Voici un nouvel exemple sur les liens étroits entre le groupuscule d’extrême droite Red Angers et des entrepreneurs nationalistes qui ne parviennent plus à donner le change.
REDhibitoire
Le Red (Rassemblement des Etudiants de Droite) est à sa création un groupe estudiantin fondé par Jean-Eudes Gannat et Arthur de Vitton de Peyruis pendant leurs études de droit à Angers fin 2012. Un groupe au racisme et au sexisme décomplexés qui servira un temps de vivier à candidats pour le Front National 49. Le Red a défrayé la chronique en soutenant le gérant d’un Subway qui, à la Saint Valentin 2013, avait lancé une offre interdite aux couples homosexuels. Délaissée au lancement de l’alvarium la structure a été réactivée suite à sa dissolution administrative fin 2021. Mais le Red est une franchise en état de décomposition avancée. Les capos formés à l’alvarium se succèdent (Gaspard Beaumier, Aurélien Flottes) mais les troupes restent maigres et velléitaires. Et pour ce qui est de dégager une ligne et des objectifs politiques le néant le dispute au ridicule, prenons pour exemple leur sticker « Face aux couilles molles bandez RED ». Déliquescent, le groupuscule doit sa survie au prêt des locaux du Bazar, un ancien bar mis à disposition par son gérant Aloïs Haven.
La rentrée déclasse
Cette année 2025 a vu une rentrée tardive de la petite bande en plusieurs temps. Il y a eu un moment de cohésion en plein air avec presque uniquement des têtes connues : Tanguy Bernard, Félix Reybaud, Yanis Delmur l’anticommuniste primaire. Gabriel Tardiveau semble faire fonction de cadre et au passage arbore un tee-shirt faisant référence au « Kali Yuga », « l’âge sombre » de la mythologie hindoue. D’apparence anodine cette référence cryptique a été revisitée et appropriée par l’occultisme nazi, laissant entendre que nous vivrions une période qui attend une violence régénératrice faite de guerres et de génocides.

Grande originalité enfin, le Red a tenu une soirée où Jean-Eudes Gannat est venu parler aux troupes. À ses côtés, un militant semble animer la soirée et dernièrement s’expose sur leurs réseaux sociaux. Abordons son profil militant et ses connexions.

Marche funeste
Il était présent et visible sur les photos de la presse locale de la manifestation de la honte fin octobre 2022 quand, à rebours de la volonté de la famille, l’extrême droite s’était empressé de récupérer le meurtre de la jeune Lola à des fins racistes. Nous l’avons aussi retrouvé à des évènements du pseudo-institut de formation national-catholique Academia Christiana ou encore à une formation des suprémacistes de l’Institut Iliade fin 2024.


Surtout, un camarade nous a mis sous le nez qu’en 2023, avec d’autres membres du Red, il s’est donné la peine de voyager jusqu’à Sofia en Bulgarie pour participer à une manifestation. La « marche de Lukov » qui commémore le souvenir du collaborateur nazi Hrsto Lukov, abattu en 1943 par deux membres de la résistance bulgare : Ivan Burudzhiev et la communiste Violeta Yakova. L’événement est organisé par l’organisation néonazie Union nationale bulgare – Edelweiss (BNU). Voilà donc le désormais petit cadre du Red participant activement drapeau en main à un évènement européen néo-nazi bien documenté.

Au passage soulignons que le Red tente fréquemment de s’extirper de son marasme local en s’exportant. Encore en 2023, sans doute lors d’un seul et même périple, Aurélien Flottes et le militant en question se présentaient à Budapest devant la Légion Hongroise. On se demande ce qu’ils ont pu inventer à part un mauvais exposé sur le 6 février 34 comme le suggère le visuel sur l’ordinateur.

Que le Red compte dans ses rangs des néo-nazi.e.s n’est pas une surprise, après tout son co-fondateur Jean-Eudes Gannat était cette année porte-parole du C9M qui n’a rien à « envier » à la marche de Lukov. Mais la présence de ce nouveau cadre du Red au sein d’une autre structure cette fois commerciale mérite d’être diffusée largement.
Des commerçants de proximité (avec l’extrême droite)
Bouchemaine, Chalonnes sont deux bourgs de l’Anjou au cadre de vie agréable. Mais depuis un moment les Blancs de l’ouest entreprise de charcutiers connus pour leur implication active dans l’alvarium et d’autres projets réactionnaires sont présents sur leurs marchés respectifs. L’entreprise est également installée dans les Halles gourmandes Biltoki en centre-ville d’Angers. Un projet voulu par le maire Christophe Béchu et rendu possible grâce à beaucoup d’argent public. Avec une politique tarifaire élevée c’est de facto un lieu de prédilection de la bourgeoisie avide d’entre-soi. L’équipe dirigeante fait face à une équation insoluble. En proie à une sous-occupation endémique des lieux qui sont déserts en semaine, elle a préféré faire corps avec les petits fascistes plutôt que d’accepter l’idée d’un stand vide de plus. Même si pour cela il faut piétiner la morale et relayer les éléments de langage des Blancs de l’ouest sur de soi-disant lointains engagements et autres foutaises. Cela ne résiste pas à l’examen des faits ce qui a provoqué un tollé durable. Mais pour que la mascarade soit crédible il faut y mettre un peu du sien. Or, voilà qu’en octobre, la personne embauchée pour tenir le stand des Blancs de l’ouest sur les marchés évoqués plus haut, n’est autre que le néo-nazi ambassadeur du Red.

Allons-nous entendre que les néo-nazis seraient des commerçants comme les autres ? Que les équipes municipales sont impuissantes devant les lois du marché même si c’est celui avec un petit « m » de la place du village ? L’équipe des halles Biltoki bafouillera-t-elle encore qu’elle n’a « pas vocation à commenter ni juger les prises de position privées ou passées », sous-entendant que le nazisme n’est qu’une « opinion » ? Ne parlons pas du maire d’Angers, Christophe Béchu et sa sempiternelle rhétorique confuse de lutte contre « tous les extrêmes ». Sans doute est-il occupé à éclaircir les accointances de membres éminents de son parti avec la droite réactionnaire et l’extrême droite ?
Le Raaf.