La Cocarde se présente aux élections étudiantes : 50 nuances de brun.

Du 6 au 8 février 2024 vont se tenir les élections pour nommer des représentant.es au sein des Crous. Si on peut questionner le poids réel de ces élu.es ce qui ne souffre pas de discussion c’est l’idéologie d’extrême droite qui anime la liste « La Cocarde Etudiante, l’alternative patriote » qui se présente dans le collège II (Maine-et-Loire, Mayenne, Sarthe) de l’académie. Nous vous proposons un rapide coup d’œil à sa composition afin de tomber le vernis de respectabilité d’un groupe qui de syndicat n’a que le nom tant il est nuisible à la vie étudiante.

Faux-départs, vrais boulets

Au préalable, soulignons la faiblesse de La Cocarde qui a tenté d’engager deux listes pour les élections au sein de l’Université d’Angers (des élections presque en parallèle à celles pour le Crous) : une pour le conseil d’administration, l’autre pour la commission de la formation et de la vie étudiante (secteur sciences et technologies). Les deux ont échoué pour vice de forme. Prenons la seconde pour le secteur sciences et technologies. Le « syndicat » n’a pas été en mesure de trouver assez d’étudiant.es inscrit.es de ce secteur conséquent. Incapable d’aligner plus de quatre noms, la Tocarde prouve qu’elle mérite son surnom. Mais cet avorton de liste permet de souligner un profil évocateur : Antoine Vray.

Ce militant nationaliste mayennais est connu pour avoir animé le compte instagram « Mayenne Royaliste ». Par le passé nous avons exhumé quelques posts de ce vaste bingo complotiste avec notamment des saillies climato-sceptiques ou encore antisémites.

Antoine Vray faisait aussi partie de « Mayenne protège son patrimoine » mobilisée début 2022 pour contrer la destruction programmée de l’église de La Baconnière (72). Le rassemblement organisé a été un flop retentissant : à peine trente militant.es, renforts des néo-fascistes de l’alvarium inclus. Les habitant.es et un rassemblement antifasciste ne se sont pas privés de leur intimer de déguerpir. Enfin, Antoine Vray a tenté avec Aurélien Flottes (aujourd’hui au Red et en attente de jugement pour les violences commises contre des personnes qui manifestaient pour Nahel) de relancer une Action Française en Anjou. Vainement là encore. Un CV étoffé et explicite.

Tous les dégoûts sont dans la nature

Sur la seule liste validée, en vue des élections au Crous, on retrouve Madeleine Beaussier. Cette franco-américaine éprise d’équitation et du milieu aristocratique s’est déjà présentée sur la liste de la Cocarde lors des dernières élections étudiantes. Après un échec patent (aucun élu.e et de 7 à 13 % des voix en fonction des collèges), la Cocarde s’est fendue d’une vidéo fort amusante où elle s’estime victime de diffamation et annonçait même avoir porté plainte. Le groupe de militant.es en carton mouillé rappelait être contraint de distribuer ses tracts sous protection de la sécurité de la fac. Les accointances de cette liste avec le RN sont évidentes avec des militant.es de la Cocarde encarté.es dans la section jeunesse du parti de Marine Le Pen. Cela ne les a pas empêché de se joindre à l’appel du Red pour la manifestation de récupération du meurtre de la jeune Lola.

Continuons avec Noémie Gauvrit, étudiante à l’Université Catholique de l’Ouest. De janvier à septembre 2023, elle a occupé la fonction de « chargée de communication interne au sein de l’antenne Sud-Loire Anjou » de SOS Calvaires. Pour faire bref, sous couvert de défense du patrimoine, cette association d’extrême droite restaure de petits édifices religieux dans un esprit de « reconquête » civilisationnelle. Nous avons beaucoup travaillé sur ce groupe « apolitique » florissant né en Anjou qui entretient et profite de la confusion ambiante.

Le Coursier n’est pas une flèche

La cerise sur le gâteau est sans conteste celui que l’on retrouve en tête de la liste de la Cocarde : Daniel Beaussier. Jusqu’à peu nous le connaissions sous le pseudonyme de Daniel Coursier. Dans un récent fil nous avons montré que ce responsable du soi-disant syndicat est un militant discret mais constant du milieu néo-fasciste angevin. Daniel Beaussier, puisque tel est son nom, était au lancement du Mouvement Chouan de Jean-Eudes Gannat, il a participé à des soirées dans le local désormais perdu de l’alvarium, rue du Cornet, il a aussi l’été dernier tenu une table de presse pour la Cocarde à l’université d’été d’Academia Christiana, mouvement national-catholique menacé de dissolution administrative. Une vraie girouette quand on sait qu’il a aussi traîné au RN49.

Surtout Daniel Beaussier est passé en procès dans l’affaire de la banderole anti-IVG et antisémite du Red. Un peu agité il a affirmé lors de l’audience que son « intention, c’est de défendre la vie avec un grand v majuscule ». Peu lui importe que cela se fasse au détriment des droits des femmes et en brandissant un slogan antisémite. La justice ne l’aura pas dédit puisqu’il a été relaxé. Toujours est-il que désormais on a un peu de mal à croire celui qui affirmait alors ne pas connaître la petite dizaine de personnes avec lui derrière la banderole. Sans compter que dans la salle, il pouvait compter sur la présence de soutiens comme Tanguy Eude, membre du groupe FTP plus connu pour l’antisémitisme de certains de ses titres que pour sa qualité musicale.

Une profession de crise de foi

Ces quelques profils éclairent la réalité de la Cocarde au-delà des discours de façade. Sa profession de foi leur ressemble, avec une tendance au grand écart idéologique. Comment la Cocarde peut-elle être à la fois parfaitement ultra-libérale et vouloir entamer une politique volontariste sur le logement étudiant ? Comment compte-t-elle demander une réduction drastique des impôts tout en engageant un plan de restauration des logements insalubres ? La Cocarde, c’est la défense de l’élitisme le plus violent.

Alors pourquoi se donnerait-elle la peine de lutter contre la précarité étudiante ? La Cocarde dit vouloir se battre pour le prix du repas au Crous à 2 euros. On rappelle à ces bourgeois.es repu.es que jusqu’à peu, suite au COVID, le repas à 1 euro avait été généralisé, et que la plupart des étudiant.es réclament son retour ? De toutes façons, avec la Cocarde quels que soient les développements de ses tracts tout ramène in fine à la « préférence nationale » et donc au tri des êtres humains. Alors quand elle ose parler de « justice sociale » il est utile de rappeler les mots de l’anthropologue et résistant Jean-Pierre Vernant à propos de l’extrême droite : « On ne discute pas recettes de cuisine avec des anthropophages ».

Le RAAF.

Ce contenu a été publié dans Divers, avec comme mot(s)-clé(s) , . Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.