Il nous semble évident de revenir sur l’article récemment publié dans les colonnes du Ouest-France au sujet de ce qu’il convient de qualifier d’Affaire Comunotec. L’article est parfaitement étayé mais il nous a donné envie d’aller constater par nous-mêmes les preuves matérielles de l’hypocrisie et la duplicité du petit chef des fascistes angevins qui occupe une place centrale dans cette affaire.
Le Prince Vaillant des réseaux sociaux
La principale et la plus dense de nos sources d’informations prend la forme du document ci-dessus. Il s’agit du procès-verbal de l’assemblée générale extraordinaire de Comunotec. Cette entreprise créée à l’été 2015 prétend donc travailler dans le secteur du « développement et de la conception de matériel de sécurité ». Cet aride document légal nous intéresse au plus haut point parce qu’il matérialise le moment où Jean-Eudes Gannat, alors âgé de 22 ans est désigné comme président pour la durée d’une année à compter du 05 décembre 2016.
Ce rejeton de la bourgeoisie, fils d’un conseiller régional Pays-de-la-Loire exclu du RN, qui aime tant jouer au rebelle ne nous est évidemment pas inconnu. Nous avons déjà retracé par le passé une partie de son parcours et les angevin.e.s ne sont pas sans ignorer les frasques de sa bande fasciste de l’alvarium qui défrait trop régulièrement la chronique judiciaire (voir ici et ici).
En dévôt inconditionnel du « c’était mieux avant », Jean-Eudes Gannat est prompt à pourfendre la déshumanisation du monde, que ce soit à travers la robotisation où la vidéosurveillance. Quelques captures d’écran glanées de-ci, de-là dans le flot de sa logorrhée en attestent.
Mais comme les angevin.e.s le savent également il n’est pas à une tartufferie près.
Un homme de paille de la « GUD Connexion » ?
Revenons à notre PV qui montre qu’il est prompt à se mettre au service de la frange la plus radicale de l’extrême-droite, surtout s’il est possible de faire des affaires. Déjà, par le passé, Jean-Eudes Gannat a travaillé pour Riwal, la société de Frédéric Chatillon. En 2014 il a également été au service du Carré Casa, là encore une entreprise proche de ce qu’il est coutume d’appeler la GUD connexion.
Dans le cas qui nous concerne, la GUD Connexion est présente au sein de Comunotec via la société SOWINVEST et le groupe ERER.
Derrière la holding SOWINVEST il y a Paul-Alexandre Martin. Né en 1990, il est passé par la fac de droit d’Assas. Un temps son colocataire ne fut autre que Julien Rochedy avec qui il milite au FNJ. Community manager, photographe officiel de Marine Le Pen, c’est un entrepreneur madré qui par exemple aura mis en place les sites internet des députés européens FN.
Quant au groupe ERER, on ne présente plus son principal actionnaire Frédéric Chatillon. Ancien militant du GUD, ami de Marine Le Pen. Avec son acolyte Axel Lousteau ils ont de multiples sociétés toujours en affaire avec le FN pour le meilleur et surtout pour le pire.
Frédéric Chatillon n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de ramasser du pognon, il est adepte des montages alambiqués de sociétés sciemment imbriquées les unes dans les autres, un écheveau très difficile à démêler et pas toujours du goût de la justice.
Jean-Eudes Gannat s’imagine probablement parmi ses pairs, jouant dans la cour des grands. Mais si sa situation de « président » est ronflante sur le papier, dans la pratique il ressemble quand même rudement à un sous-chef d’entreprise, un homme de paille voire à un bête fusible. Notons que, quel que soit le cas de figure, cela n’enlève rien de sa responsabilité dans l’affaire qui suit puisqu’il sait parfaitement avec qui il s’est mis en cheville.
Peur sur la ville
Un des moments capitaux de la brève existence de Comunotec et de son très discret directeur commercial Julien Costals, est la tenue d’un stand au salon des Maires en novembre 2015. L’entreprise se présente en effet comme spécialiste d’un service sur mesure destinés à de petites collectivités dotées de moyens limités. La vidéo promotionnelle qui suit vaut mieux qu’un long discours
Beaucoup de bleu-blanc-rouge, des églises taguées lorsqu’il s’agit d’illustrer les « incivilités », on ne se refait pas à l’extrême-droite. Pour attirer les maires désemparé.e.s qui cèdent aux sirènes sécuritaires le discours paraît rôdé. La plaquette de présentation se veut rassurante pour des élu.e.s. mettant en avant un savoir-faire reconnu par des acteurs issus de secteurs tels l’industrie pétrolière où, plus sensibles encore, de la défense ou de la justice.
Pourtant, l’article de Ouest-France prouve clairement que ces assertions ne sont que de la poudre aux yeux. En réalité Comunotec leurre sa potentielle clientèle avec de la pure propagande qui donne de la consistance à une entreprise peu active et sans références solides.
Et Comunotec inventa le perchoir à oiseaux connecté
En mars 2017, la petite commune d’Andlau, dans le département du Bas-Rhin fait affaire avec Comunotec pour la fourniture d’un système de quatre caméras de vidéosurveillance (ne comptez pas sur nous pour parler de « vidéoprotection ») : une située Place de l’école, deux à l’Abbatiale et une sur le parking des Remparts. Le maire actuel rapporte que le deal impliquait une installation du système livré par Comunotec par les soins des services municipaux. Mais à la livraison, le produit n’a que peu de rapport avec le cahier des charges. Une observation rapide du matériel par le maire de l‘époque montre l’impossibilité du dispositif à remplir correctement sa fonction : « Sur le plan technique, c’était zéro, des incompétents. J’ai refait un cahier des charges, mais ils n’ont jamais répondu. » dixit l’ancien maire. Effectivement les caméras en question ressemblent plus à des nichoirs à oiseaux high-tech qu’à autre chose.
Il y aura bien quelques échanges avec Comunotec afin de revenir à ce qui avait été convenu mais vite l’entreprise disparaît des radars. En décembre 2017, lors d’un conseil municipal, le maire de l’époque informe les élu.e.s que l’entreprise Comunotec a déposé le bilan et mise en liquidation judiciaire.
Ce contrat frauduleux aura coûté à la commune la bagatelle de près de 14000 euros. D’après nos recherches Comunotec n’aura effectué qu’un seul et unique chantier et, au vu des éléments en notre possession et aux propos du maire actuel il est difficile de douter du caractère crapuleux de l’entreprise.
Alors quelles conclusions tirer de cet affaire ? Peut-être est-il judicieux de s’en remettre à la définition de l’escroquerie dans l’alinéa 1 de l’article 313-1 du code pénal :
« L’escroquerie est le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge. ».
C’est alambiqué mais on comprend l’idée. En ce qui concerne Comunotec on peut dégager les traits suivants qui font écho à cette définition :
-Afin d’instaurer la confiance, l’entreprise a usé de références inexistantes.
-Elle a livré du matériel qui ne correspondait pas au cahier des charges convenus.
-Elle a empoché une partie de l’argent sans remplir sa part du contrat.
-Elle répond aux abonnés absents quand la mairie d’Andlau la relance.
Si poursuites judiciaires il y a, cela fera beaucoup de soupçons à dissiper pour Jean-Eudes Gannat et les personnes impliquées dans Comunotec.
N’étant pas juges et n’ayant pas le moins du monde l’intention de le devenir, nous vous laissons le loisir de savoir si dans ce cadre le susnommé Jean-Eudes Gannat « mérite », en plus du qualificatif de fasciste, celui d’escroc. Si ça peut vous aider à trancher, quelques synonymes populaires d’escroquerie permettent une approche moins judiciaire mais plus imagée: arnaque, duperie, magouille, crapulerie pour n’en citer que quelques-uns.
Quant à nous, notre opinion est faite. Et d’un point de vue politique, il y a belle lurette que l’extrême-droite n’est qu’un ramassis de malfaiteurs et d’escrocs. Jean-Eudes Gannat ne fait pas exception et l’hypocrite doit être mis au ban de la vie politique. C’est une bonne nouvelle que désormais personne ne puisse décemment accorder à sa parole le moindre crédit.