Les amis de Saint René Goupil : le renard de l’extrême droite est-il dans le poulailler du diocèse ?

Le « bien commun ». Cette expression connaît une forte diffusion dans la foulée des projets réactionnaires du milliardaire Pierre-Edouard Stérin. Un peu comme « enraciné » accolé à tout et n’importe quoi, voilà une formule de ralliement implicite pour l’ensemble des réacs et l’extrême droite francophone. En même temps la formule semble aimable et inoffensive pour les néophytes. Penchons-nous justement sur une association angevine, née en 2023, qui affirme agir pour le « bien commun » et a candidaté sans être retenue à l’édition 2025 de la Nuit du « bien commun » contre laquelle une mobilisation est en cours : « Les amis de Saint René Goupil », du nom d’un missionnaire catholique né à Saint-Martin-du-Bois, la commune où l’association mène son plus gros projet.

En terrain connu à défaut de conquis

L’association est lancée par trois laïcs de l’église catholique. Elle « a pour objet de soutenir toutes activités, associations, initiatives ayant pour objectif le bien commun dans les campagnes et les villages. Pour cela, elle ouvrira des maisons permettant de recevoir des hommes ou des femmes se « donnant » au service des proches […]. » Elle a acquis une maison dans le bourg de Saint-Martin-du-Bois, au nord d’Angers, non loin de Segré et du Lion d’Angers. Si vous avez l’habitude de nous lire ces lieux peuvent être évocateurs. En reflux à Angers, l’extrême droite radicale dirige le gros de son énergie vers les campagnes du Haut-Anjou. Une sorte de retour à la case départ pour beaucoup de militant.es qui y ont grandi et étudié et qui reviennent y vivre dans un réseau dense. La maison étant insalubre, le gros de l’activité de l’association consiste en des chantiers de rénovation avec pour objectif annoncé l’accueil d’une congrégation religieuse de femmes à l’horizon 2026.

Beaucoup de brebis galeuses

Mais certains bénévoles des amis de Saint René Goupil ont des profils qui n’ont rien de pacifique. Sur les vidéos peuvent être vus à l’ouvrage des débris de la milice néo-fasciste soi-disant dissoute alvarium : Côme Jullien de Pommerol condamné pour violences, porte-drapeau du C9M, agresseur en série, ou Jacques Fraval de Coatparquet passé par Le Red la continuation déclinante de l’alvarium. Les proches de l’ancienne milice fasciste suivent en nombre le compte Instagram de l’association. Au hasard, le charcutier Thibaut Cochin, Marie-Menehould « Menou » Gannat, son frère le caporal-chef Jean-Eudes, ou encore Martin Réveillard ou Arno Guibert (dit Danjou) aujourd’hui cadre des nationaux-catholiques d’Academia Christiana. De leur côté Les amis de Saint René Goupil suivent les pages de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier ou SOS Calvaires.


Côme Jullien de Pommerol sur un chantier des amis de Saint René Goupil.

Un Poupon comédien

Un autre militant nationaliste originaire du segréen prête en vidéo son visage à la promotion de l’association. Il s’agit de Baudoin Poupon, étudiant passé par une double licence histoire-droit à L’ICES, la très droitière université de la Roche-sur-Yon voulue par Philippe de Villiers. Il a été vice-président de Touche Pas à Ma Statue, collectif très maurrassien de défense du patrimoine (à la condition exclusive qu’il soit catholique), émanation quasi organique de l’Action Française vendéenne. Il a aussi, cela va sans dire, participé à des événements d’Academia Christiana. Pour plus d’infos, notamment sur la fulgurante et médiocre carrière de comédien de cette personne nous vous renvoyons vers le travail de nos camarades de Vendée.

Baudoin Poupon présente une vidéo des amis de Saint René Goupil.
Baudoin Poupon au mégaphone pour Touche pas à ma statue.
Capture de 2021 du Facebook de B. Poupon. On vous laisse analyser la partie ami.e.s avec attention.

Le bureau sent le moisi

Le bureau de l’association (voir les documents administratifs en fin d’article) sait bien à qui il s’adresse en faisant appel à Baudoin Poupon, car ce petit monde fraye dans les mêmes milieux. Les statuts recensent trois « membres fondateurs » : la fort bien nantie France (Juchault) des Jamonières (belle-sœur de François des Jamonières membre actuel du comité de soutien de la Nuit du « bien commun » à Angers), Louis Vadot-Renoul et Isabelle Crea. Le trio occupe de plein droit une place au sein d’un conseil d’administration composé de 3 à 6 personnes. La présidente Isabelle Crea gravite dans le réseau d’influence de l’école Notre-Dame d’Orveau, c’est ainsi une proche de Jacqueline Gannat. Bien sûr son neveu, Louis Vadot-Renoul, le vice-président, est passé sur les bancs de Notre-Dame d’Orveau. Ami de longue date de Jean-Eudes Gannat, il semble facilement prêter son nom et on le retrouve également à la présidence d’une association autrefois satellite de l’alvarium qui a été refondée cette année : Anjou Pèlerinage (voir les documents administratifs en fin d’article). L’autre membre du bureau d’Anjou Pèlerinage n’est autre que Stessy Gannat, épouse de François-Aubert Gannat, elle-même militante de l’alvarium. Cette association organise un pèlerinage annuel « sur les traces de Cathelineau », généralissime de l’Armée catholique et royale pendant la guerre de Vendée. Tout un programme. Mais revenons au bureau des amis de Saint René Goupil. Le trio fondateur est épaulé au secrétariat par Isabella Lécureuil, épouse de Charles Lécureuil, militant de l’alvarium qui dès 2017 prête son nom à l’association Nouveaux Sarments/Anjou Populaire la vitrine légale du groupuscule. Il est des voyages de groupe chez les néofascistes de CasaPound à Rome ou des défilés du tristement célèbre C9M. Bref, ce bureau représente la frange nationale-catholique qui a repris de la vivacité dans le sillage de la Manif pour tous et dont la frange la plus radicale a vomi le groupuscule néo-fasciste alvarium.

Le prêtre et la statue baladeuse

Vincent Artarit.

L’association est placée sous la direction de conscience du prêtre Vincent Artarit. Soutane noire, col romain, il apparait en vidéo pour appuyer le projet. Originaire de Vendée, prêtre depuis vingt ans, son sacerdoce l’a fait passer par beaucoup de paroisses de l’Anjou. Il a du parfois composer avec la fronde de ses propres paroissiens en butte à sa vision réactionnaire. Concrètement, lui et un autre prêtre avaient sorti d’un grenier une statue de Noël Pinot, un prêtre guillotiné en 1794. Ce symbole a minima rétrograde voire royaliste a déplu à des fidèles plein.e.s de malice qui à plusieurs reprises ont discrètement déplacé la statue vers le fond de l’église ou dos à l’assemblée. La statue baladeuse cristallisait un conflit larvé avec des paroissien.ne.s qui lui reprochaient son autoritarisme et sa vision tradi de l’exercice du culte.

La démonstration est limpide, Les amis de Saint René Goupil sont une énième association animée par l’extrême droite locale catho-tradi et nationaliste. Il n’est pas surprenant qu’elle agisse dans le Haut-Anjou qui est actuellement le bout de campagne où elle dispose de relais installés (Notre-Dame d’Orveau, SOS Calvaires, etc). Ce qui pose question c’est que dès le deuxième paragraphe de ses statuts, l’association affirme agir « Avec le soutien du diocèse ». De quelle nature est ce soutien ? Pour le moment le diocèse d’Angers n’a pas répondu à notre demande. Une partie du voile reste donc à lever.

Extrait des statuts des amis de Saint René Goupil.

Le Raaf.

Copie du bureau des amis de Saint René Goupil.
Suite du bureau des amis de Saint René Goupil.
Copie du bureau d’Anjou Pèlerinage.

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