie de Biltoki où les nationalistes n’auront pas manqué de passer prendre quelques saucissons chez les copains des Blancs de l’Ouest au retour de l’action ?

Cessons les jeux de dupes. Prenons nos affaires en main et agissons pour l’exclusion des Blancs de l’Ouest des halles Biltoki.

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