Enquête sur l’écosystème de l’école « Saints Louis et Zélie Martin »

Quand l’entre-soi de la bourgeoisie mène au huis-clos violent et au séparatisme.

Nous rappelons souvent que l’antifascisme c’est l’affaire de toutes et tous, et cela s‘applique pleinement au travail d’enquête et de recherche sur l’extrême droite. Nous revendiquons d’effectuer un travail « par en bas » à hauteur de nos vies, avec les sources disponibles pour participer à notre manière à la vigilance collective. Pour autant nous n’opposons pas notre activité à celle des journalistes et l’enquête qui suit pourrait être l’amorce d’un travail plus poussé avec des moyens et un écho plus conséquents. Néanmoins les sources disponibles en ligne sont déjà révélatrices et nos conclusions solides. Les lignes qui suivent ne concernent pas à strictement parler l’extrême droite. Cependant, il nous semble crucial d’exposer les bricolages d’une bourgeoisie réactionnaire portée sur les leçons de morale qu’on surprend ici en flagrant délit de séparatisme et dans un grand mélange des genres. Une classe sociale qui par intérêt pave souvent la voie à l’extrême droite et ses idées.

Quand la violence s’exerce dans les salles de classe

En mai 2025, quatre enseignantes de l’école primaire catholique hors contrat Saints Louis et Zélie Martin de Bouchemaine (49) sont placées en garde à vue pour des soupçons de violences psychologiques et physiques sur une douzaine d’élèves. C’est près de la moitié de l’effectif enseignant de cet établissement qui accueille 160 élèves. L’enquête débouche sur la mise en examen de trois d’entre elles, la quatrième étant placée sous le statut de témoin assisté. Le procès est encore à venir sans qu’on en connaisse ici la date. Toutes les mises en cause ne sont pas accusées au même degré. Selon la presse, cela va des humiliations devant le tableau jusqu’aux fessées, aux coups de pieds et bousculades en passant par le scotch sur la bouche et les interdictions d’aller aux toilettes jusqu’à s’uriner dessus.

Des parrainages réactionnaires

Il est utile pour comprendre cette école de retracer sa genèse et qui l’administre. Fondé en 2004, ce qui n’est encore qu’un « cours », accueille quatre élèves mais les effectifs augmentent et la dépendance aménagée chez des parents devient exigue. Le tournant majeur pour l’école se joue en 2009 avec l’arrivée à la direction de Pauline Brancour (née de Lestrange) et de Raphaël de La Croix (par ailleurs animateur réac de RCF Anjou) à la tête du CA de l’Association de Parents Educateurs qui administre l’école. La première est l’épouse d’un adjoint fidèle du maire d’Angers Christophe Béchu, également vice-président du conseil régional : Roch Brancour. Ce conservateur rétrograde encarté chez Les Républicains est connu pour avoir adhéré à Sens Commun, émanation politique de la Manif pour tous. Il milite activement pour la fondation d’écoles hors-contrat. En bon fossoyeur de l’école publique, il faisait partie des fondateurs de l’association Le Gouvernail qui, en 2017, est à l’origine de l’antenne angevine du réseau Espérances Banlieues.

Copie du texte de la capture disponible au moment où nous mettons en ligne à cette adresse :
https://www.louisetzeliemartin.org/historique-de-creation/

En 2004, le Cours Louis et Zélie Martin, instruisait 4 élèves de CE2 et CM2, avec Mme Marot, répétitrice.
En 2019,  c’est 126 élèves qui investissent les locaux de l’école Saints Louis et Zélie Martin chaque jour, répartis en 7 classes de la Petite section au CM2 et guidés par 7 enseignantes.

Petit retour en arrière …

Lancé par des parents soucieux d’offrir une instruction de qualité et un enseignement spirituel à leurs enfants, le projet d’une école hors contrat mûrit petit à petit. Après de longs mois de discernement, d’hésitation les 4 couples fondateurs ouvrent le cours Louis et Zélie Martin.

2004 : pour sa première année, le cours Louis et Zélie Martin prend timidement en charge 4 élèves.

2005 : le Cours Louis et Zélie Martin acquiert le statut d’école et accueille 14 élèves. Une dépendance est aménagée chez des parents fondateurs. L’aventure commence… Les élèves sont répartis en 2 classes, du CP au-CM2.
Les parents fondateurs veillent, les maîtresses s’investissent pour le bonheur de tous.

2006 : quelques maternelles sont accueillis.

2008 : les époux Martin sont béatifiés à Lisieux, l’école devient l’école des bienheureux Louis et Zélie Martin.

2009 : nouvelle directrice, Pauline Brancour et nouveau président du conseil d’administration, Raphaël de La Croix.

2010 : le nombre d’élève augmente, il faut envisager un déménagement. Des parents et bienfaiteurs acquièrent, sous forme de SCI, les locaux d’un ancien centre de formation. De nouvelles perspectives s’ouvrent enfin… Les élèves s’impatientent, les maîtresses sont aux anges, les parents s’activent pendant les vacances pour le déménagement et les quelques travaux nécessaires de mise aux normes.

2011 : Comme une seconde naissance, la rentrée se fait dans les nouveaux locaux. De grandes classes lumineuses, de l’espace, une immense cour de récréation, c’est l’école à la campagne aux portes d’Angers. En septembre, 71 élèves font leur rentrée. Les classes sont dédoublées, chaque niveau a sa maîtresse de la grande section au CM2.

2015 : La petite section ouvre et l’école atteint son rythme de croisière avec 130 élèves de la petite section au CM2.

2016 : le 18 octobre, les époux Martin sont canonisés. L’école se nomme désormais avec fierté : l’école des saints Louis et Zélie Martin.
Copie de l’historique de l’école capturée sur son site par nos soins.

La généreuse SCI Saint-Joseph

Sans plus de précision, le site de l’école nous explique que cette nouvelle équipe est bien aidée par des philanthropes qui fondent une SCI pour acquérir et mettre à disposition de l’école un ancien centre de formation. Après quelques recherches on tombe sur la SCI Saint-Joseph dont l’étude des nombreux documents disponibles est la source principale de notre enquête. On apprend ainsi qu’en 2016, l’école paye le très modique loyer de 16008€/an pour presque 10000 m2 de terrain. Il faut dire que la SCI pèse la bagatelle de 477000€. Mais qui a abondé au capital ?

Extrait d’un procès-verbal d’assemblée générale de la SCI Saint-Joseph.

Le coup de pouce de la Fondation pour l’école

Parmi les personnes morales on retrouve évidemment l’Association de Parents Educateurs qui met 30000 euros au pot, mais aussi la Fondation pour l’école qui se retranche derrière un discours de neutralité pédagogique mais « soutient principalement une galaxie d’établissements hors contrat catholiques traditionalistes » comme le soulignait Basta !. Des établissements qui peuvent être liés à la Fraternité Saint-Pie-X ou encore l’Institut Croix-des-Vents qui a servi un temps d’appui au lancement d’Academia Christiana. Cette fondation apporte la bagatelle de 50000€ ce qui en dit long sur la capacité de financement de ces réseaux. Elle sera présente au capital de la SCI jusqu’en 2023.

L’apport et le patronage de l’abbé Huard

Mais le gros de l’apport est le fait d’un ecclésiaste cité en tête des compte-rendus d’assemblées générales de la SCI. Cette personne qui apporte 200000€ à la SCI est Hyacinthe Huard. Décédé en 2012, il est une personnalité publique locale connue car il est le fondateur de l’Ircom, une école centrée initialement sur la communication mais qui a diversifié ses formations. Surtout, après sa mort surgissent de nombreuses accusations d’agressions sexuelles dont certaines sur des mineures. Des faits pour lesquels il n’aura jamais à se justifier qui jettent une flétrissure indélébile sur cette SCI.

Entre-soi bourgeois

De nombreux autres bourgeois abondent à la SCI, ainsi le gérant Thibault Roche-Bruyn apporte 50000€. Notons que les époux Brancour sont des actionnaires de la première heure de la SCI. Année après année, les comptes-rendus d’AG évoquent les échanges d’actions de cette SCI entre gens aisés qui comptent parmi les notables de l’Anjou. En 2019 est accueilli au capital un certain Hugo Bony, directeur général des graines Voltz depuis la fin de l’année 2024, une entreprise cotée en bourse rappelons-le.

2025 : le choc de simplification

Fait notable, la liste des actionnaires s’est très considérablement réduite lors de l’AG mars 2025. L’Association de Parents Educateurs donne mandat à son président Thibault de Mas Latrie pour racheter 150 parts aux autres actionnaires de la SCI. Désormais les parts se répartissent entre l’héritière de l’abbé Huard (200 parts), un couple qui garde la portion congrue de deux parts, et le gérant (38 parts). L’Association de Parents Educateurs possède désormais 237 parts. La reprise de 150 parts dont la valeur unitaire est de 1000€ souligne la capacité d’une association visiblement fort bien pourvue. C’est à ce moment que, comme d’autres, les époux Brancour se séparent de leurs 24 actions.

Document disponible en ligne : https://www.pappers.fr/entreprise/saint-joseph-531536258

Roch Brancour, toujours prêt à donner un coup de main

Ce dernier a beaucoup œuvré localement pour la réussite le projet de Nuit du « bien commun » porté par le milliardaire d’extrême droite P.-E. Stérin. La Topette avait dévoilé, qu’en juin 2023, la ville d’Angers avait gracieusement mis à disposition les Greniers Saint-Jean, soit la plus prestigieuse des salles municipales. Est-ce grâce à l’entregent de l’adjoint Roch Brancour, présent ce soir-là en tant que représentant du conseil régional qui a lui débloqué une coquette subvention de 40000€ ? Il était encore une fois présent à l’édition de cette année « à titre personnel » et alors que son nom a opportunément été retiré du site de l’équipe locale qui chapeaute la soirée. Peut-être venait il soutenir d’un don l’association Au cœur des autres dont il nous faut parler pour compléter un peu plus l’écosystème de l’école Saints Louis et Zélie Martin ?

« Au cœur des autres » mais la main au porte-monnaie

Cette association, au bureau composé de six membres, lève des financements pour « Permettre la scolarisation d’enfants porteurs de handicap mental en milieu ordinaire dans des écoles, en finançant des AESH, du matériel adapté et en formant des enseignants pour accompagner plus d’enfants. » Noble idéal. Il faut se rendre sur sa page HelloAsso pour découvrir qu’elle « contribue à la récolte de dons pour […] qu’ils poursuivent leur scolarité au sein de l’école Louis et Zélie Martin. » L’équipe qui gère la Nuit du « bien commun » a donc en connaissance de cause sélectionné une association au service exclusif d’une école hors-contrat dont du personnel est actuellement mis en examen pour des violences physiques et psychologique graves sur une douzaine d’enfants. Une organisatrice va pourtant affirmer sans ciller « avoir appris dans la presse », les procédures judiciaires à l’encontre des enseignantes de l’école). Les garde-à-vues ont eu lieu en mai, or les lauréats de la sélection n’ont été annoncé qu’à la fin de l’été. Difficile de mentir plus mal.

Il reste beaucoup à dire sur cette école hors contrat et son/ses histoire.s. Par souci de lisibilité nous passons sous silence les entreprises partenaires à l’instar de charcutiers nationalistes bien connus. Nous ne gloserons pas non plus sur les frais de scolarité (2450€/an pour le premier enfant) où sur les méthodes d’enseignement rétrogrades. Il y aurait à dire des pages du site de l’école inaccessibles depuis les jours qui ont suivi le scandale et sur l’absence de communication transparente sur les faits. Il y a aurait à dire sur les membres passés sous silence des bureaux des associations citées ou de la SCI Saint-Joseph. Le procès apportera peut-être des réponses sur la dynamique interne vénéneuse qui a provoqué des faits aussi graves qui pour nous n’ont rien d’une « dérive ». Nous pensons qu’il est salutaire de montrer à quel point ce genre de projet séparatiste est voulu et porté par une bourgeoisie aux affaires, qu’elles soient commerciales mais aussi politiques. Cet agenda réactionnaire doit être étalé aux yeux de toutes et tous car en l’état ce sont des enfants qui en font les frais. Surtout que les projets de création ou d’extension d’établissements hors-contrats sont pléthores (Le Cours Bienheureux Charles d’Autriche va ainsi emménager dans de plus grands locaux près de la gare à Angers), il est urgent de mettre en lumière que des élu.e.s ne sont pas pour rien dans la facilité d’action dont disposent ces structures qui de facto agissent sciemment contre une quelconque forme de « bien commun ».

Le Raaf

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Les Blancs de l’ouest embauchent un néo-nazi

Voici un nouvel exemple sur les liens étroits entre le groupuscule d’extrême droite Red Angers et des entrepreneurs nationalistes qui ne parviennent plus à donner le change.

REDhibitoire

Le Red (Rassemblement des Etudiants de Droite) est à sa création un groupe estudiantin fondé par Jean-Eudes Gannat et Arthur de Vitton de Peyruis pendant leurs études de droit à Angers fin 2012. Un groupe au racisme et au sexisme décomplexés qui servira un temps de vivier à candidats pour le Front National 49. Le Red a défrayé la chronique en soutenant le gérant d’un Subway qui, à la Saint Valentin 2013, avait lancé une offre interdite aux couples homosexuels. Délaissée au lancement de l’alvarium la structure a été réactivée suite à sa dissolution administrative fin 2021. Mais le Red est une franchise en état de décomposition avancée. Les capos formés à l’alvarium se succèdent (Gaspard Beaumier, Aurélien Flottes) mais les troupes restent maigres et velléitaires. Et pour ce qui est de dégager une ligne et des objectifs politiques le néant le dispute au ridicule, prenons pour exemple leur sticker « Face aux couilles molles bandez RED ». Déliquescent, le groupuscule doit sa survie au prêt des locaux du Bazar, un ancien bar mis à disposition par son gérant Aloïs Haven.

La rentrée déclasse

Cette année 2025 a vu une rentrée tardive de la petite bande en plusieurs temps. Il y a eu un moment de cohésion en plein air avec presque uniquement des têtes connues : Tanguy Bernard, Félix Reybaud, Yanis Delmur l’anticommuniste primaire. Gabriel Tardiveau semble faire fonction de cadre et au passage arbore un tee-shirt faisant référence au « Kali Yuga », « l’âge sombre » de la mythologie hindoue. D’apparence anodine cette référence cryptique a été revisitée et appropriée par l’occultisme nazi, laissant entendre que nous vivrions une période qui attend une violence régénératrice faite de guerres et de génocides.

Miniatures des visages des militants nationalistes du Red.

Grande originalité enfin, le Red a tenu une soirée où Jean-Eudes Gannat est venu parler aux troupes. À ses côtés, un militant semble animer la soirée et dernièrement s’expose sur leurs réseaux sociaux. Abordons son profil militant et ses connexions.

À gauche le Red en soutien à Casapound, à droite conférence de Jean-Eudes Gannat. En couleur le militant dont on parle.

Marche funeste

Il était présent et visible sur les photos de la presse locale de la manifestation de la honte fin octobre 2022 quand, à rebours de la volonté de la famille, l’extrême droite s’était empressé de récupérer le meurtre de la jeune Lola à des fins racistes. Nous l’avons aussi retrouvé à des évènements du pseudo-institut de formation national-catholique Academia Christiana ou encore à une formation des suprémacistes de l’Institut Iliade fin 2024.

Surtout, un camarade nous a mis sous le nez qu’en 2023, avec d’autres membres du Red, il s’est donné la peine de voyager jusqu’à Sofia en Bulgarie pour participer à une manifestation. La « marche de Lukov » qui commémore le souvenir du collaborateur nazi Hrsto Lukov, abattu en 1943 par deux membres de la résistance bulgare : Ivan Burudzhiev et la communiste Violeta Yakova. L’événement est organisé par l’organisation néonazie Union nationale bulgare – Edelweiss (BNU). Voilà donc le désormais petit cadre du Red participant activement drapeau en main à un évènement européen néo-nazi bien documenté.

Le militant dont on parle aux côtés des tempes bien dégagées d’Aurélien Flottes.

Au passage soulignons que le Red tente fréquemment de s’extirper de son marasme local en s’exportant. Encore en 2023, sans doute lors d’un seul et même périple, Aurélien Flottes et le militant en question se présentaient à Budapest devant la Légion Hongroise. On se demande ce qu’ils ont pu inventer à part un mauvais exposé sur le 6 février 34 comme le suggère le visuel sur l’ordinateur.

Le Red en Hongrie.

Que le Red compte dans ses rangs des néo-nazi.e.s n’est pas une surprise, après tout son co-fondateur Jean-Eudes Gannat était cette année porte-parole du C9M qui n’a rien à « envier » à la marche de Lukov. Mais la présence de ce nouveau cadre du Red au sein d’une autre structure cette fois commerciale mérite d’être diffusée largement.

Des commerçants de proximité (avec l’extrême droite)

Bouchemaine, Chalonnes sont deux bourgs de l’Anjou au cadre de vie agréable. Mais depuis un moment les Blancs de l’ouest entreprise de charcutiers connus pour leur implication active dans l’alvarium et d’autres projets réactionnaires sont présents sur leurs marchés respectifs. L’entreprise est également installée dans les Halles gourmandes Biltoki en centre-ville d’Angers. Un projet voulu par le maire Christophe Béchu et rendu possible grâce à beaucoup d’argent public. Avec une politique tarifaire élevée c’est de facto un lieu de prédilection de la bourgeoisie avide d’entre-soi. L’équipe dirigeante fait face à une équation insoluble. En proie à une sous-occupation endémique des lieux qui sont déserts en semaine, elle a préféré faire corps avec les petits fascistes plutôt que d’accepter l’idée d’un stand vide de plus. Même si pour cela il faut piétiner la morale et relayer les éléments de langage des Blancs de l’ouest sur de soi-disant lointains engagements et autres foutaises. Cela ne résiste pas à l’examen des faits ce qui a provoqué un tollé durable. Mais pour que la mascarade soit crédible il faut y mettre un peu du sien. Or, voilà qu’en octobre, la personne embauchée pour tenir le stand des Blancs de l’ouest sur les marchés évoqués plus haut, n’est autre que le néo-nazi ambassadeur du Red.

Photo documentant la présence d’un néo-nazi derrière l’étal des Blancs de l’ouest sur le marché de Bouchemaine (49).

Allons-nous entendre que les néo-nazis seraient des commerçants comme les autres ? Que les équipes municipales sont impuissantes devant les lois du marché même si c’est celui avec un petit « m » de la place du village ? L’équipe des halles Biltoki bafouillera-t-elle encore qu’elle n’a « pas vocation à commenter ni juger les prises de position privées ou passées », sous-entendant que le nazisme n’est qu’une « opinion » ? Ne parlons pas du maire d’Angers, Christophe Béchu et sa sempiternelle rhétorique confuse de lutte contre « tous les extrêmes ». Sans doute est-il occupé à éclaircir les accointances de membres éminents de son parti avec la droite réactionnaire et l’extrême droite ?

Le Raaf.

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Les amis de Saint René Goupil : le renard de l’extrême droite est-il dans le poulailler du diocèse ?

Le « bien commun ». Cette expression connaît une forte diffusion dans la foulée des projets réactionnaires du milliardaire Pierre-Edouard Stérin. Un peu comme « enraciné » accolé à tout et n’importe quoi, voilà une formule de ralliement implicite pour l’ensemble des réacs et l’extrême droite francophone. En même temps la formule semble aimable et inoffensive pour les néophytes. Penchons-nous justement sur une association angevine, née en 2023, qui affirme agir pour le « bien commun » et a candidaté sans être retenue à l’édition 2025 de la Nuit du « bien commun » contre laquelle une mobilisation est en cours : « Les amis de Saint René Goupil », du nom d’un missionnaire catholique né à Saint-Martin-du-Bois, la commune où l’association mène son plus gros projet.

En terrain connu à défaut de conquis

L’association est lancée par trois laïcs de l’église catholique. Elle « a pour objet de soutenir toutes activités, associations, initiatives ayant pour objectif le bien commun dans les campagnes et les villages. Pour cela, elle ouvrira des maisons permettant de recevoir des hommes ou des femmes se « donnant » au service des proches […]. » Elle a acquis une maison dans le bourg de Saint-Martin-du-Bois, au nord d’Angers, non loin de Segré et du Lion d’Angers. Si vous avez l’habitude de nous lire ces lieux peuvent être évocateurs. En reflux à Angers, l’extrême droite radicale dirige le gros de son énergie vers les campagnes du Haut-Anjou. Une sorte de retour à la case départ pour beaucoup de militant.es qui y ont grandi et étudié et qui reviennent y vivre dans un réseau dense. La maison étant insalubre, le gros de l’activité de l’association consiste en des chantiers de rénovation avec pour objectif annoncé l’accueil d’une congrégation religieuse de femmes à l’horizon 2026.

Beaucoup de brebis galeuses

Mais certains bénévoles des amis de Saint René Goupil ont des profils qui n’ont rien de pacifique. Sur les vidéos peuvent être vus à l’ouvrage des débris de la milice néo-fasciste soi-disant dissoute alvarium : Côme Jullien de Pommerol condamné pour violences, porte-drapeau du C9M, agresseur en série, ou Jacques Fraval de Coatparquet passé par Le Red la continuation déclinante de l’alvarium. Les proches de l’ancienne milice fasciste suivent en nombre le compte Instagram de l’association. Au hasard, le charcutier Thibaut Cochin, Marie-Menehould « Menou » Gannat, son frère le caporal-chef Jean-Eudes, ou encore Martin Réveillard ou Arno Guibert (dit Danjou) aujourd’hui cadre des nationaux-catholiques d’Academia Christiana. De leur côté Les amis de Saint René Goupil suivent les pages de la Fraternité Saint-Vincent-Ferrier ou SOS Calvaires.


Côme Jullien de Pommerol sur un chantier des amis de Saint René Goupil.

Un Poupon comédien

Un autre militant nationaliste originaire du segréen prête en vidéo son visage à la promotion de l’association. Il s’agit de Baudoin Poupon, étudiant passé par une double licence histoire-droit à L’ICES, la très droitière université de la Roche-sur-Yon voulue par Philippe de Villiers. Il a été vice-président de Touche Pas à Ma Statue, collectif très maurrassien de défense du patrimoine (à la condition exclusive qu’il soit catholique), émanation quasi organique de l’Action Française vendéenne. Il a aussi, cela va sans dire, participé à des événements d’Academia Christiana. Pour plus d’infos, notamment sur la fulgurante et médiocre carrière de comédien de cette personne nous vous renvoyons vers le travail de nos camarades de Vendée.

Baudoin Poupon présente une vidéo des amis de Saint René Goupil.
Baudoin Poupon au mégaphone pour Touche pas à ma statue.
Capture de 2021 du Facebook de B. Poupon. On vous laisse analyser la partie ami.e.s avec attention.

Le bureau sent le moisi

Le bureau de l’association (voir les documents administratifs en fin d’article) sait bien à qui il s’adresse en faisant appel à Baudoin Poupon, car ce petit monde fraye dans les mêmes milieux. Les statuts recensent trois « membres fondateurs » : la fort bien nantie France (Juchault) des Jamonières (belle-sœur de François des Jamonières membre actuel du comité de soutien de la Nuit du « bien commun » à Angers), Louis Vadot-Renoul et Isabelle Crea. Le trio occupe de plein droit une place au sein d’un conseil d’administration composé de 3 à 6 personnes. La présidente Isabelle Crea gravite dans le réseau d’influence de l’école Notre-Dame d’Orveau, c’est ainsi une proche de Jacqueline Gannat. Bien sûr son neveu, Louis Vadot-Renoul, le vice-président, est passé sur les bancs de Notre-Dame d’Orveau. Ami de longue date de Jean-Eudes Gannat, il semble facilement prêter son nom et on le retrouve également à la présidence d’une association autrefois satellite de l’alvarium qui a été refondée cette année : Anjou Pèlerinage (voir les documents administratifs en fin d’article). L’autre membre du bureau d’Anjou Pèlerinage n’est autre que Stessy Gannat, épouse de François-Aubert Gannat, elle-même militante de l’alvarium. Cette association organise un pèlerinage annuel « sur les traces de Cathelineau », généralissime de l’Armée catholique et royale pendant la guerre de Vendée. Tout un programme. Mais revenons au bureau des amis de Saint René Goupil. Le trio fondateur est épaulé au secrétariat par Isabella Lécureuil, épouse de Charles Lécureuil, militant de l’alvarium qui dès 2017 prête son nom à l’association Nouveaux Sarments/Anjou Populaire la vitrine légale du groupuscule. Il est des voyages de groupe chez les néofascistes de CasaPound à Rome ou des défilés du tristement célèbre C9M. Bref, ce bureau représente la frange nationale-catholique qui a repris de la vivacité dans le sillage de la Manif pour tous et dont la frange la plus radicale a vomi le groupuscule néo-fasciste alvarium.

Le prêtre et la statue baladeuse

Vincent Artarit.

L’association est placée sous la direction de conscience du prêtre Vincent Artarit. Soutane noire, col romain, il apparait en vidéo pour appuyer le projet. Originaire de Vendée, prêtre depuis vingt ans, son sacerdoce l’a fait passer par beaucoup de paroisses de l’Anjou. Il a du parfois composer avec la fronde de ses propres paroissiens en butte à sa vision réactionnaire. Concrètement, lui et un autre prêtre avaient sorti d’un grenier une statue de Noël Pinot, un prêtre guillotiné en 1794. Ce symbole a minima rétrograde voire royaliste a déplu à des fidèles plein.e.s de malice qui à plusieurs reprises ont discrètement déplacé la statue vers le fond de l’église ou dos à l’assemblée. La statue baladeuse cristallisait un conflit larvé avec des paroissien.ne.s qui lui reprochaient son autoritarisme et sa vision tradi de l’exercice du culte.

La démonstration est limpide, Les amis de Saint René Goupil sont une énième association animée par l’extrême droite locale catho-tradi et nationaliste. Il n’est pas surprenant qu’elle agisse dans le Haut-Anjou qui est actuellement le bout de campagne où elle dispose de relais installés (Notre-Dame d’Orveau, SOS Calvaires, etc). Ce qui pose question c’est que dès le deuxième paragraphe de ses statuts, l’association affirme agir « Avec le soutien du diocèse ». De quelle nature est ce soutien ? Pour le moment le diocèse d’Angers n’a pas répondu à notre demande. Une partie du voile reste donc à lever.

Extrait des statuts des amis de Saint René Goupil.

Le Raaf.

Copie du bureau des amis de Saint René Goupil.
Suite du bureau des amis de Saint René Goupil.
Copie du bureau d’Anjou Pèlerinage.

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La virée de galerne du « Printemps de l’Ouest »


Retour à chaud sur le « Printemps de l’Ouest », évènement d’extrême droite radicale, porté par le Mouvement Chouan de Jean-Eudes Gannat, annoncé à Châteaubriant (44) et déplacé en catastrophe à Méral (53). Ce texte est l’occasion de mettre en lumière les affinités qui relient des branches de l’extrême droite qui font mine de s’ignorer. On évoquera donc des militant.e.s nationalistes-catholiques, des pseudo-chouan.ne.s contre-révolutionnaires mais aussi des membres du RN.

Une annonce ne fait pas le printemps

Capture du compte X du Mouvement Chouan annonçant la tenue d'un "Printemps de l'ouest" le 14 juin à Châteaubriant.
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En mai, le Mouvement Chouan du très raciste Jean-Eudes Gannat annonce, pour le 14 juin, la tenue d’un « Printemps de l’Ouest » autour de la célébration des feux de la Saint-Jean. Le lieu de l’évènement est situé sans précision vers Châteaubriant (44). L’inscription est obligatoire et payante. Il faut montrer patte blanche à ce qui ressemble dans sa présentation à une kermesse avec jeux, danses et feu de joie. Mais c’est surtout le point de rencontre de plusieurs groupes néo-fascistes et la perspective soporifique d’un discours de Jean-Eudes Gannat. Le Mouvement Chouan qui chapeaute l’évènement annonce la participation du RED (continuation déclinante de l’alvarium), de Des Tours et des Lys (37) dont le chef Alexandre Boumediene est aussi porte-parole du Mouvement Chouan, des indicateurs de police nazifiants de l’Oriflamme venu.e.s de Rennes, et enfin de la Ligue Ligérienne dont un cadre a récemment défrayé la chronique. La séquence qui suit cette annonce va s’avérer instructive. Ce qui est pensé comme une démonstration de force va tourner à la virée de galerne pour nos chouan.ne.s de pacotille.

Le vent se lève

L’annonce ne passe pas inaperçue du côté de Châteaubriant. Très vite une mobilisation antifasciste unitaire est annoncée. La mémoire traumatique des 27 communistes fusillés (dont le jeune Guy Môquet) le 22 octobre 1941 reste vive. De son côté la préfecture publie un arrêté d’interdiction du « printemps » (à partir de la page 62) le mercredi 11 juin. Les motivations puisent dans le marécage des ignominies dites et perpétrées par Gannat et sa milice, remontant jusqu’à des agressions perpétrées à Angers par l’alvarium en 2018. Des motivations copiées-collées de l’arrêté de dissolution administrative du groupuscule prononcée par le ministère de l’intérieur en novembre 2021, ce qui nous conforte dans l’idée que les poursuites pour reconstitution de ligue dissoute sont une fable et qu’il ne faut rien attendre de l’état en matière de combat contre l’extrême droite. Ainsi c’est la militante de l’alvarium Thérèse Beauvais qui apparaît dans une vidéo de promotion du « Printemps ». Dans l’arrêté d’autres considérations centrées sur Gannat reviennent sur des évènements récents comme sa conférence interdite à Vertou, à l’invitation de la Ligue Ligérienne en mars ou bien encore le rappel de ses obsessions racistes de fantasme du « Grand Remplacement ».

L’extrême droite à la niche (où plutôt au moulin)

Jean-Eudes Gannat publie une vidéo le soir même du 11 juin. Faisant semblant de croire que l’arrêté n’interdit pas son évènement, il bombe le torse sous sa chemise vichy et sous-entend qu’avec ou sans accord de la préfecture son « printemps » se tiendra à l’endroit initialement prévu. Comme souvent son argumentaire est confus et bourré de sophismes, mélangeant une fête païenne avec des considérations chrétiennes, évoquant une inoffensive occasion de se réunir mais soulignant l’importance du discours politique qu’il prononcera. Malgré ses vitupérations et un délai confortable pour réagir, aucune contestation n’est portée devant le tribunal administratif de Nantes. La veille de l’évènement, dans une interview au media d’extrême droite Breizh Info, le ton reste martial mais ne masque pas la reculade. La journée « est interdite par les autorités à Châteaubriant, donc nous allons la maintenir, mais ailleurs, à une trentaine de minutes. L’adresse ne sera communiquée qu’aux inscrits et le programme s’en trouve un peu chamboulé » dixit un Gannat défait. Dans son délire de persécution, il a déjà auparavant annoncé passer au crible la liste des inscrit.e.s. Tout profil inconnu écarté, la fête prévue va ressembler à une triste réunion de famille toxique. Fin du premier acte, Châteaubriant ne sera pas souillée.

Le printemps remisé au hangar

Celles et ceux qui suivent l’extrême droite dans l’ouest comprennent vite que c’est au Moulin de la Place, sur la commune de Méral (en Mayenne à 50 minutes de voiture au nord-est de Châteaubriant) que l’évènement va être déplacé. Une évidence parce que d’un point de vue logistique il fait partie des rares endroits adaptés et que d’un point de vue idéologique la proximité est avérée. Le lieu a plusieurs fois été mis à la disposition d’Academia Christiana pour son Oktoberfest ou justement des feux de la Saint-Jean. D’autres évènements réactionnaires confidentiels comme la fête du livre de l’association Nos Chères Provinces ont pu se tenir par le passé dans et autour d’un hangar agricole aménagé pour ce genre d’évènements. L’endroit, spacieux mais vétuste et rustique, est connu localement comme un « repaire de chouans ». L’accueil du Mouvement du même nom pataugeant dans sa petite virée de Galerne est donc une évidence toute consanguine.

Capture du compte insta de Jean-Eudes Gannat où des chaises sont installées dans un hangar du Moulin de la Place en vue de son discours. Au fond on voit les drapeaux des groupes fascistes présents.
Capture de l’insta de Jean-Eudes Gannat montrant l’installation du « Printemps de l’ouest » au Moulin de la Place.

Un souvenir flou

Ce repli invite à dénouer les affinités des acteurs en présence. Le Moulin de la Place, à Méral, est le domicile des frères Alain-Jean (parfois réduit uniquement à Alain) et Charles-Eric (idem et réduit à Charles) Rousseau. Le premier exerce en tant qu’agriculteur. Le second, juriste, est surtout connu pour être le président de l’Association du Souvenir de la Chouannerie du Maine, un temps domiciliée sur place. Le nom de l’association est tout un programme en soi et ses buts éloignés de la rigueur historique. Ses activités tournent autour de commémorations d’évènements ou d’acteurs de la contre-révolution, ponctuées de messes données par des traditionalistes comme la Fraternité St-Vincent-Ferrier à Chémeré-le-Roi connue pour ses interventions dans les locaux de l’alvarium. Fondée en 1979, elle édite un bulletin, organise des dîners avec pour temps fort une journée du souvenir en août. Sous sa forme actuelle elle résulte de la fusion en 2012 de l’Association du Souvenir de la Chouannerie de Mayenne et de la Chouannerie de la Sarthe pour prendre le nom d’Association du Souvenir de la Chouannerie du Maine.

Les chouan.ne.s du RN

Le dernier bureau en date disponible de l’Association du Souvenir de la Chouannerie en Maine a été déposé en janvier 2018 (pour faciliter la lecture les captures du bureau ont été mises tout en bas de cet article) et depuis l’équipe de direction assez âgée a perdu au moins un de ses membres. Soulignons qu’on trouve dans ce bureau des personnes qui a un moment ou l’autre de leurs parcours ont représenté le FN puis le RN de la Mayenne. Paul Le Morvan a ainsi candidaté pour le Front National en 2010 aux côtés d’une autre administratrice de l’association, Marie-Alix Le Comte. Il était à l’époque secrétaire du parti en Mayenne et dispose toujours de sa petite fiche sur l’actuel site du RN. Tous deux côtoient un ancien colonel de gendarmerie : Jean-Michel Cadenas, un personnage pas avare de dingueries. À la tête de la fédération mayennaise il a été poussé vers la sortie en 2024 suite à la campagne législative calamiteuse du RN qui a présenté une ex-preneuse d’otage ou une candidate qui a déclaré avoir « comme ophtalmo un juif « . Il est récemment passé du côté de Reconquête. Il y a beaucoup à dire sur les autres membres du bureau, peut-être aurons nous la force de sonder leurs pedigrees mais revenons plutôt aux liens anciens qui ont permis aux néo-fascistes de faire retraite chez les chouan.ne.s.

Fiche de Paul Le Morvan sur le site du RN, Capture réailsée le 16 juin 2025.
Fiche de Paul Le Morvan sur le site du RN, Capture réailsée le 16 juin 2025.

Le prêt d’une grange après celui d’un appartement à Angers ?

Les angevin.e.s se souviennent que l’alvarium avait ouvert son premier local en janvier 2018 (à peu près quand l’association présentée plus haut déposait son bureau), aux abords immédiats du quartier populaire de Savary. Cela avait surpris (à juste titre car sous la pression il fermera en moins d’une année) et rétrospectivement il semble que cela relève de l’opportunisme plus que du choix. En effet, la recherche de propriété de la parcelle de l’appartement du rez-de-chaussée du 85 avenue Pasteur nous a révélé qu’il appartient en indivision à deux frères. Alain et Charles Rousseau. Encore eux. De 2018, et l’implantation d’un local néo-fasciste à Angers, au Printemps de l’ouest qui en 2025 échoue à Méral, on se représente désormais la connivence étroite entre Jean-Eudes Gannat et sa clique et les frères Rousseau. Plus qu’un lieu de perpétuation du folklore chouan Le Moulin de la Place est sans conteste une base arrière de tout un pan de l’extrême droite de l’ouest de la France. Et comme on peut le constater en étudiant rapidement ce panier de crabes, l’ombre du RN n’est jamais loin. La distinction entre une extrême droite respectable et notabilisée et une soi-disant « ultra droite » hors les murs n’a pas de sens. Qu’elles que soient les affinités les réseaux sont profondément imbriqués et la circulation et les trajectoires des militant.e.s se jouent de ces catégories inopérantes qui tendent à diaboliser les un.es et normaliser les autres alors que tout démontre une grande porosité.

Capture du relevé de propriété du 85 avenue Pasteur à Angers
Capture du relevé de propriété du 85 avenue Pasteur à Angers

Savourons. L’extrême droite recule quand on s’en donne les moyens. Les néo-fascistes n’ont pas été en mesure de tenir leur évènement autour de Châteaubriant et la petite ville accueille sous le soleil une mobilisation réussie de 400 personnes, le samedi, du côté de la mairie. Bravo aux habitant.e.s de Châteaubriant pour leur réaction collective rapide et déterminée, prendre le mal à la racine est crucial pour éviter des implantations durables. Le « printemps » annoncé a déclenché un accueil glacial et il aura fallu moins d’une semaine pour que le projet ne vire à la débandade en catimini. La lutte paie et mettre à jour les réseaux d’extrême droite c’est se donner les moyens de mieux savoir où appuyer pour les désorganiser et mieux les contrer à l’avenir.

Le RAAF.

Copie d’éléments du dernier bureau déposé en préfecture de l’Association du Souvenir de la Chouannerie du Maine en date de janvier 2018.

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Ce qui se cache derrière l’UNI Angers

Un « syndicat » au service d’une idéologie réactionnaire

Si l’UNI tente de se donner une image de syndicat universitaire de droite proprette et modérée, il s’agit ici de démontrer que la section d’Angers de l’UNI n’a que faire de l’amélioration des conditions d’études de l’immense majorité des étudiant.e.s. L’antenne se place dans la droite ligne de l’idéologie originelle de l’UNI. Si leur cible a évoluée avec le contexte politique et historique, passant de la menace rouge à l’islamogauchisme, leur but reste le même : produire et diffuser un discours réactionnaire au sein de l’université d’Angers et tenter d’empêcher toutes tentatives d’expressions émancipatrices, le tout en avec le soutien de figures politiques ou institutionnelles idéologiquement compatibles.

L’UNI Angers et son activité politique

Rappelons d’abord que les étudiant.e.s de l’université d’Angers dans leur grande majorité sont hostiles ou indifférent.e.s à l’UNI. Aux élections étudiantes de janvier 2024, l’UNI n’a remporté qu’un seul siège sur six au conseil d’administration (avec 16,3 % de participation) et deux sièges sur seize à la Commission de la Formation et de la Vie Universitaire (avec 15,5 % de participation).

Dans un pays où les étudiant.e.s font la queue aux banques alimentaires et ont du mal à trouver un logement décent, dans un système universitaires où les étudiant.e.s étrangers sont stigmatisé.e.s suivant leur pays d’origine, où les frais de scolarité différenciés transpirent le racisme institutionnel, les ultras minoritaires de l’UNI reste évidemment silencieux/ses.

Ce syndicat qui n’en porte que le nom n’a que faire des conditions de vie et d’étude de la majorité des étudiant.e.s. Il ne retrouve sa langue que lorsqu’il s’agit de reprendre les mots d’ordre de la droite la plus extrême. Islamogauchisme, wokisme, doxa universitaire, cancel culture : tout y passe quand il s’agit de se victimiser et de présenter l’autre comme un.e ennemi.e dangereux/ses et dispensable dans leurs tracts ou leurs affiches. L’autre ce sont les musulman.e.s, les femmes, les étranger.e.s ou assimilé.e.s comme tel.le.s, les lgbtqi+, les militant.e.s de gauche. Leur agenda est clair : faire peur, diviser, rejeter. En chœur avec toute l’extrême droite, en septembre 2024, iels ont instrumentalisé l’horrible assassinat de Philippine. Non pas tellement parce que le sort des femmes leur importe mais parce que l’accusé est pour elleux un étranger.

Collage raciste de l’UNI se servant de la mort de Philippine

Dans une optique « anti-subversive » assumée, la branche angevine de l’UNI a aussi multiplié les efforts pour faire annuler des événements perçus comme de gauche ou « woke ». Iels ont par exemple essayé de faire annuler des dragshows prévu dans l’enceinte de l’Université d’Angers sans succès. Par contre, en avril 2024, conjointement avec d’autres réacs, iels ont obtenu l’annulation d’une fête antifasciste qui devait se dérouler dans des locaux de l’université. Il n’aura fallu que quelques tweets, relayés par des figures politiques locales comme la député LR Anne-Laure Blin et certains groupuscules d’extrême-droite pour que l’université cède lâchement et décide d’annuler l’événement.

Quand certain.e.s organisent une fête antifasciste, l’UNI demande naturellement son annulation avec le soutient de personnalité politique comme Anne-Laure Blin.
Communiqué sur le site officiel de la député LR Anne-Laure Blin qui s’oppose à la fête antifasciste prévue à l’université

Ultra-minoritaire, raciste, sexiste, lgbtqiphobe et victimaire dans sa communication officielle et ses activités militantes, l’UNI Angers ne cache pas ses accointances idéologiques avec la droite la plus extrême. Lorsque le « syndicat » a besoin de se réunir il choisi naturellement le bar Les Variétés. Un lieu dernièrement très connoté politiquement accueillant aussi bien le RN, le RNJ, Ultime Rempart, SOS Calvaires et Canto (Ex-chantons). Coïncidence ?

Plusieurs organisations ou collectifs d’extrême droite se rassemblent au bar Les Variétés


Enfin pour se former, début 2025, des militant.e.s de l’UNI Angers assistent aux formations dispensées par l’IFP. Quelques intervenants suffisent à cerner les objectifs très orientés de cet Institut de Formation Politique : Thaïs d’Escuffon, Jordan Bardella, Eric Ciotti, Jean-Yves Le Gallou, Marion Maréchal… Si cela ne vous suffit pas comme preuve que cet institut a pour objectif de former des cadres d’extrême droite, il suffit d’écouter Alexandre Pesey, le directeur et co-fondateur de l’institut lorsqu’il parle de la jeunesse d’aujourd’hui comme d’une «  génération des déconstructeurs porteurs d’interventionnisme, de relativisme moral et de multiculturalisme » qu’il voudrait remplacer par une « jeunesse engagée pour participer [au] redressement [de la France] ».

Anaëlle Chaussivert de dos, Arthur Mazier de Montbrillant avec ses lunettes et Louis Barberot à sa droite


Le pedigree de ses membres

Rappelons que derrière l’agenda politique il y a les militant.e.s. En observant les apparitions publiques de l’UNI sur leurs réseaux sociaux on peut facilement dégager les membres les plus actifs.

Anaëlle Chaussivert au centre, Louis Barberot tout à droite et Arthur Mazier de Montbrillant tout à gauche

Tout d’abord Anaëlle Chaussivert, tête de liste de la section d’Angers, présente lors de nombreux tractages de l’UNI et prêtant même main forte à d’autres sections comme celle du Mans très récemment. Elle a été candidate aux dernières législatives sous la bannière Les Républicains (LR), rassemblant 5000 voix pour 100.000 inscrits.

Le lien entre LR et la section UNI d’Angers ne se limite pas à cela, iels sont présent.e.s en nombre à des apparition publiques d’Anne-Laure Blin : députée LR du Maine-et-Loire et ancienne militante de l’UNI. Tout comme son parti, elle surfe sur une idéologie de plus en plus marquée à l’extrême droite. Choix électoraliste, réelle conviction ou un peu des deux, Anne-Laure Blin c’est par exemple le soutien à une proposition de loi visant à empêcher le mariage d’un étranger soumis à une OQTF. Anne-Laure Blin c’est aussi, dans une question au gouvernement, la dénonciation d’universités qui n’auraient pas encore augmenté leurs frais de scolarité pour les étranger.e.s. C’est le refus de faire rentrer l’IVG dans la constitution. C’est la demande d’interdiction du voile à l’université. Comment la différencier du RN ? On se le demande.

Anne-Laure Blin en bas à gauche prend la pose avec l’UNI Angers, directement à sa gauche on reconnaît Guillaume d’Espinose de Lacaillerie.

Pour illustrer les liens directs de l’UNI avec l’extrême droite on peut aborder le cas de Louis Barberot. Militant génération Z lors des dernières élections il sera identifié le 5 avril dernier pendant un tractage en soutient à Marine Le Pen condamnée pour avoir tapé plus de 4 millions d’euros dans les caisses de l’Europe. Plus téméraire lorsqu’il s’agit d’arracher des banderoles d’étudiant.e.s en lutte quand personne n’est là pour l’en empêcher, il fuira lâchement face à des antifascistes souhaitant discuter du contenu de ses tracts.

Louis Barberot arrache une banderole d’étudiant.e.s en lutte lorsque tout le monde est parti
Louis Barberot à droite avec sa bandoulière en plein tractage pour le RN49

Mais les liens ne se limitent pas aux partis de droite et d’extrême droite. Paul Caron, autre militant de l’UNI Angers, affiche fièrement son adhésion à Ultime Rempart sur ses réseaux sociaux. Groupuscule de défense d’un patrimoine français fantasmé avec un nom à connotation guerrière, Ultime Rempart est une organisation réactionnaire qui n’a aucun problème à recevoir le soutien des plus violents parmi les fascistes angevins. Sur des images récentes on peut voir Côme Jullien de Pommerol en tête de cortège lors d’une manifestation organisé par UR. On le retrouve aussi avec Aurélien Flottes et Daniel Beaussier dans une réunion d’UR organisée au Mans. Tous trois on été des membres actifs de l’Alvarium avant sa dissolution et agissent toujours dans d’autres faux-nez de cette milice.

Guillaume d’Espinose de Lacaillerie et Arthur Mazier De Montbrillant, deux autres militants actifs de l’UNI, seront eux-aussi repérés à des réunions et des actions organisées par Ultime Rempart. Sur son réseau Instagram ce dernier est abonné, en plus d’UR, au RED, à la Cocarde, au RN49 et au RNJ49. Qui peut douter de son orientation politique ?

Un fascisme à peine voilé

En résumé, l’UNI est un pseudo syndicat étudiant, un aiguillon de la droite extrême dans les instances universitaires qui ne cherche qu’à diffuser une idéologie raciste, sexiste, lgbtqiphobe pour s’opposer aux tentatives de luttes émancipatrices des étudiant.e.s en lutte au sein de l’Université d’Angers. Le tout avec le soutien d’une droite que plus grand-chose ne distingue de l’extrême droite et qui a pu parfois profiter de la faiblesse d’une direction d’université qui lui a cédé à la première turbulence. Ses cadres se forment dans des instituts d’extrême-droite et militent à l’occasion main dans la main avec les militants néo-fascistes les plus violents. L’UNI n’est pas un syndicat, elle se moque éperdument des intérêts du plus grand nombre des étudiant.e.s. et n’est sensible qu’aux intérêts d’une frange xénophobe et raciste de la bourgeoisie dont elle est le plus souvent issue. Ne soyons pas dupes des apparences de respectabilité et de soi-disant modération. Tout comme la Cocarde, l’UNI est l’ennemie des étudiant.e.s : Ne leur lâchons pas un centimètre de terrain.

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Tout changer pour que rien ne change

Sur les rapports d’Academia Christiana et la nouvelle Association Culturelle d’Education Intégrale (Acei)

Les nationaux-catholiques d’Academia Christiana se restructurent et redéploient leurs activités. En plus de l’organisation d’évènements à destination de la jeunesse, avec pour temps fort les universités d’été, 2024 a vu le lancement de deux nouveaux projets : Communitas Christiana et Familia Christiana. Le premier est « un label visant à soutenir et parrainer des communautés locales engagées », bref une tentative d’implanter des groupes locaux franchisés pour le moment à Toulouse et Paris. Le second vise « à accompagner les familles dans l’éducation de leurs enfants et la création de réseaux d’entraide », projet dont la réalité reste vague. Pour cela le mouvement se place désormais sous la houlette d’une association ad hoc : l’Association Culturelle d’Education Intégrale (Acei) lancée le 24 septembre 2024 à Paris. L’«ACEI a repris et enrichi les missions d’Academia Christiana […]. En héritant de son nom et de son logo, l’ACEI inscrit cette dynamique dans une perspective élargie. » Intéressons-nous au bureau de cette association, le parcours de ses membres en dit long sur la continuité militante derrière l’enfumage de la nouveauté. Enfin essayons de comprendre les buts et les raisons de ces manœuvres administratives.

Plusieurs couplets, toujours la même rengaine

À première vue l’objet de l’Acei est assez attendu : « proposer des activités éducatives à destination de la jeunesse, un soutien aux familles dans l’éducation, ainsi que la promotion et la diffusion de la culture française. ». Rien de neuf pour qui suit les obsessions déclinistes d’Academia Christiana. Idem pour les matières employées pour atteindre ce but : philosophie politique, science politique, histoire, anthropologie, droit, art et histoire du patrimoine national, savoir-faire manuels, sport, tout y passe. On reste dans le programme habituel des universités d’été d’Academia Christiana qui, plutôt que des militant.e.s de terrain, cherche à former les futur.e.s cadres d’une jeunesse nationaliste et catholique traditionaliste. Une mission portée depuis dix ans qui peine à porter ses fruits. Les universités semblent aussi être un objet de pure consommation pour une large part de la jeunesse bien née qui y assiste.

De la verticalité…

Coincée dans un enseignement basé sur une verticalité descendante maître-élève, l’équipe d’Academia Christiana cherche néanmoins à sortir des grandes salles de cours, par exemple avec l’invitation à la dernière université des très maurrassiens SOS Calvaires pour le montage ex nihilo d’un calvaire. Une timide approche du domaine du sensible moins éthérée que les habituelles conférences en chaire. Cette piste se retrouve donc dans les statuts de l’Acei : « des activités de restauration d’édifices dans le but de contribuer à la sauvegarde, la conservation et la mise en valeur de biens mobiliers ou immobiliers appartenant au patrimoine artistique national, régional ou local. » On sent des vélléités d’explorer des moyens de toucher une autre audience et sortir de l’entre-soi bourgeois : « fêtes, bals, banquets, chantiers, olympiades, randonnées ». Néanmoins on comprend aussi que si tous les moyens sont bons, la méthode reste arcboutée sur la même pédagogie réactionnaire. Parfois à les lire on se dit que leur modèle c’est une scolastique médiévale mal comprise à base de ruminations des grands anciens et très déconnectée du réel.

…Et de la hiérarchie

Comme on est à l’extrême droite, la hiérarchie ça compte et dans l’association tous les adhérent.e.s ne sont évidemment pas sur un pied d’égalité : membres d’honneur, membres bienfaiteurs, membres adhérents, membres actifs. La générosité permet de monter les barreaux de l’échelle. L’association est dirigée par un conseil d’administration qui comprend de 2 à 12 personnes selon les statuts. La hiérarchie n’a pas été bousculée et c’est Victor Aubert qui en même temps que la fonction de directeur de publication du site internet endosse la fonction centrale de directeur général. Le voilà bien installé pour garder le contrôle du jouet qu’il a fabriqué en 2013 avec Julien Langella un des fondateurs de Génération Identitaire.

Victor risque surtout de subir un gros rhume à traîner sous l’orage en habits du dimanche.

La présidence de l’association incombe à Arno Guibert qui évolue dans le monde nationaliste sous le pseudo d’Arnaud Danjou. Très investi dans Academia Christiana dont il peut parfois se faire porte-parole, ce jeune trentenaire a déjà un CV militant explicite. Comme son chef, il a eu une belle casquette de directeur général de La Nouvelle Librairie, projet nationaliste désormais à l’arrêt. Ce très proche de l’alvarium et ami de Jean-Eudes Gannat a aussi le sens des affaires puisqu’en 2018 il a été directeur général (un titre prisé semble-t-il) du restaurant le Mareyeur, un lieu plébiscité par l’extrême droite qu’elle vive ou soit de passage à Paris.

Arno Guibert quand l’alvarium utilisait un slogan de Mao qui ne s’est pas réalisé.

Le poste de trésorier est dévolu à Pierre Bartnig, une personne que l’on retrouve moins souvent dans la lumière des projecteurs, peut-être pour ménager sa respectabilité de directeur d’agence d’intérim du côté de Laval. Mais on ne se trouve pas dans les petits papiers d’Academia Christiana par hasard et on découvre sa trace dans un arrêté d’interdiction de manifester de décembre 2023. Il avait déposé une manifestation à Laval avec pour revendications : « expulsion immédiate des OQTF, Justice pour Thomas, reconnaissance de motif de racisme anti-blanc, déchéance automatique de nationalité pour les assassins binationaux, fin immédiate de l’immigration ». Bref le bingo raciste habituel de l’extrême droite radicale qui instrumentalise les crimes de sang.

Extrait de l’arrêté d’interdiction de la manifestation d’extrême droite déposée à Laval. Publication du 8 décembre 2023.

Enfin le poste de secrétaire échoit à Stessy Hupont qui utilise parfois son nom de jeune fille, moins connoté que celui qu’elle a épousé en même temps qu’un certain François-Aubert Gannat connu pour sa violence et son racisme. Militante convaincue de l’alvarium son nom est un temps associé à la reprise très politique du Café des Sports au Lion d’Angers, au 41 rue du Général Leclerc. Elle s’occupe aussi bénévolement de la gestion courante de l’association Urgence Humanitaire escroquerie que nous avions en son temps dévoilée et dont les « missions » reposent presque exclusivement sur l’engagement du néo-nazi Xavier Maire qui a fait d’Angers sa base arrière.

Feinte c’est l’anagramme de fiente

Malgré des ambitions de nouveauté l’Acei repose toujours sur les « vieux » réseaux d’Academia Christiana et les noms évoqués montrent que son centre de gravité reste l’ouest de la France, là où le projet est né. Mais alors pourquoi tant d’énergie à ne presque rien changer ? On peut avancer quelques pistes explicatives d’un tel remaniement administratif. La plus évidente est imputable à la dissolution d’Academia Christiana évoquée en décembre 2023 par Gérald Darmanin alors ministre de l’Intérieur. Une menace sans suite effective mais qui aura permis à Academia Christiana de couiner pour remplir ses caisses et de prendre acte de sa fragilité. Plus personne n’est dupe de ce qui se trame derrière la façade du soi-disant institut de formation et l’antisémitisme qui y règne a failli lui coûter cher une fois étalé en place publique. Même si la feinte est grossière, une nouvelle association, un nouveau nom, une nouvelle organisation, c’est l’espoir de consolider sa défense juridique face à une vraie procédure de dissolution administrative. Procédure assez improbable sous l’ère Retailleau. En même temps cela permet à Victor Aubert et consorts de mettre un peu de côté l’étiquette Academia Christiana qui sent le cramé, les nationalistes savent bien qu’avancer masqué.e.s leur ouvre plus d’opportunités (ne serait-ce que pour louer des lieux), alors quoi de plus avenant qu’une association qui œuvre pour « l’ éducation » ? Il n’empêche que d’Academia Christiana, l’Acei a bien hérité de cette indigente conception d’extrême droite d’un « bien commun » qui ne s’adresse pas à tou.te.s et qui veut en exclure beaucoup.

Extrait du PV de déclaration en préfecture qui a servi de matériau à la rédaction de cet article.

Le Raaf.

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Nouvelle menace fasciste à Chalonnes-sur-Loire

Nous relayons un texte des camarades ligérien.ne.s qui se mobilisent à nouveau contre la tentative d’implantation d’une entreprise nationaliste sur la commune de Chalonnes-sur-Loire.

En ce premier jour d’hiver, l’ambiance est fébrile sur le marché du samedi matin à Chalonnes-sur-Loire. En effet voilà trois samedis de suite que les Blancs de l’Ouest viennent vendre leurs charcuteries depuis leur ferme située à Ombrée en Anjou, dans le segréen, à une heure de route de Chalonnes.

Cette entreprise est constituée des frères Benoît-Joseph et Thibaut Cochin, tous deux anciens membres de l’alvarium, organisation néofasciste angevine dissoute pour incitation à la haine raciale et implication dans des faits de violence. Cette dissolution par décret en novembre 2021, a été confirmée par le conseil d’état en 2023. L’entreprise compte également le beau-frère des frères Cochin, Pierre-Antoine Reveillard, marié à Marie-Victoire Cochin, et lui aussi proche de Jean-Eudes Gannat, fondateur de l’alvarium.

Les Blancs de l’Ouest ont déjà créé la controverse depuis que les Halles Biltoki d’Angers ont décidé de les héberger dès leur ouverture. Plusieurs manifestations et échauffourées ont eu lieu autour des Halles et du stand des charcutiers en chemises brunes.

Déjà en mai 2023, une polémique avait éclaté autour de la venue de la Flamme Angevine, entreprise de restauration ambulante, créée et dirigée par Jean-Eudes Gannat. L’association organisatrice de la Fête des Vins de Chalonnes avait préféré annuler purement et simplement sa manifestation plutôt que d’exclure la Flamme Angevine, privant les Chalonnais.es d’une fête qui leur est chère. Par leur présence sur les marchés hebdomadaires les Blancs de l’Ouest, proches de l’extrême droite la plus dure, raciste, sexiste, LGBT-phobe et violente, tentent d’intégrer une nouvelle fois les terres chalonnaises.

Depuis quelques semaines le scénario est récurrent. Cette entreprise est désapprouvée et les citoyen.n.es le font savoir diversement. Que ce soit le mardi ou le samedi, le salarié des Blancs de l’Ouest appelle la gendarmerie pour se plaindre pour n’importe quel prétexte. Promptement le marché a droit à sa patrouille. Des contrôles d’identités abusifs et des discussions véhémentes se forment aux abords du marché. Un samedi, Pierre-Antoine Réveillard joue les gros bras devant la bétaillère des Blancs de l’Ouest. Cette présence des forces de l’ordre et l’ambiance délétère ne participe pas à l’attractivité du marché, et à la bonne ambiance qui y règne d’habitude, surtout en cette période de fêtes où les clients affluent pour faire leurs courses.

Cerise sur le gâteau, devinez qui avons-nous vu se promener dans les rues du marché, ce samedi, faisant ses emplettes, entre autres chez les Blancs de l’Ouest ?

Un ancien gendarme radié début 2024, mis en examen pour trafic d’armes ?

Propriétaire d’un exemplaire de Mein Kampf découvert au cours d’une perquisition chez lui ?

Un grand admirateur de Pétain ?

M Jean-Philippe Chamaillet en personne, attablé pendant une bonne heure en terrasse avec le stand des Blancs de l’Ouest bien en vue. M Chamaillet, également vice président de l’association organisatrice de la Fête Des Vins, s’invite dans cette nouvelle tentative d’infiltration de l’extrême droite la plus raciste et brutale dans les campagnes.

Nous ne sommes pas dupes, si les Blancs de l’Ouest viennent à Chalonnes ce n’est pas pour des raisons commerciales mais par provocation. La famille Cochin-Réveillard sait bien qu’elle n’est pas la bienvenue. Ils ne peuvent pas ignorer qu’ils ne seront pas bien accueillis. Des chalonnais.es se sont opposé.e.s à la venue des néofascistes une première fois, et malgré tout, ils tentent de revenir six mois plus tard.

Ces entreprises ne sont pas des entreprises comme les autres. Elles servent de couverture à la diffusion d’idées violentes, antidémocratiques, racistes, LGBTQ-phobes. Elles participent à banalisation du fascisme et à sa dédiabolisation.

Le scandale généré par la présence des Blancs de l’Ouest pourrait s’éteindre très facilement en les excluant rapidement. Leur désir d’implantation à Chalonnes, alors qu’ils avaient déjà un marché à la Guerche-de-Bretagne le mardi, laisse penser qu’ils ont peut être une intention déguisée, celle de se faire inviter à l’édition 2025 de la Fête Des Vins, sous le parrainage de Jean-Philippe Chamaillet.

Ce serait une terrible erreur qu’ils puissent être invités en dépit du scandale qui ne manquerait pas d’arriver. Aucun.e.s Chalonnais.es n’a envie de revivre l’annulation de 2024.

Espérons que la mairie de Chalonnes-sur-Loire et l’association de la Fête des Vins ne courbera pas l’échine face au fascisme,

Espérons qu’en 2025 nous n’entendions plus parler de cette bande patibulaire.

Le 21 décembre 2024, des antifascistes ligérien.ne.s.

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Les conspis au compost !

Image du monde à l'envers, un village éclaire le soleil et la lune.

Non à la venue de Louis Fouché à Terra Botanica.

Les 18 et 19 novembre se tiendra à Angers le « forum des médecines de l’âme » dans les locaux du parc dédié au végétal Terra Botanica. Au programme une grande foire ésotérique, fourre tout de pseudo-thérapeutes qui prêterait à rire si ce charlatanisme n’était pas lourd de conséquences en terme de manipulations potentielles des plus faibles. C’est déjà inquiétant en soi mais le point d’orgue de cet évènement pose un autre grave problème. Il s’agit de la conférence menée par Louis Fouché.

Médecin anesthésiste réanimateur, Louis Fouché dispose d’un fort auditoire depuis qu’il a été à l’initiative du site Réinfo Covid qui a été un des espaces de diffusion de nombres de fantasmes de complots. La proximité de Réinfo Covid avec l’extrême droite est bien documentée. Prenons pour exemple la candidature de sa trésorière sous l’étiquette du Rassemblement National lors des dernières législatives qui en est une nouvelle manifestation.

Malgré ses déclarations qui se veulent apolitiques, Louis Fouché profite de son vernis de scientificité et est un spécialiste des appels du pied discrets aux conspirationnistes et aux fascistes. Il est régulièrement repris par des personnalités d’extrême droite comme l’antisémite franco-suisse Alain Soral, dont le site Egalité et Réconciliation le présente comme un « courageux lanceur d’alerte ». Les clins d’œil à l’extrême droite sont plus que nombreux : interviews sur la chaîne de François Asselineau, échanges avec le gourou Thierry Casasnovas (proche d’Alain Soral). Réactionnaire, il remet aussi en question le droit à l’avortement qualifiant l’acte de « pas moral » dans une vidéo. Louis Fouché s’affiche également avec la complotiste genevoise Ema Krusi, fer de lance du mouvement QAnon en Suisse et condamnée pour avoir publié des ouvrages révisionnistes. Mais en public Louis Fouché reste le plus consensuel possible afin de ne pas affecter son petit commerce lucratif de philosophe de supermarché. Néanmoins en 2023, il est condamné à 3 mois d’interdiction médicale par l’Ordre des médecins PACA-Corse. Il a fait appel.

Nous sommes extrêmement surpris.e.s de constater que les locaux du parc Terra Botanica vont accueillir un tel personnage. Surtout que tous les angevin.e.s se souviennent que c’est une très grande quantité d’argent public qui a maintenu à flot ce parc voulu et défendu notamment par Christophe Béchu. Un parc qui comme le rappelle un panneau à son entrée est « un projet du Conseil Général de Maine-et-Loire cofinancé par l’Union européenne, l’État et la Région des Pays de la Loire ».

Et ce n’est pas tout. Vendredi 15 novembre, le même Louis Fouché sera en conférence au Lycée de la Providence à Cholet. On peut s’indigner que le très confus Collectif Santé Mauges puisse organiser ce type d’évènement dans un lycée certes privé mais sous contrat avec l’État. Nous refusons ces dérives sectaires et il faut faire taire ces discours d’extrême droite qui ne disent pas leur nom. Nous exigeons donc l’annulation des conférences de Louis Fouché à Angers et Cholet.

Premiers signataires : Action Antifasciste Angers, (3A), Planning Familial 49, Ravitaillement Alimentaire Autonome Réseaux d’Entraide (Raare), Réseau Angevin Antifasciste (Raaf), Solidaires 49, Union Communiste Libertaire 49 (Ucl 49).

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Rassemblement d’extrême droite pour Philippine : l’indécence de la récupération politique

Le lundi 30 septembre, à Angers, l’extrême droite a tenu un rassemblement récupérant à des fins racistes le viol et le meurtre de la jeune Philippine. À l’appel de nos camarades de l’Action Antifasciste Angevine une manifestation contre l’instrumentalisation des féminicides et des violences sexistes et sexuelles s’est déroulée pour rappeler que l’extrême droite est l’ennemie des femmes et des minorités sexuelles et de genre. Ce texte propose une analyse de la situation notamment en ce qui concerne le changement d’attitude de la préfecture qui a toléré ce rassemblement xénophobe.

Visuel de l’appel à tenir une contre-manifestation antifasciste.

Le vol de charognards

C’est une mécanique rodée mais toujours aussi obscène. Parmi les 900 à 1000 meurtres perpétrés chaque année en France, l’extrême droite en picore méthodiquement un ou deux : le drame de Lola (octobre 2022), puis Thomas (novembre 2023), Matisse (mai 2024) et aujourd’hui Philippine. Localement ce fut aussi le triple meurtre de l’esplanade du Cœur de Maine à Angers en juillet 2022 qui a marqué durablement les esprits. Il est justifié pour chacune de ces tragédies de parler d’instrumentalisation car pour monter un meurtre en épingle l’extrême droite utilise toujours la même tactique : si besoin tordre les faits pour y plaquer sa grille d’analyse raciste et ne retenir comme seuls critères explicatifs la nationalité et/ou l’origine étrangère avérée ou supposée des auteurs/rices. Bien inséré.e.s dans le marécage hexagonal, les militant.e.s angevin.e.s appliquent cette recette à la lettre et cherchent à (re)bondir sur chaque polémique. Le plus souvent c’est le Red, franchise continuatrice de l’alvarium, ou le Mouvement Chouan dans le costume trop grand de ses ambitions, qui tentent d’allumer la mèche. Soulignons que c’est presque du pareil au même car, in fine c’est surtout Jean-Eudes Gannat, ex-capo de l’alvarium, co-fondateur du Red et autocrate du Mouvement Chouan qui postillonne dans le mégaphone et incarne le visage médiatique de ces tentatives de récupération.

Attiser la haine

Sans surprise, une fois la séquence d’agitation lancée, l’extrême droite agite le mythe d’un « francocide » en usant d’un effet loupe porté sur des faits divers isolés et amalgamés afin de leur donner les apparences de la cohérence. Elle articule cela avec un autre complot, celui du grand remplacement.

 

Au final, d’une affaire à l’autre nous avons une équation stable d’un point de vue discursif. Cela ne repose sur aucune réalité étayée mais le simplisme de ce qui a les apparences d’un raisonnement facilite sa diffusion. Ces quelques faits ne sont pas représentatifs de l’ensemble des homicides de notre pays. On peut même dire que l’agitation autour de ces quelques affaires participe un peu plus à invisibiliser certaines victimes dont les proches peinent parfois à faire vivre la mémoire. On pense bien sûr aux personnes tuées par la police, que l’extrême droite réduit généralement au qualificatif « délinquant ». Or parmi celles et ceux qui meurent entre les mains des forces de l’ordre, il y a une surreprésentation des personnes étrangères ou perçues comme telles parce que racisées.

Capture d'écran du copte X de Jean-Eudes Gannat.

Note : l’anonymisation des personnes est de notre fait.

Quand l’extrême droite prétend « défendre » les femmes sans remettre en cause le patriarcat

En ce qui concerne le viol et le meurtre de Philippine la question du féminicide est évacuée par l’extrême droite car sa dimension systémique remet en cause les fondements patriarcaux de notre société. Allant au plus simple elle propose comme solution l’expulsion des agresseurs sexuels en situation irrégulière. Une demande martelée lors du rassemblement angevin. Mais, en quoi l’expulsion résout-elle le problème si ces personnes agressent et/ou violent ailleurs ? Ici elle dresse en creux une échelle de valeur des victimes. Qui plus est, la France n’est évidemment pas exempte de culture du viol comme le souligne sans fard le procès de Mazan, à savoir les viols commis sur Gisèle Pélicot en état de soumission chimique administrée par son mari d’alors Dominique Pélicot. Les 51 mis en cause dans cette affaire d’une ampleur extraordinaire sont des hommes de tous milieux sociaux, aux parcours de vie variés et pour beaucoup « ordinaires ». Régulièrement dans leur défense des accusés minimisent, voire nient leur attitudes et comportements, 35 plaident non coupable ce qui paraît révélateur d’une culture du viol intériorisée, banale et normalisée dans un pays où « un français sur 6 considère que beaucoup de femmes qui disent non à une proposition de relations sexuelles veulent en fait dire oui ». Le fait que l’extrême droite soit mutique sur cette affaire est révélateur. Ce procès montre aussi que souvent les violences, notamment sexuelles, sont commises au sein du cadre familial. Jean-Eudes Gannat, qui jeune homme vivait des aventures avec la Manif Pour Tous, pour défendre la « famille », ferait bien de se pencher sur les statistiques. Car la famille est aujourd’hui devenue dans notre région un des principaux espaces d’agression. Et à ce sujet, le consensus est tel que même les institutions finissent pas adopter un discours allant dans ce sens. D’ailleurs, parmi les meurtres commis chaque année, une fraction effarante sont des féminicides perpétrés dans la sphère conjugale. Le Collectif Féminicides par compagnons ou par ex recense 102 victimes en 2023. Selon leur décompte, 84 femmes ont été tuées à leur domicile et 54 étaient en contexte de séparation ou confrontées à des violences conjugales. Mais sur ce point encore vous n’entendrez pas une extrême droite à l’indignation décidément très sélective.

La fable du « laxisme judiciaire »

Concomitamment, cela permet aux nationalistes de crier au « laxisme judiciaire » quand bien même il n’y a jamais eu autant de personnes incarcérées en France et que le « tournant punitif » de notre société devient palpable (Didier Fassin en dresse un état des lieux dans l’introduction de son ouvrage Punir, une passion contemporaine). Ce prétendu laxisme est une des obsessions de Jean-Eudes Gannat qui au nom du Mouvement Chouan a organisé un happening sur les marches du tribunal avec une banderole clamant : « Les juges laxistes tuent nos enfants ». C’était en mai 2024 et ils comptaient fructifier sur la mort de Matisse. Un happening c’était aussi l’opportunité d’éviter la déconvenue d’une manifestation interdite. Bien qu’ayant occasionné quelques dégradations et surtout un émoi au sein du petit monde judiciaire, cette action n’a pas donné lieu à des poursuites. Et ce n’est pas la seule fois ou Jean-Eudes Gannat bénéficie d’une clémence qui détonne fortement dans le paysage judiciaire pour quiconque fréquente les prétoires. Comme quoi même quand elle n’est pas punie par la justice, l’extrême droite ne s’interdit pas de couiner fort.

En pratique, cette tentative de récupération ça donne quoi ?

Ce rassemblement a réuni une grosse centaine de personnes. Soulignons que dans leur communication les fascistes évoquent une manifestation puis un rassemblement et non un hommage. Ils cherchent à récupérer le meurtre pour faire une action politique. Jean-Eudes Gannat le reconnaît avec cynisme dans son discours rapporté par la presse : « Accusé par les militants antifascistes de surfer sur un fait divers pour promouvoir une politique d’extrême droite, le militant a déclaré :  N’est-il pas normal que nous fassions de la récupération ? […].

Sur le terrain, le Red n’effectue qu’un collage d’affiches, matière pour alimenter les réseaux sociaux. Une sortie réalisée avec la Cocarde Étudiante qui confirme son statut de groupe politique zombie sans réalité syndicale. L’Uni locale fait un collage xénophobe sur le campus de Belle-Beille, dénonçant elle aussi le laxisme de la justice. Barbara Mazières, ex-conseillère régionale Rn, passée à Reconquête un temps, relaie l’appel en s’appuyant sur le réseau du Cercle Anjou Conférences qui reprend vie dernièrement. Enfin, le rendez-vous est repris par l’antenne locale de Via, le petit parti réactionnaire de Jean-Frédéric Poisson. On note au passage qu’une partie de l’extrême droite électoraliste ne rechigne donc plus à apparaître aux côtés (pour ne pas dire à la remorque) d’authentiques fascistes.

Comme souvent ce rassemblement revêt une dimension régionale pour l’extrême droite qui peine à occuper l’espace public. Génération Z Pays-de-Loire appelle à s’y retrouver sans qu’on puisse dire qui cela représente vraiment encore. L’Action Française Vendée revendique sa présence, ainsi que l’Oriflamme venu.e.s de Rennes. D’autres nationalistes ont fait la route depuis la Touraine, citons Lina Jovanovic du groupe Des Tours et des Lys ou Alexandre Boumediene (dit Alexandre Boumi) qui prend la parole. Ce dernier occupe la fonction de « porte-parole » du Mouvement Chouan, un habile numéro de ventriloquie de Jean-Eudes Gannat. Enfin venu de la campagne angevine, Benoît Couëtoux du Tertre, acteur discret mais central de l’Institut Iliade est présent.

Le changement de posture de la préfecture : coup de pouce inespérée pour l’extrême droite

Revenons en arrière pour comprendre le changement d’attitude notable de la préfecture envers les nationalistes lorsqu’ils lancent leurs lugubres entreprises de récupération. Suite au meurtre de Lola une manifestation avait pu se tenir entre la place du Ralliement et la préfecture (soit la bagatelle de 300m). Puis l’espace public d’expression s’était refermé, notamment suite aux affrontements de l’été 2023 dans la rue du Cornet. La préfecture s’en saisit avec opportunisme pour donner publiquement l’illusion de vouloir leur mettre des bâtons dans les roues. Ainsi la manifestation du 11 décembre 2023 faisant écho au meurtre du jeune Thomas à Crépol est interdite par arrêté. Les fafs retentent leur chance le 14 décembre. Là encore une interdiction est prononcée. Les services de l’état arguent entre autres de l’appétence des nationalistes pour la violence. Jean-Eudes Gannat s’entête alors dans une posture d’enfant gâté qui découvre la frustration, lui dont l’espoir niais est d’enrayer les services de la préfecture par une multiplication des dépôts. Peine perdue. La série noire se prolonge début 2024 par l’interdiction d’un hommage aux morts des émeutes antiparlementaires du 6 février 1934 avec une déroute jusque devant le tribunal administratif de Nantes.

Une application policière de la tolérance « contrastée »

Alors on peut légitimement se demander ce qui a changé, puisque cette fois, malgré un rassemblement non déclaré en bonne et due forme, la préfecture produit un arrêté lunaire n’interdisant que le transport et l’usage d’engins pyrotechniques, un document qui n’évoque même pas la tenue d’une contre-manifestation antifasciste. De facto tout est donc toléré. Notons une vision policière assez classique de la « tolérance » envers le camp antifasciste : contrôles massifs, gazages, matraquage de manifestant.es réfugié.e.s dans un bar. « Problème de coordination » ou respect des traditions policières ?

Un « effet Retailleau » ?

L’avenir nous le dira mais ce revirement est peut-être à mettre sur le compte des législatives qui ont amené une victoire relative de la gauche mais aussi une nouvelle poussée des effectifs de l’extrême droite à l’Assemblée. L’actuel gouvernement est truffé de réactionnaires proches de La Manif Pour Tous et le ministère de l’Intérieur échoue dans les mains de Bruno Retailleau. Sur X, Marion Maréchal a accueilli les propos de ce dernier sur l’état de droit « ni intangible ni sacré » en les qualifiant de « réjouissants » en ajoutant qu’il lui est « Difficile d’être en désaccord ». Quant à la députée et porte-parole du groupe Rn Laure Lavalette, elle a dit que « quand on écoute Bruno Retailleau on a l’impression que c’est un porte-parole du Rassemblement National ». Rappelons que Bruno Retailleau a longtemps été qualifié de « droite Mégret » au sein de Lr. Il est cohérent de penser que les groupes radicaux qui s’agitent bénéficient d’une relative clémence qui ne dit pas son nom. Ainsi à Bordeaux la mobilisation antifasciste a été interdite mais pas le rassemblement nationaliste. D’ailleurs, à notre connaissance, aucun en France ne l’a été. Encore un signe d’une phase de normalisation accélérée de l’extrême droite.

Le Raaf

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Le Lion (d’Angers) ne s’associe pas avec le cafard

Avec son décor des années 50, le Café des Sports était central dans la vie du Lion d’Angers, commune de 4700 habitant.e.s à 25 kilomètres au nord d’Angers. Souvent désigné « Chez Katia », du prénom de sa patronne, le bar ferme lors de son départ en retraite fin 2023. Au printemps 2024 l’écho d’une reprise des lieux par l’extrême droite devient insistant. Il faut attendre juin pour découvrir que les murs sont loués notamment par des membres de l’alvarium devenu Red, milice connue à Angers pour ses provocations et un nombre affligeant de méfaits, d’intimidations, d’agressions principalement racistes et lgbt+phobes. Comme de coutume cette tentative d’installation s’avère émaillée de manigances et de dissimulation.

La rengaine des mensonges et des impostures

La polémique démarre mi-juin. Un collage sur la façade de l’ancien bar est réalisé. Un collectif d’habitant.e.s crève l’abcès et diffuse un tract dans les boîtes à lettres et sur le marché. Par voie de presse, on apprend qu’un bail a été signé mi-mai. On sait peu de choses. Le discret intermédiaire est un juriste qui représente une association qui projette « une brasserie avec restauration traditionnelle ». Toujours selon la presse c’est pourtant Jean-Eudes Gannat chef de la petite milice fasciste angevine, traiteur, obscur entrepreneur en conseil et grand pourvoyeur de paniques morales et de cagnottes brumeuses, qui durant l’hiver a manœuvré sans succès pour obtenir le local. Interrogé sur ses liens avec Jean-Eudes Gannat, le juriste affirme au journaliste : « Je n’ai aucun lien avec lui, je le connais de nom en tant que personnalité locale publique […] Cette histoire émane de ragots. Les personnes ayant diffusé ce tract n’assument aucunement leur calomnie, sans prendre contact et chercher un minimum de vérité dans cette affaire […] On a été très clair avec M. Osifre (le propriétaire), aucune activité politique n’émanera de ce lieu. ». Mais qui est ce pauvre juriste calomnié et son association apolitique ?

L’étrange cas de Louis Guimon…

Louis Guimon, qui dans la vie militante utilise le pseudonyme de Louis Guesclin, est originaire de Rochecorbon (37). Fils de bonne famille, scout d’Europe, il étudie à l’Université Catholique de l’Ouest (Uco) et à l’Institut Catholique d’Etudes Supérieures (Ices), fabrique des élites réacs bien connue. Enfin, à la Sorbonne il décroche un diplôme de juriste. Aujourd’hui il est collaborateur de mandataire judiciaire à Angers dans (ô surprise!) le cabinet qui a mené la liquidation judiciaire du Bazar, l’actuelle base arrière des fascistes à Angers. Le moule éducatif et familial bourgeois et réactionnaire dans lequel était plongé Louis Guimon tend à faire penser qu’il comportait déjà en creux la probabilité de développement d’une idéologie élitiste et raciste.

… Et de M. Louis Guesclin

Rien d’étonnant donc à ce qu’on le retrouve souvent avec des membres de l’ex-alvarium, parfois en train de s’entraîner voire se livrer à des actes violents. Il existe des clichés d’entraînements à la boxe avec le Red et il était en première ligne lors de la défense de leur local fasciste, pris sur le vif jetant une chaise sur des manifestant.e.s. Le point commun à ces deux exemples ? À chaque fois sur la photo il est aux côtés d’une personne que soi-disant il ne connaît que de nom : Jean-Eudes Gannat.

30 janvier 2021

Quand ce petit fasciste s’exprime publiquement, il le fait pourtant au nom du Mouvement Chouan, dernière baudruche politique du même Jean-Eudes Gannat et sur Riposte Laïque évidemment. On le découvre terrorisé par la projection de son propre imaginaire raciste. Grand-remplacé par un « système » sans véritable contour. Il est en guerre. Le gouvernement en place, la gauche, la police, la justice, les médias, se seraient mis d’accord pour laisser opérer ce qu’il présente comme un nettoyage de grande envergure des blanc.he.s de ce pays dans le but de les remplacer. Une seule solution pour lui et son mouvement : pousser de toutes leurs forces jusqu’à opérer la division qu’iels désirent entre population blanche et non-blanche et vider la France de cette dernière.

Un discours décliniste et violent

Une seule conclusion, Louis Guimon exprime un racisme assumé considérant chaque non-blanc.he comme un.e envahisseur/euse, appelant à la sédition, à la violence et au repli communautaire. Employant des moyens violents main dans la main avec ses camarades nationalistes bien connu.e.s comme Jean-Eudes Gannat. Ces deux là se connaissent bien et Louis Guimon est son valet. Il est un militant nationaliste actif de l’alvarium, du Red et du Mouvement Chouan et pas le nigaud idéaliste tel qu’il se présente à la presse. En tous cas certainement pas idéaliste.

Louis Guimon et Jean-Eudes Gannat « ne se connaissent pas » depuis au moins le 3 avril 2018 où le Red première version était allé intimider une AG étudiante en fac de droit.

La Brasserie Gorin, un établissement pas ouvert, déjà mal famé

Attardons-nous sur la Brasserie Gorin qui prendrait place dans le local du Lion d’Angers. L’association a pour objet de « promouvoir, valoriser et faciliter l’accès au patrimoine brassicole français ». À la manœuvre deux « Cons Pères » comme ils aiment à se nommer en 2019, lorsqu’ils décident de partager leurs « anecdotes fermentées » sur les réseaux : Louis Guimon et Gaston Martin-Lauzer. À cette époque, le second fréquente lui aussi les bancs de l’Uco. Pour suivre leurs aventures, ces deux-là peuvent compter sur leur réseau amical, qui se trouve être aussi le réseau fasciste local. Dans leurs abonné.e.s Instagram figurent entre autres : Baudouin Le Nalio, Gersende Barrera, Théodore Riant, Martin Réveillard, Hugues Soreau, Adrien Rivière, Thibaut Cochin et bien sûr Jean-Eudes Gannat. Tou.te.s passé.es par l’alvarium alors que Louis Guimon, pas à un mensonge près, disait à la presse « je mets ma parole en jeu que nous n’avons aucun lien avec l’ex-Alvarium, nous en sommes détachés complètement ». Connus pour leur brutalité et leur ancrage politique, Marc de Cacqueray Valménier et François-Mamès Cosseron de Villenoisy font eux aussi partie de la liste des abonné.e.s d’un compte récemment nettoyé suite à nos publications sur les réseaux sociaux. Hilaire Bouyé, vice-président de Génération Z, l’une des amitiés pro-zemmour de Louis Guimon y va aussi de ses messages de félicitations. Fin 2021, le bureau de l’association est déposé et fait de Christophe Léger son secrétaire (Le bureau compte quatre membres : Louis Guimon, Christophe Martin-Lauzer, Christophe Léger et Thomas Wangon). Une information loin d’être anodine car il est lui aussi un militant du Mouvement Chouan, le joujou asthénique déjà évoqué. Une fois de plus, lorsque l’on gratte le vernis d’innocence, on s’aperçoit comme pour tous leurs projets, que la Brasserie Gorin est une émanation de l’extrême droite portée et soutenue par le microcosme militant.

Capture du compte Instagram de la Brasserie Gorin avant grand nettoyage.

Pourquoi une installation néo-fasciste au Lion d’Angers ?

On verra plus loin que la région du Lion d’Angers dispose de solides réflexes antifascistes, mais les alentours sont aussi irrigués par de conséquents réseaux nationalistes. Quelques-un.e.s des militant.e.s de l’alvarium/Red y sont désormais établi.e.s. Cet hiver Théodore Riant et Côme Jullien de Pommerol ont traîné sur les blocages des agriculteurs sur le rond-point du Lion d’Angers. Non loin, est aussi installé Benoît Couëtoux du Tertre, membre important de l’Institut Iliade , espace de réflexion qui veut prolonger la pensée du très raciste et antisémite Dominique Venner, défenseur du concept fumeux de choc des civilisations. À vingt kilomètres au nord-ouest, il y a l’établissement scolaire Notre-Dame d’Orveau, matrice de toute une génération de jeunes fascistes. Sont passé.e.s par ses bancs : Marie-Ménehould Gannat (qui milite à Auctorum), Hugues Soreau (impliqué dans des violences en attente de jugement) ou les frères Cochin. Du côté enseignant on peut aussi citer Didier/Pierre-Louis Simons, porte-parole par intérim de l’alvarium et cadre du mouvement national-catholique Academia Christiana. Enfin, lorsqu’il était directeur, Yann De Cacqueray-Valménier avait permis à Academia Christiana de tenir son université d’été dans ses murs. C’est aussi au Lion d’Angers que sont installés les locaux de SOS Calvaires (dont des membres ont été vus s’activer dans l’ancien Café des Sports) qui sous l’image avenante d’une association de défense du patrimoine religieux se rêve en avant-garde croisée mue par un esprit de reconquête. Lors de la dernière campagne présidentielle l’association avait ouvertement roulé pour Zemmour. Il faut aussi souligner que l’équipe dirigeante est constituée d’entrepreneurs locaux bien installés. Ainsi avant de disposer de ses propres locaux les croix étaient stockées chez l’entreprise Xilo. Enfin, quand on parle d’entrepreneur, difficile d’évacuer la figure tutélaire d’Olivier Ramé. Quand il était propriétaire du château du Loncheray, à La Jaille-Yvon à quelques kilomètres au nord du Lion d’Angers, eu lieu en 2018 une spectaculaire perquisition avec une mise en examen pour fraude fiscale aggravée et blanchiment. Alors à la tête d’une myriade de société, surtout immobilières, cet homme condamné à plusieurs reprises pour escroquerie, fraude fiscale et exercice illégal de la profession d’expert-comptable, avait mis à disposition le château pour accueillir le camp d’été des pétainistes du Renouveau Français.

Une forte opposition antifasciste

Si cette nouvelle supercherie a pu être révélée, c’est grâce à la vigilance d’habitant.e.s qui ont décidé de rugir collectivement face au danger de l’extrême droite sitôt qu’iels ont eu connaissance du projet. Contrairement aux élu.e.s prompt.e.s à regarder ailleurs, les habitant.e.s ont pris le problème en mains, évitant ainsi qu’il ne soit mis sous le tapis. Iels se sont rassemblé.e.s à deux reprises avec pas moins de 250 personnes sur la place du bourg pour s’organiser et débattre. Les habitant.e.s sont déterminé.e.s à continuer ces rendez-vous tant qu’il le faudra pour mettre le projet des fascistes au rebut. Notre appui leur est assuré.

On le voit des intérêts très réactionnaires convergent et font du Lion d’Angers et ses environs un territoire potentiellement prometteur pour leur agenda d’extrême droite, que ce soit les vélléités de création d’une énième école hors-contrat ou pour revenir à notre affaire, investir un ancien café pour renforcer et imposer une implantation locale alors qu’Angers leur est de plus en plus hostile. Un nouveau lieu est a minima un point d’appui à l’organisation d’évènements. Ainsi l’Institut Iliade annonce sur son site la tenue d’une formation jeune au Lion d’Angers fin novembre. Que cet évènement se tienne ou non dans l’ancien café du bourg la vigilance est de mise pour une riposte à la hauteur de l’enjeu.

Le Raaf

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