Dissolution : comme un poison dans l’eau

A chaque crapulerie de l’alvarium (c’est à dire très souvent), des élu.e.s en appellent à une dissolution administrative de l’alvarium. Ce voeu est selon nous un mirage politique. Une solution de facilité piégeuse en ce qu’elle place l’État en ultime solution de recours face aux discours et aux violences fascistes. Ce dernier, on l’a vu avec Génération Identitaire ou le Bastion Social, se contente à bon compte d’attaquer la façade institutionnelle des groupuscules : statuts d’association, comptes bancaires, etc. Pourtant, « en même temps », ces dernières années, loin de lutter contre l’extrême-droite, l’État l’a constamment alimenté avec des politiques liberticides, sécuritaires, répressives. Il a normalisé de pans entiers du discours idéologique réactionnaire, par exemple en désignant en fonction de ses besoins un nouvel ennemi de l’intérieur. Songeons à la séquence politique sur le soi-disant islamo-gauchisme, qui n’est pas sans rappeler l’infâme catégorie « judéo-maçonnique » des années 30. Cela nous amène d’ailleurs à pointer que nous avons conscience que les foudres répressives peuvent à tout moment s’abattre sur notre camp social comme le cynisme de l’agenda politicien le réclame à intervalles réguliers. Quoi qu’il en soit nous avons retenu de nos années lycée que la dissolution est avant tout un procédé physico-chimique. Une importante et populaire mobilisation antifasciste est, pour nous, bien plus à même de faire reculer les fascistes. Voici une étude de cas, fruit de nos réflexions et recherches collectives qui tend à indiquer que le groupuscule angevin a déjà mis en place des parades à une dissolution administrative.

La pépinière de fascistes

En décembre 2018, les militants d’extrême-droite abandonnaient leur premier local aux abords du quartier populaire de Savary. Après ce fiasco, ils commencent à se réorganiser en vue de l’ouverture d’un nouveau lieu. Rapidement, celui qui s’avérera être le grand mécène de l’alvarium apparaît sur nos radars : Axel Levavasseur (LVV). Rejeton d’une famille de pépiniéristes et notables locaux, il donne lui-aussi dans le commerce de végétaux (par snobisme il dit «treesourcing »).

Politiquement il reste dans l’ombre car peu enclin aux apparitions publiques et dédaignant l’action militante, préférant descendre les rhums arrangés en ville. Avec le temps nous avons compris que si l’alvarium ne s’est pas écroulé sous le poids de ses multiples échecs c’est en partie parce que l’argent de LVV et quelques autres pallie à la faiblesse politique du groupuscule. C’est lui qui avait mis à disposition une parcelle sur la propriété familiale de Brain-sur-L’Authion, en périphérie d’Angers, pour que les fascistes fassent dépérir les légumes d’un soi-disant « jardin communautaire ». Un projet quasi fictif, qui à défaut de nourrir qui que ce soit alimentait la mythomanie de l’alvarium sur les réseaux sociaux. Depuis la supercherie a été dévoilée et le terrain est revenu à l’état de jachère. Mais bien avant l’échec cuisant du jardin, LVV, le grand ami du caporal-chef Jean-Eudes Gannat, nous était déjà bien trop familier.

 

Axel Levavasseur butine les poubelles de l’histoire

Lors de l’ouverture de la première version de l’alvarium nous avions pu établir un lien entre le local et la création d’une association nommée « Nouveaux Sarments/Anjou Populaire » initialement domiciliée à Niaffles (53) au domicile de la famille Gannat. Cette fois en 2020, nous découvrons une association dénommée « Les butineurs de l’anjou ».

Un nom qui masque mal ses affinités : pour mémoire, en latin alvarium signifie « ruche »… Voilà donc apparaître une association qui n’a rien à voir avec l’apiculture et dont l’objet est lourd de sous-entendus identitaires. Aussi, un des buts affichés est de « Tenir un local associatif ». Nous ne sommes pas surpris.es de voir apparaître dans le bureau de l’association Axel Levavasseur en tant que président, il est épaulé par un inconnu : Mehdi Houfani.

 

Retraite anticipée

La création de cette association fait apparaître l’évidence. Si c’est toujours « Anjou Populaire » qui sert de vitrine légale au groupuscule, alors en cas de coup dur tel une dissolution, on déduit que l’alvarium compte probablement organiser un repli administratif avec les « butineurs ». Grâce à cette grossière parade, les fascistes pourront sauver l’essentiel : leur local. En propriétaire bourgeois sûr de son bon droit, LVV continuera son parrainage malfaisant. Tout est prêt : une association dont il est président et domiciliée dans sa propriété de la rue du Cornet, c’est à dire dans les actuels locaux de l’alvarium. L’association dispose évidemment d’un compte en banque tout prêt à accueillir les dons et relancer la pompe à fric du groupuscule. Certes l’alvarium ne pourra plus exister sous ce nom mais, comme à Lyon où la dissolution de GI n’a pas fait cesser la violence d’extrême-droite, les fascistes angevins disposeront eux aussi toujours de leur outil de nuisance le plus important, un local. Leur existence politique sera malmenée un temps (satisfaisant au passage leur insatiable désir de martyr) mais pas autant que la vie des habitant.e.s de cette ville. Sans compter que même si leur projet de salle de baston, impasse des Petits-Pères (à deux pas de la rue du Cornet) est compromis dans son aspect public, ils disposent là d’un lieu de repli dont une partie du montage juridique reste à éclaircir. A moins que « les butineurs » ne jouent là aussi leur rôle ?

 

Quand la bourgeoisie angevine subventionne le fascisme

L’engagement de LVV est si entier que de toutes évidences le paiement d’un loyer par l’alvarium est hors-sujet. Un local comme celui de la rue du Cornet, dans une ville prise de fièvre immobilière, représente une dépense mensuelle conséquente. Pourtant l’alvarium depuis des mois et des mois ne propose pour ainsi dire rien en terme d’activités à même de ramener des fonds. On touche un trait familier de l’hypocrisie des fascistes angevins qui aboient constamment contre « l’assistanat » depuis leur position d’enfants gâté.e.s déconnecté.e.s des réalités sociales. Faites-ce que je dis, pas ce que je fais, on connaît le refrain. Cette collusion d’une frange de la bourgeoisie angevine avec elleux est inquiétante, et bien que symptomatique le cas LVV n’est pas isolé. Cette alliance doit être dénoncée et combattue. En tant que révolutionnaires, nous essayons de transformer la société et cela fait que les intérêt de notre classe se retrouvent en contradiction avec les leurs. Voila pourquoi la possible dissolution de l’alvarium reste un détail pour nous.

 

L’espérance de la disparition du problème alvarium par une mesure administrative ne résiste guère à l’épreuve des faits. C’est une méthode à classer parmi les « fausses bonnes idées » car le socle de l’action de l’alvarium ne repose pas sur l’existence d’une association déclarée, mais bien sur les liens avec tout un tas de notables aux idées tout aussi rétrogrades, comme nous l’avons démontré à de nombreuses reprises. Et tant que ces personnes continueront de soutenir (notamment financièrement), sans être gênées, des initiatives xénophobes et nationalistes, l’Anjou continuera d’être pollué des mouvements politiques d’extrême-droite, quel que soit le nom qu’ils portent. Car l’alvarium n’est qu’un groupe militant dans un réseau bourgeois et/ou catholique intégriste. En définitive, ce que nous devons atteindre, ce sont des conditions qui permettent au plus grand nombre de s’engager dans une résistance quotidienne, simple à mettre en œuvre et radicale face à l’extrême-droite, tout en conservant un maximum d’autonomie vis à vis des institutions. Et pour nous, seule cette mobilisation populaire forte amènera une résolution satisfaisante du problème fasciste qui sévit à Angers. Cette voie a déjà amplement fait ses preuves et nous allons continuer de la tracer avec vous.

Fermons l’alvarium.


Cadeau bonus : une mauvaise troupe

Rencontre avec un menteur

Nous profitons de votre attention pour défaire encore un peu plus la propagande de nos apprentis fascistes. Le butineur Mehdi Houfani, qui ne nous disait rien alors, s’est rappelé à nos souvenirs lorsque son prénom et son visage sont apparus dans une vidéo geignarde de l’essaim des mouches à merde. Elle prend la forme d’un (inter)minable travelling centré sur Mehdi Houfani marchant dans la rue. Une voix off se lamente sur son sort. Pensez, il ne peut aller et venir aux abords de son lieu préféré l’alvarium, sans être inquiet de la violence qui règne à l’égard des pauvres nationalistes comme lui ! Vaine inversion de la culpabilité tant il est pénible de rappeler qui sont ceux qui défraient la chronique judiciaire par leurs violences récurrentes qui restent le plus souvent impunies. Mehdi Houfani est un habitué des rangs de l’extrême-droite. Juriste en droit des affaires, en plus de prêter son nom aux « butineurs », il travaille chez Alexandre Guignache (cabinet Ilion Avocats). Un peu girouette ce dernier s’est présenté sur une liste FN notamment. Le scénario de la vidéo devient cocasse quand on sait qu’il réside à Gentilly, à quelques 300 kilomètres d’Angers. Se promener le soir aux abords de l’alvarium ne revient donc pas trop souvent dans le quotidien de Mehdi Houfani. Notre homme d’une nature très anxieuse, se révèle surtout être un fieffé menteur. Ne boudons pas notre plaisir de voir le décor de carton-pâte de l’alvarium s’effondrer sur le mauvais acteur Mehdi Houfani ! Décidemment, chaque évènement confirme un peu plus que la communication de l’alvarium n’est QUE mensonges.


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Tou.te.s dans la rue le 12 juin !

Le RAAF appelle à rejoindre la manifestation «pour les libertés et contre les idées d’extrême droite» le 12 juin. Nous serons évidemment présent.e.s dans le cortège angevin et nous espérons que cette date sera le début d’une forte offensive antifasciste.

Pour autant, une stratégie unitaire ne se construit pas en effaçant toutes les différences de vues et il nous semble important de souligner quelques divergences et questionnements avec l’appel local auquel globalement nous adhérons.

Ainsi, pour ce qui est de la situation angevine nous n’attendons pas une réponse antifasciste de la part de pouvoirs publics. Comme le dit très justement l’appel « Quand on souffle sur des braises incandescentes et qu’on passe son temps à attiser les haines, cela a des conséquences concrètes. » Soyons clair.e.s, n’attendons pas de la préfecture et de la mairie qu’ils éteignent un incendie qu’ils ont laissé démarrer et se propager (par exemple l’ouverture du local fasciste de l’alvarium) avec au mieux de l’indifférence mais le plus souvent de la complaisance.

En parlant de responsabilités… Il y a quelques semaines une manifestation factieuse de syndicats de police d’extrême-droite a reçu le soutien et la présence de personnalités dites de gauche. La course à l’échalote sécuritaire d’une bonne partie de la gauche institutionnelle ne fait que contribuer à légitimer les discours et idées d’extrême-droite. A d’autres occasions, nous avons localement été surpris.es que l’idée de débattre avec des fascistes ne soit pas écartée d’un revers de la main par des gens de gauche. Il nous aura fallu rappeler des évidences dont la principale est d’une grande simplicité : on ne discute pas avec l’extrême-droite, on la combat. Nous rappelons que pour nous l’antifascisme n’est pas une vieille frusque qu’on ressort du placard en frissonnant tous les 5 ans à l’approche des élections présidentielles, nous ne sommes pas dupes de certaines postures de circonstances.

Notre antifascisme se construit à la base par une mobilisation populaire qui amène chacun.e à prendre ses responsabilités. Luttons contre les oppressions et contre l’exploitation qui sont le terreau du fascisme. Luttons pour plus de droits et pour construire un autre futur.

Parce que notre antifascisme est révolutionnaire.

Tou.te.s dans la rue le 12 juin.

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Faire une croix sur SOS Calvaires

Avec un peu d’habileté, la défense du « patrimoine » est un combat protéiforme qui permet à l’extrême-droite de se présenter au public sous un visage consensuel. Qui peut être contre la sauvegarde du « bien commun » ? Cette plasticité des questions de patrimoine permet à l’extrême-droite de dérouler l’habituel refrain sur une France « enracinée », de dégoiser sur notre « héritage » et surtout, de ne retenir de l’histoire que ce qui sert ses intérêts tout en préservant un apolitisme de façade. Sur un registre voisin le succès des « historiens de garde » est symptomatique de cette démarche de distorsion et de simplification à des fins réactionnaires.

Localement, nous avions évoqué l’instrumentalisation des questions patrimoniales par l’association Anjou Patrimoine. Tentative désormais moribonde, il faut dire que l’approche était justement pour le moins grossière. Mais l’Anjou, terreau toujours fertile de la contre-révolution catholique, nous donne un nouvel exemple plus sérieux de cette stratégie de dissimulation/euphémisation du discours. Il nous faut donc nous pencher sur l’association SOS Calvaires.

 

Séduire les ravi.e.s de la crèche

Il s’agit d’une association fondée en 1987 et initialement dénommée « Les amis des chapelles et calvaires de la région du Lion-d’Angers ». A partir de 2014, une nouvelle équipe de « jeunes catholiques » reprend la direction de l’association vieillissante et fin 2018, SOS Calvaires se lance dans le défi d’une rénovation de calvaire par mois. L’association référence et géolocalise les calvaires endommagés pour ensuite prendre contact avec les propriétaires privés ou publics afin d’obtenir un accord de travaux. Les « bénévoles » retapent l’édifice et c’est l’association qui prend en charge le coût financier de la croix et les divers frais annexes.

Sur son site, la succincte présentation de l’association donne une image avenante de ces catholiques dynamiques engagé.e.s dans un  «challenge » d’une restauration par mois.

Si l’action de SOS Calvaires reste largement cantonnée dans sa région de naissance, le Segréen, c’est à dire dans le nord du Maine-et-Loire, son audience devient nationale en 2020. Ce grâce principalement aux réseaux sociaux friands d’images et de contenus simples et faciles d’accès. La propagande de l’association est redondante mais adaptée : photos de groupe avec beaucoup d’enfants en prière au pied d’un calvaire rénové ou hommes saisis dans l’effort, redressant une croix au milieu de la campagne verdoyante. Le message est simple, direct et ressassé sur tous les supports numériques imaginables de Twitter à Facebook en passant par Tik-Tok. Aucun public n’est négligé.

Les médias catholiques ont aussi participé à donner de l’audience et surtout de la respectabilité : interview sur les ondes de RCF, ou encore article rédigé sur un ton de ravi de la crèche pour le magazine « Familles Chrétiennes ». Les représentant.e.s de l’association excellent à adapter la teneur de leur discours aux attentes de leurs interlocuteurs/rices. Lisse et pondéré pour les médias cités plus haut, dans un style nettement plus catho-tradi-en-rangers quand le contexte le permet.

« L’Amazon du calvaire »

SOS Calvaires met en avant la défense du patrimoine. Mais elle en véhicule une vision assez étrange. Dans une vidéo, on apprend qu’elle dispose d’un « stock » de croix pour les futures rénovations. Dans une autre, le président affirme vouloir « produire en masse des croix standards » et dans un rictus affirme « Je veux être l’Amazon de la croix ». Explicitement, loin de prendre en compte les spécificités et le contexte de chaque calvaire, l’association propose un produit standardisé. C’est le même modèle de croix qui est répliqué avec parfois quelques variations (croix celtique sur la base du modèle standard). C’est donc une vision très pauvre du patrimoine que défend l’association et qu’on pourrait résumer ainsi, une croix est une croix. Cette indifférence esthétique en dit long, ce qui compte pour SOS c’est le marquage visuel du territoire, une forme d’occupation religieuse des paysages et par ce biais des esprits. C’est une vision qui n’est pas sans rappeler les « missions » de lutte contre la déchristianisation, agitation des foules très en vogue notamment dans l’ouest de la France au début du siècle dernier. Pas de doute on reste dans l’esprit de la contre-révolution catholique sauf que les membres de SOS Calvaires n’ont pas pris acte du changement d’époque. Aujourd’hui, ils prêchent dans le désert ou tout du moins les seul.e.s converti.e.s à leur cause.

Charité bien ordonnée commence par soi-même

Une des spécificités et une des raisons de l’efficacité pratique de SOS Calvaires s’explique par la composition de son équipe dirigeante. Elle compte quelques entrepreneurs-artisans bien installés qui œuvrent dans les corps de métiers nécessaires aux restaurations. L’association s’en cache à peine, présentant sur son site les « entreprises partenaires » qui ne sont autres que celles de ses membres les plus investis. Ainsi, le stock de croix est un temps installé au Lion-d’Angers dans les locaux de l’entreprise Xilo. Ce fonctionnement en petit comité, pour ne pas dire consanguin (on est habitué.e.s par ici) est d’ailleurs source de questions. En effet, les dons à SOS Calvaires, reviennent ainsi au final dans les poches des entreprises partenaires qui appartiennent (au moins en partie) aux membres du noyau dur de l’association. Les sommes ne sont pas énormes (autour de 1000€/calvaire) mais ce schéma économique paraît opaque et sujet à caution.

Chez SOS Calvaires on ne néglige pas les placements de produits

Puisque nous abordons la question financière, comme il se doit à l’extrême-droite, l’association « reconnue d’intérêt général » propose d’établir un reçu fiscal pour tout don. Suite à une récente enquête de Libération il est de notoriété publique que nombre d’association d’extrême-droite radicale ont dévoyé ce dispositif. Les contrôles étant très peu nombreux, elles s’auto-attribuent la qualification « d’intérêt général ». Cette défiscalisation représente une manne indirecte de financement sur les deniers publics. C’est aussi le moyen rêvé pour donner un vernis consensuel aux activités de l’association. D’ailleurs SOS Calvaires ne manque pas de mettre en évidence cette qualité d’intérêt général qui lui donne une caution de respectabilité à peu de frais. D’un point de vue moral cette auto-qualification est parfaitement indigne. D’un point de vue politique il s’agit d’un scandale puisqu’elle offre la possibilité d’une entorse à la laïcité.

 

Lever de la fonte et porter sa croix

Comme nous le disions, le discours de SOS Calvaires est caméléon, calibré en fonction de l’interlocuteur. Le discours tenu sur les ondes de RCF n’a pas la même teneur que devant les caméras de la chaîne d’extrême-droite TV Libertés. Alors, pour se faire une idée précise du fond idéologique de l’association, rien de tel que se fader des entretiens/rencontres face à des fafs assumés qui ne donnent pas dans les faux-semblants. Par exemple, le youtubeur Baptiste Marchais alias Bench & Cigars (la muscu et les cigares sont ses passions) est venu participer à l’érection d’une croix en Anjou. Viriliste, décliniste, il est du genre à appeler la police à abattre plus de criminels. Il a également fait des vidéos aux côtés de Papacito ce qui décrit bien le niveau de finesse intellectuelle et d’humanisme. Sa vidéo a permis à SOS Calvaires d’accéder à un public jeune probablement hors de portée de son habituelle sphère d’influence.

Les apôtres du samedi matin

Moins ouvertement racoleur, l’entretien donné récemment par le président de SOS Calvaires, Julien Le Page, au chroniqueur de Valeurs Actuelles, Grégory Roose, permet de saisir la véritable teneur du fond idéologique de notre collectif de cathos. Julien Le Page, qui travaille pour le groupe d’immobilier BMG, est un personnage fort cabotin. Il aime la lumière quitte à faire de l’ombre aux autres membres de l’association moins à l’aise avec les codes de la communication, au point de parfois personnaliser SOS Calvaires à outrance. Au début de l’interview il déroule un discours assez convenu, mais la complicité s’installe au cours des échanges et les dernières minutes sont instructives quand le vernis des apparences saute. Le Page décrit l’action de SOS Calvaires comme un « apostolat par l’exemple ». Vite notre prédicateur de pacotille ne peut s’empêcher de donner dans un discours doloriste pour mettre en valeur l’intensité de l’engagement de SOS Calvaires : « on sacrifie nos samedis matins ». Quelle abnégation. Qui dit dolorisme dit souvent déclinisme et quand notre apôtre du samedi matin avance que « notre pays s’autodétruit » on se doute qu’on vient rentrer dans le vif du sujet.

Ainsi l’œcuménisme de façade du début de l’entretien se lézarde très vite et Le Page avoue ne plus comprendre le combat des prêtres de l’église romaine auxquels il prête un « discours pro-migrants ». Et le voilà de rêver SOS Calvaires en rempart « contre les attaques antichrétiennes » en faisant « face aux fédérations de libre-pensée qui nous harcèlent beaucoup » bien que, pas à une contradiction près, il décrit ces puissantes fédérations comme ne comptant que « 3 communistes dedans ».

Julien Le Page en vient enfin à une affirmation identitaire nationale-catholique nettement plus combative du pourquoi de SOS Calvaires : « Le calvaire c’est un étendard […] c’est un drapeau qu’on plante pour dire : Ici terre chrétienne. » c’est le marqueur physique que « Vous entrez en terre chrétienne ». « Vous voyez des christs (sic), ya pas de minarets, voilà, ça vous rappelle que la France a des racines chrétiennes et on pourra jamais les arracher». Inutile d’en dire plus, en une saillie au racisme latent SOS Calvaires est propulsée à l’avant-garde des combattant.e.s d’une Reconquista de la France, fille aînée de l’Eglise. En quelques mots on trouve le centre de gravité idéologique de l’association. Nos entrepreneurs catholiques se rêvent donc en croisés à temps partiel. Des croisés un peu pathétiques, tellement attachés aux apparences de leur religion qu’ils en viennent à confondre traditions et spiritualité.

Dis-moi qui tu likes…

A vrai dire, pour comprendre l’univers politique des nos croisés angevins nous aurions pu nous épargner le calvaire de ces vidéos soporifiques emplies d’autosatisfaction. En effet, un simple tour sur les réseaux sociaux suffit. Ainsi, le compte twitter de l’association ne compte à ce jour que 71 abonnements parmi lesquels beaucoup ne trompent pas : Zemmour, Le Raptor, SOS Chrétiens d’Orient, Jean Messiha, Robert Ménard, Marine Le Pen, Marion Maréchal, LMPT, Damien Rieu, Ravier, Présent, La Cocarde Etudiante, Cercle Anjou Conférences. On sait vite où l’on est : à minima à droite de la droite de la droite. Un temps, sur Instagram, l’association était même abonnée au compte des fascistes bourrins de l’alvarium.

Est-ce une forme de pudeur idéologique qui a conduit SOS Calvaires à se désabonner ?

Les personnes qui, à l’occasion, viennent prêter main forte les jours de restauration suffisent également à se forger un avis tranché. Nous avons déjà évoqué le youtubeur Baptiste Marchais mais d’autres accointances plus locales sont tout autant voire plus explicites, en particulier lorsqu’il s’agit des néo-fascistes de l’alvarium. Ainsi, le capo, Jean-Eudes Gannat, apparaît en retrait sur une photo et son frère Francois-Aubert Gannat habitué des prétoires est saisi en pleine tentative de rédemption..

Si ton dieu existe, être à genoux ne suffira pas à la rémission de tes péchés. Un conseil : rampe.

Deux présences qui mettent en lumière la tolérance aux idées fascistes de SOS Calvaires. Car si SOS Calvaires n’a pas de corpus idéologique en soi, elle partage clairement le socle de l’extrême-droite radicale.

Un si long chemin de croix

Pour le futur, SOS Calvaires espère essaimer et créer des antennes placées sous la houlette de la maison-mère angevine. De fait une douzaine de collectifs sont répertoriés. Cependant le gros de l’activité de cette nébuleuse reste centrée sur l’Anjou et les autres collectifs peinent à vraiment exister au delà du simple nettoyage de croix ou du débroussaillage de calvaire. Il est vrai que l’écosystème de nos entrepreneurs du Segréen n’est pas facile a recréer : menuiserie, maçonnerie, espace de stockage conséquent, matériel de chantier.

SOS Calvaires dispose d’une image positive dans les milieux catholiques. Elle n’a pas eu de difficulté à lever près de 25000€ dédiés à la construction d’un local technique spacieux pour ses activités. Il semble aussi selon ses propres dires que SOS Calvaires est désormais en mesure de salarier un poste technique de « responsable de production ». Cela est révélateur de son audience nationale et de sa capacité à drainer des fonds conséquents.

Priez un peu mais donnez beaucoup !

Cela ne masque pas ses faiblesses, les activité de l’association se déroulent dans un notable et rassurant désintérêt de la part de la très grande majorité des habitant.e.s de la région qui ont d’autres croix à porter. Celles et ceux qui s’engagent dans la défense de l’environnement, du cadre de vie ou du patrimoine, se dirigent naturellement vers d’autres espaces que SOS Calvaires. Son fonctionnement très vertical est lui aussi un bon repoussoir. Il n’y a donc pas d’adhésion populaire et le noyau affinitaire de 15 à 20 personnes très investies évolue en vase clos.

Il y a des velléités d’élargissement du champ d’intervention de l‘association pour l’ériger en une amorce de lobby de défense des édifices et bâtiments religieux (sous-entendu catholiques, cela va de soit). Un lobby doté d’avocat.e.s qui lutterait contre tout ce qui ressemble de près ou de loin à la déchristianisation de la société ou tout du moins qui lutterait contre sa disparition des paysages. Si SOS Calvaires s’engage plus avant dans cette direction il lui sera d’autant plus difficile de cacher son agenda politique et son idéologie réactionnaire.

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Témoignage

Rue des Aix – Angers

Nous sommes régulièrement contacté-e-s pour nous relater des
agressions commises par des membres de l’alvarium.
C’est révélateur du climat qui règne depuis un moment du côté de la rue
du Cornet et plus largement à Angers. Une des personnes qui nous avait
contacté pour nous faire part de l’agression qu’elle a subie, nous a
permis de publier son témoignage. Le voici.

J’étais parti vider mes poubelles vers 17h30, et en passant par la rue des Aix, je vois quelques stickers de l’alvarium que j’arrache au passage, et en redescendant la rue je vois un mec qui court en direction de l’alvarium depuis la rue piétonne tout en essayant de se couvrir le visage (??); je me demande vite-fait si ça à un rapport avec ce que je viens de faire mais je me dis que j’imagine des trucs et je continue.

Bon en fait c’est une fois que je suis en train de vider mes poubelles que je m’aperçois que le mec en question était parti chercher 4 de ses potes là bas pour venir me bully, l’un d’entre eux m’interpelle et me demande pourquoi j’ai arraché un sticker, je lui rétorque en lui demandant ce que ça pouvait bien lui faire, il me demande si je suis content de moi, que j’ai bien fait mon acte citoyen et il bredouille en constatant que je porte un treillis militaire.

Là dessus un autre me traite de bobo, repris par encore un autre qui lui dit «ouais pas vraiment» en jugeant mes vêtements; je leur demande si je ne peux pas vider mes poubelles en paix, le premier qui m’a abordé commence à dire qu’il ne m’empêche pas physiquement mais il est coupé par un de ses potes qui est soudainement très intéressé par mon masque, à ce moment l’un d’eux commence à m’agripper pendant que l’autre m’arrache mon masque avant que je les repousse, je sens une forte odeur d’alcool venant d’eux, ensuite le seul du groupe qui ne disait trop rien commence à essayer de les raisonner à grands recours de «bon ça va les gars» et «allez c’est bon laissez-le maintenant», le type qui m’a volé mon masque me dit qu’il va l’ajouter à sa collection avant que le groupe commence à s’en aller.

Je les suis en leur disant de me rendre ce qui m’a été dérobé, le mec avec mon masque me réponds «tu arraches un sticker je prends ton masque, comme ça on est quitte», puis celui qui essayait de les raisonner me fait platement des signes de la main du type «bon excusez-les hein», j’ai pas envie de leur courir après juste pour un masque et je les laisse partir.

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Qui est-ce ?

Initialement paru sous forme de « thread » via notre compte Twitter, nous l’archivons ici sous forme d’article de blog :

Ces jours les journaux sont pleins de l’ « action sociale » de l’alvarium. Les images du Courrier de l’Ouest de la manif de samedi mettent en lumière ce « dévouement » des militants fascistes. C’est justice que de revenir sur leur « œuvre » individuelle dans un thread.

Paul Pichon arrive de Versailles où il militait chez les fascistes d’Auctorum. Il a été inculpé pour les violences commises lors de l’ouverture du pseudo-squat de l’alvarium Relaxé. « Les faits sont insignifiants » dixit le juge. #impunité

Ce procès impliquait Baudouin Le Nalio, ancien scout si affable qu’on l’a vu aider la BAC ce samedi. Relaxé pour le même motif. Après une telle décision de justice il ne faut pas être surpris qu’il se sente autorisé à s’armer d’une batte dans la rue.

François-Aubert Gannat Violences, agressions et injures racistes, « chasse aux noirs et aux arabes », chants/saluts nazis lors d’une virée nocturne d’une 15aine de fascistes en oct. 2016 à #Angers. Condamné à 10 mois avec sursis + 175h de TIG.

François-Aubert Gannat, bis. Injures racistes et suprémacistes en mai 2017 : « Ton pote est d’une sous-race. Même mon chien et mon singe sont d’une race supérieure à la sienne ». Condamné puis relaxé suite à une erreur du parquet de la cour d’appel.

Mayeul Michon Du Marais, le lyonnais poursuit ses études à #Angers. Poursuivi pour agression raciste en mai 2018. Relaxé au bénéfice du doute.

Théodore Riant « Graphiste » de l’alvarium. Participation aux agressions avec armes (batte de base-ball, matraque, poings américains) à #LeMans en déc 2019. Condamné : amende de 300 à 600€ et interdiction de détenir une arme pendant 3 ans.

Jean-Eudes Gannat Le petit chef se débat toujours en pleine affaire #Comunotec et ses dernières justifications dans la presse n’ont pas été convaincantes, il n’a pas répondu sur le fond et l’affaire est loin d’être close.

Le problème avec l’alvarium ne vient pas d’une ou 2 brebis galeuses et nous pourrions ressortir d’autres histoires avec des militants qui ne sont pas sur la photo. Le problème est simple : c’est l’existence même de l’alvarium.

#FermonsLAlvarium

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L’étincelle attaquée par des fascistes – Organisons la riposte !

 

L’étincelle – lieu associatif, associatif et autogéré a été une nouvelle fois la cible d’une attaque menée par les fascistes locaux.
Organisons la riposte antifasciste, faisons barrage à l’extrême-droite ici et maintenant.

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Benoît Couëtoux du Tertre et l’institut Iliade : pathétique épopée

Depuis quelques années, les fascistes angevins se rêvent mauvais garçons. Ils cultivent le look « casual » des hooligans. Mais leurs coupes venues tout droit des années 30, et leur attitudes guindées trahissent une extraction le plus souvent bourgeoise. Loin de cet apparat de basse-cour, Angers cache un briscard de l’extrême-droite qui ne s’est jamais départi de ses fines petites lunettes, de son barbour défraîchi et de son air de vicomte fauché rentrant bredouille de la chasse. Permettez-nous de vous présenter le parcours de Benoît Couëtoux du Tertre.

 

Les années de formation : jeune et déjà vieux

Lors de ses années étudiante « BCdT » trainait parfois sur le campus universitaire de Belle-Beille , à Angers, avec le groupuscule fasciste du Renouveau Etudiant. Bien éloigné de toute activité syndicale, l’éphémère groupe angevin avait une forte coloration nationaliste-révolutionnaire et ses militants n’hésitaient pas par exemple à camoufler leur antisémitisme derrière un soutien de façade à la Palestine. Dans la seconde moitié des années 1990, leur militance se limitait le plus souvent à coller des stickers mais, ils se sont aussi essayés à la provocation envers les syndicalistes et étudiant.e.s grévistes. Sous la houlette d’un prof de droit, ils ont tenté, sans succès, d’évacuer à coups de casques de motos un amphi où se tenait une AG. Ils ont enfin avec de nombreuses affiches, nuitamment rebaptisé l’université au nom du collabo Robert Brasillach. A cette époque BCdT est présent mais selon les témoignages peu porté sur la violence, il est physiquement en retrait.

Au Renouveau Etudiant il n’y avait pas que l’index de tendu.

 

Benoît Couëtoux du Tertre tente de faire peuple

Il ne fera pas plus d’étincelles au sein du Front National. Il lui restera néanmoins fidèle lors de la scission d’avec le MNR en 1999. L’engagement militant fondateur de BCdT va plutôt se jouer au sein de Terre et Peuple. Fondé par Pierre Vial fin 1994, ce mouvement lui convient par sa vision téléologique de la civilisation européenne. Le mouvement place celle-ci en filiation directe avec la prestigieuse civilisation grecque, enrichie et nourrie par le Moyen Âge et vue comme une belle idée croissant jusqu’à nous et dont nous serions les héritier.e.s devant assurer sa passation. Le paganisme n’est pas rejeté à la marge comme peut le faire l’extrême-droite catholique traditionnelle. Au contraire les mythes et légendes donnent à Terre et Peuple sa coloration « volkish ». C’est à dire que le « peuple » renvoit à une identité plus qu’à une masse. Le passé revêt une implication directe dans le présent. Plus que l’espérance d’un retour du passé, celui-ci est pour eux une filiation. Il y a une référence récurrente chez Terre et Peuple à l’enracinement. BCdT écrit des articles pour leur journal.

Le mouvement souffrira à de multiples reprises du côté girouette politique de Pierre Vial et il perdra notamment des forces à la scission du FN. Toujours est-il que Benoît Couëtoux du Tertre s’y épanouira et c’est même lui qui emmènera la « bannière Anjou » en 1999.

Seulement Terre et Peuple n’est pas une organisation de terrain et bien que prudent de nature BCdT a envie d’en découdre. L’arrivée des « Identitaires » dans le paysage politique au début des années 2000 va lui permettre de s’appuyer localement sur quelques jeunes recrues pour passer à l’action.

Puni pour avoir oublié son cartable

Le 8 avril 2011, le conseil municipal d’Angers se réunit avec à l’ordre du jour un point sur le construction de la future mosquée. Le conseil se tient sous l’égide du maire PS de l’époque, Jean-Claude Antonini. Un petit groupe de six personnes baptisé « Anjou Identitaire » fait irruption dans la salle du conseil, les visages mal cachés derrière de petits masques de cochons ils entonnent « Pas un sou pour la mosquée. Angers n’est pas une terre d’Islam ! » en jetant des tracts à la volée.

Les plus bêtes ne sont pas celles que l’on croit.

Par maladresse le chef improvisé BCdT va oublier dans la salle son cher cartable et se fait pincer en revenant le chercher. C’est fort gênant mais celui qui est fonctionnaire à la Préfecture va passer en procès pour un simple « délit d’entrave », la qualification raciste n’ayant pas été retenue par le Parquet. Le préjudice pour lui sera donc très relatif car il sera relaxé en appel et mis au placard pour un temps à la sous-préfecture de Segré, avant de revenir à Angers comme si de rien n’était.

Le vent du boulet est passé très près et désormais il va localement se tenir à carreaux et faire preuve d’une grande discrétion. Pour autant, ce n’est certainement pas la fin de son engagement. En 2013, Dominique Venner, un des idéologues de l’extrême-droite se donne la mort par arme à feu devant l’autel de la cathédrale Notre-Dame. Dans ses dernières volontés exposées peu avant à certains amis dont Le Gallou, il désirait qu’ils fondent un institut qui deviendra Iliade.

Iliade : amnésie sélective

Iliade, « institut pour la longue mémoire européenne » peut-être présenté par lui-même  tant sa visée est explicitement raciste : « L’Institut ILIADE accompagne tous ceux qui refusent le Grand Effacement, matrice du Grand Remplacement. ». Pour ce faire, il organise notamment un colloque annuel qui autour d’une hématique voit se succéder à la tribune toute la crème de l’extrême-droite la plus dure : Alain de Benoist, Renaud Camus, Jean-Yves Le Gallou, Charlotte d’Ornellas. « 2019, Europe le temps des frontières » était par exemple le thème retenu pour un des derniers colloques. Et c’est BCdT qui en prononcera l’allocution de clôture  https://www.youtube.com/watch?v=TdXNSEjO4E8

L’institut brasse large et cherche à diffuser une vision de l’histoire qui a de nombreux points en commun avec Terre et Peuple. Là encore, la culture grecque ou du Moyen Âge sert de prétexte à développer une vision racialiste et fermée de l’Europe. Le discours a lui aussi de forts accents païens. L’institut se place lui aussi sur le terrain métapolitique et œuvre en vue d’une hégémonie des idées d’extrême-droite dans les mentalités. Notre angevin en tant que secrétaire-général tient une bonne place dans ce cirque et semble être l’homme de confiance au service de la cause. Pendant longtemps l’institut avait pour siège social son domicile.

Quant à son épouse, Fabienne, elle a un temps officié en tant que trésorière. L’implication de la famille va jusqu’à leur fille Aurore qui met son savoir-faire (à défaut de talent) d’élève des beaux-arts à disposition de l’institut pour créer une des tentures qu’on voit dans les vidéos sur le côté de la scène. Aujourd’hui encore, l’institut est domicilié à Angers via une boîte postale.

Pour le symbole, les angevin.e. apprécieront le message délivré sur twitter par le conseiller municipal d’Angers pro Manif Pour Tous, Maxence Henry. A l’occasion de la parution d’une vidéo de l’institut intitulée « Ni Lampedusa, ni Bruxelles, être européen ! ». Il s’exclamera « tellement juste » (source : http://ldh49.over-blog.org/2017/04/le-bloc-identitaire-en-anjou-des-jeunes-et-des-moins-jeunes.html). Triste ironie du sort de constater que les idées de celui qui a subverti un conseil municipal y siègent désormais en toute légalité. Cela est révélateur du travail de tout un pan de l’extrême-droite qui en dehors du champ des partis traditionnels cherche à placer son idéologie au pouvoir en instrumentalisant la culture. C’est en cela que l’exemple de Benoît Couëtoux du Tertre méritait quelques lignes.

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Une réunion fasciste à Angers… rien de bien « Chic »

Mercredi 14 octobre, à Angers, le Chic, bar situé au 8 rue des Houlières, a été privatisé pour accueillir en toute sérénité une (extrême) droite conservatrice et décomplexée. Le tout à l’initiative de Racines d’Avenir, organisation nationaliste. Voici un petit point d’une situation loin d’être « chic ».

Racines d’Avenir, c’est quoi ce truc ?

A l’origine, Erik Tegnér

Mais qu’est-ce que Racine d’Avenir ? Mouvement fondé par Erik Tegnér, dont la famille est historiquement liée au Front National (Marcel Chéreil de la Rivière, son grand-père est un ami historique de Jean-Marie Le Pen, son oncle est l’ancien maire FN de Toulon), ce dernier a d’abord été encarté au Front National en 2011 avant de rejoindre le parti des Républicains en 2012 (UMP à cette époque).

Nous avons là un clown qui sait donc parfaitement jongler entre la droite libérale et l’extrême droite réactionnaire. Soutenu par l’extrême droite électoraliste (Sébastien Chenu, porte parole du RN, Nicolas Dupont-Aignan, patron de Debout la France, Jean Frédéric Poisson, etc.), il défend ouvertement les prises de position des néofascisants au pouvoir comme Victor Orban (6)(8). En outre, Erik Tegnér a déjà prôné une alliance avec Marine Le Pen (7).

Erik Tegnér, un proche de Marion Maréchal et d’Eric Zemmour et partisan de la Convention de la droite

Erik Tegnér est également l’un des trois organisateurs de la « Convention de la droite » – ou plutôt de l’extrême droite (10) – à laquelle a participé Eric Zemmour et Marion Maréchal. Dans le prolongement de ses prises de positions empuanties, il a suivi une formation en 2018 à l’ISSEP dont la directrice n’est autre que Marion Maréchal (9).

Erik Tégner passe le flambeau, Racines d’Avenir garde la cap

Aujourd’hui Erik Tegnér n’est plus président de Racines d’Avenir. Il s’agit désormais d’Eddy Casterman, maire-adjoint d’Englos (Nord) et assistant parlementaire du sénateur Vincent Segouin. Aussi, Racines d’Avenir reste encore et toujours un mouvement conservateur d’extrême droite proche d’Erik Zemmour et des Jeunes Républicains (succursale de LR) qui tente de dédiaboliser son extrémisme de droite. La preuve en image :

Un petit panorama du Mouvement Racines d’Avenir à l’échelle nationale, ça vous dit ? Le voici. A sa tête, on retrouve Eddy Casterman, assisté de Pierre Louis Delauney, membre des Jeunes Républicains. L’Étudiant Libre, journal d’extrême droite, fait de lui un portait élogieux qui n’a pourtant rien de glorieux. Aussi, élevé par les scouts, on apprend par la suite qu’il deviendra responsable de la Cocarde étudiante de Rouen.

Racines d’Avenir est ainsi composé de 3 secrétaires généralaux adjoint-e-s et de 3 portes-paroles. L’un des portes paroles, Victor Bonnin, a particulièrement attiré notre attention… En effet, ce dernier, originaire de Cholet, n’y est pas pour rien dans l’organisation de cette petite rencontre fascisante angevine au Chic.

Racines d’Avenir Pays de la Loire au Chic, une rencontre animée par Victor Bonnin… en présence de l’Alvarium

Il semblerait que Victor Bonnin était l’animateur de la soirée, comme l’atteste la photo ci dessous. Il est porte-parole (voir organigramme ci-dessus) ainsi que représentant régional de Racines d’Avenir qui revendique être un « mouvement de jeunesse conservateur et populaire ». Il semblerait aussi que Gaspard Beaumier, membre de l’Alvarium avec son t-shirt apparent, ne se soit pas fait refuser l’entrée. L’Alvarium aurait-il une incohérence idéologique, lui qui est censé être contre le système, le RN et les Républicains ? A moins que l’union des droites voit dans les organisations fascisantes comme l’Alvarium une stratégie et un mouvement de fond pour faire évoluer l’extrême droite française.

D’autre part, Victor Bonnin, choletais de 18 ans, étudiant en droit et sciences politiques à Rennes 1, a participé à la campagne de Gilles Bourdouleix (mairie de Cholet). Pas la peine de développer son idéologie, en un tweet tout est dit :

Une union des droites de l’extrême-droite à Angers

C’est dans ce cadre de pensée qu’une soixantaine de nationalistes (selon les organisateurs-ices qui en attendaient 70) et autres fascistes se sont réuni-e-s à l’initiative de Racines d’Avenir Pays de La Loire au café le Chic pour y discuter de la ‘‘dictature de la pensée unique’’ :

Apparemment, « l’union des droites » (11) prônée par Erik Tegnér a le vent en poupe dans la sphère fascisante angevine. Reprise par Eddy Casterman à la tête de Racines d’Avenir et par ses colistiers comme Victor BONNIN dans les Pays de la Loire, cette convergence mange dans la même gamelle que les nationalistes.

Procédons par ordre… Parce qu’il y avait du beau monde parmi cette sphère conservatrice.

Sébastien Pilard

Commençons par la présence de Sébastien Pilard(@spilard). Sa doctrine converge largement vers les idéaux nationalistes, racistes, et anti-PMA. Co-fondateur de Sens commun, conseiller chez les Républicains pour les Pays de la Loire, il s’est fait remarquer pour un de ses dîners avec Marion Maréchal, elle même proche d’Erik Tegnér (1). Aussi, sa présence n’est pas passée inaperçue au Chic parmi ses congénères racistes et xénophobes, quelques jours après avoir participé à la manif pour tous de Nantes le samedi 10 octobre 2020, comme le témoigne ce tweet :

Agnès Thill

Ensuite, c’est au tour d’Agnès Thill de faire le déplacement depuis l’Oise, certainement parce que cette ancienne députée de LREM est à l’aise dans le milieu de l’extrême droite électoraliste, notamment quand il a fallu porter avec le Rassemblement National (RN) un projet de loi visant à interdire l’écriture inclusive (2). Elle est aussi farouchement opposée à PMA (3)… Tiens tiens, Mme Thill aurait-elle des affinités idéologiques avec son homologue Sébastien Pilard ?

Guillaume Bernard

Nous ne sommes pas non plus passé-e-s à côté de la présence du conservateur Guillaume Bernard. Il est notamment à l’initiative de l’ « appel d’Angers pour l’union de la droite », relayé par le magazine nauséabond Valeurs Actuelles pour lequel il est aussi chroniqueur…. De quoi ravir nos idéologues de Racines d’Avenir. Pas la peine de préciser (mais on le fait quand même) qu’il est opposé à la PMA et est pro manif pour tous… de quoi ravir, cette-fois ci, Agnès Thill.

Professeur à l’ICES, Guillaume Bernard donne également des cours sur « les valeurs de la droite » à l’Institut de Formation Politique (IFP) de Sèvres qui propose « une formation à la fois intellectuelle et pratique, ouverte à toutes les sensibilités de droite : libérale, conservatrice, souverainiste, identitaire », selon son directeur Alexandre Pesey (4).

Guillaume Bernard nage donc comme un poisson dans l’eau quand il professe sa pensée conservatrice à l’IFP. Lui-même avoue que l’«IFP est un laboratoire dans lequel le processus de convergence des droites est possible » (4). Au moins, il doit bien s’entendre avec Marion Maréchal, puisqu’elle même intervient à l’IFP… Oui, la même qui se tape des bouffes avec Sébastien Pilard. Pas la peine de préciser (mais on le fait encore), qu’il a participé à la manif pour tous au même titre que Sébastien Pilar et Agnès Thill.

L’UNI présente avec Jacques Smith

Sommes nous étonné-e-s de la présence de L’UNI à cette soirée ? Non. Ce syndicat qui gangrène le monde universitaire par ses idéaux libéraux et conservateurs est trop souvent présenté comme ‘‘proche de la droite’’.

Pourtant, l’UNI surfe davantage sur une idéologie nationaliste bien ancrée (5). Cherchant à « promouvoir une « certaine idée de la France », de sa civilisation et de son Ecole », cette organisation s’est construite en opposition à mai 68 qu’elle considère comme des événements qui discréditent et mettent à terre les « les repères et les institutions (famille, école, nation, armée, …) sur lesquels reposait la société française ».

Dire que cette organisation est de droite est un euphémisme : elle est d’extrême droite. La preuve encore ce mercredi soir en honorant sa présence au sein de la fachosphère angevine :

Aussi, c’est par l’intermédiaire de Jacques Smith que l’UNI a été présentée en cette soirée. Responsable de l’UNI Paris Nanterre, cet étudiant en sciences politique semble s’entendre à merveille avec Eddy Casterman, président de Racines d’Avenir :

Il est aussi très fière d’être (d’extrême) droite au même titre que son pote Victor Bonnin, organisateur de la soirée au nom de Racines d’Avenir :

Un soutien de la presse d’extrême droite : l’Incorrect et l’Étudiant libre, partenaires et présents

L’incorrect : le mensuel correctement d’extrême-droite

On notera aussi le soutien à l’événement de L’Incorrect, fondée par des proches de Marion Maréchal, et notamment Jacques de Guillebon, directeur de la rédaction et conseiller de Marion Maréchal (9). Jacques de Guillebon participe aussi au conseil scientifique de l’ISSEP, l’école de cette même Marion Maréchal (école où s’est formé Erik Tegnér). Correctement d’extrême droite, l’Incorrect est dans la lignée de Racines d’Avenir. En effet, il cherche à mettre fin au clivage entre LR et le RN (13). Apparemment, c’est déjà bien entamé. Ce journal torchon puise notamment son inspiration dans les idées maurassiennes (14). Financé par Charles Beigbeder, ex DRH de l’Oréal, le conservatisme sur fond « d’identité » est de mise dans ses colonnes. Il s’oppose notamment au mariage pour toustes, à l’adoption homoparentale, ou encore la PMA, en bon ‘‘maréchalien’’.

L’Étudiant libre : libre de dire n’importe quoi, tant que c’est d’extrême-droite

Pour finir, L’Étudiant libre soutenait également l’événement. Ce mensuel conservateur a été créé non loin d’Angers, à la Roche sur Yon. Présidé par Stanislas Rigault, étudiant à l’ICES (là-même où est prof Guillaume Bernard) et soutenu par Pierre Romain Thioret, secrétaire général de la Cocarde étudiante, L’Étudiant libre, «L’Étudiant Libre est une publication conservatrice et patriote qui ambitionne de rassembler tous les courants de la droite », selon Stanislas Rigault (15). La messe est dite. Plusieurs personnalités politiques d’extrême droite viennent vomir leurs propos haineux : Jean-Marie Le Pen, Philippe de Villiers, Jean Frédéric Poisson, Charlotte d’Ornellas (valeurs actuelles), etc (15).

En tout cas, L’étudiant libre semblait heureux de pouvoir être présent ce mercredi 14 octobre:

Une bonne partie proche de Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat

En 2018, alors qu’il était candidat pour les Jeunes Républicains, Erik Tegnér prônait déjà une alliance avec l’extrême droite. Il disait qu’ « une majorité de la base LR pense comme moi sur l’union des droites mais dit le contraire » (9). A qui donc peut bien profiter en partie ce vivier de néofascistes ? A la droite électoraliste et politique qui opère depuis un moment un glissement à l’extrême droite.

A l’image de Bruno Retailleau, président du groupe LR du Sénat. Petit rappel. Bruno Retailleau est né à Cholet (clin d’œil à Victor Bonnin). C’est un proche de Philippe de Villiers pour lequel il adhère initialement au parti de ce dernier, le Mouvement Pour la France (MPF). Il adhère ensuite à l’UMP (aujourd’hui LR) et deviendra sénateur puis président du Groupe LR au sénat, fonction qu’il exerce depuis 2014. Avant cela, il a aussi été président du Conseil général de Vendée de 2010 à 2015 puis président du Conseil régional Pays de la Loire de 2015 à 2017.

Aussi, Bruno Retailleau semble être proche ou au moins avoir croisé une partie des colistier-e-s présent-e-s ce mercredi 14 octobre à Angers.

Par exemple, lors des élections régionales de 2015, Sébastien Pilard, le fondateur de Sens Commun présent mercredi, invitait « tous ceux qui désirent l’alternance dans les Pays de la Loire, à s’engager derrière Bruno Retailleau pour assurer la reconquête de la région tant attendue par les ligériens » (12). Sébastien Pilard mise donc beaucoup sur Bruno Retailleau et considère que « Sens commun sait pouvoir compter sur l’homme de conviction qu’il est pour porter très haut les valeurs que nous partageons avec lui » (12) . Pas la peine de décortiquer davantage les liens qui unissent ce partisan de la droite dure et Bruno Retailleau.

Mais ce n’est pas tout. Le choletais Victor Bonnin semble heureux comme un coq en patte de poser avec Bruno Retailleau au lors de l’Université d’été de La Baule de LR, avec… Jacques Smith, qui représentait l’UNI ce mercredi 14 octobre à Angers.

 


Bref, nous l’aurons compris, l’extrême droite angevine tente de s’organiser sur notre territoire. Même si cela progresse doucement, il s’agit d’une stratégie progressive qui s’inscrit dans une généalogie de l’extrême droite : la création du journal de l’Incorrect, puis de l’école de Marion Maréchal, et enfin des mouvements comme Racines d’Avenir ou la Cocarde Etudiante qui investissent les milieux étudiants… et que l’on retrouve dans les partis électoralistes traditionnels (LR, RN).

Difficile de dire que la boucle est bouclée, tellement leurs liens sont étroits et sinueux. Mais le chemin est encore long pour elleux : tant que nous seront là, iels n’y parviendront pas.

Et pour finir, le bar en question se défend de toute implication idéologique :

Mouais… nous ne rappellerons jamais assez que l’on ne discute pas avec l’extrême droite.

Sources

Sources initiales :

Nathalie Hamon, « Maine-et-Loire. Des militants de la droite conservatrice se réunissent à Angers », Ouest-France, 2020.

Philippe Rubion, « Angers. La droite dure motive ses jeunes troupes », le Courrier de l’Ouest, 2020.

Philippe Rubion, « Angers. Des étudiants réunissent des leaders de la droite de la droite », le Courrier de l’Ouest, 2020.

Sources d’appuis

(1) Auberi Maitrot, Thomas Cauchebrais, Pierre Girault, Fanny Brevet, « Sébastien Pilard, vice-président de la Région Pays de la Loire », RCF, 2019.

(1) Yan GAUCHARD. « Sébastien Pilard, élu (LR), privé de délégations à la Région », Ouest-France, 2019

(2) Léa Pernelle, « Deux députés ex-LREM rejoignent le RN dans sa résistance contre l’écriture inclusive » , Le Figaro, 2020

(3) AFP, « Exclue de LREM après ses propos sur la PMA, la députée Agnès Thill rejoint le groupe UDI », l’Express, 2020

(4) Alexandre Sulzer, « L’école modèle de Marion Maréchal-Le Pen », 2018

(5) Olivier Faye, Abel Mestre et Caroline Monnot, « Qu’est-ce que l’UNI ? », Le Monde, 2012.

(6) Lucie Alexandre, « Érik Tegnér, fer de lance de « l’union des droites » », La Croix, 2018.

(7) « Erik Tegnér, le candidat à la présidence des Jeunes Républicains qui prône l’alliance avec Marine Le Pen », 20minutes, 2018

(8) Pauline de Saint-Rémy, « Erik Tegnér, le jeune LR qui prône une « union des droites » jusqu’à Marine Le Pen », RTL, 2018.

(9) Alexandre Sulzer, « Erik Tegnér, extrême-rebelle », l’Express, 2018.

(10) Lucie Soullier, « A Paris, la « convention de la droite » de Marion Maréchal rejoue les classiques de l’extrême droite », le Monde, 2019.

(11) AFP,« LR lance une procédure d’exclusion contre Erik Tegnér, partisan de l' »union des droites », l’Obs, 2019.

(12) Ouest France, « Régionales : Sens commun « s’engage » derrière Retailleau », 2015.

(13) Paul Aveline, « « L’Incorrect », le magazine qui veut réconcilier droite et extrême droite », le JDD, 2018.

(14) Laurent de Boissieu, « L’Incorrect, un nouveau magazine entre droite et extrême droite », La Croix, 2017.

(15) Louis Heidsieck, « Qu’est-ce que «L’Etudiant libre», le mensuel conservateur attaqué à Rennes? », Le Figaro, 2019.

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Jean-Eudes Gannat : Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Il nous semble évident de revenir sur l’article récemment publié dans les colonnes du Ouest-France au sujet de ce qu’il convient de qualifier d’Affaire Comunotec. L’article est parfaitement étayé mais il nous a donné envie d’aller constater par nous-mêmes les preuves matérielles de l’hypocrisie et la duplicité du petit chef des fascistes angevins qui occupe une place centrale dans cette affaire.

Le Prince Vaillant des réseaux sociaux

La principale et la plus dense de nos sources d’informations prend la forme du document ci-dessus. Il s’agit du procès-verbal de l’assemblée générale extraordinaire de Comunotec. Cette entreprise créée à l’été 2015 prétend donc travailler dans le secteur du « développement et de la conception de matériel de sécurité ». Cet aride document légal nous intéresse au plus haut point parce qu’il matérialise le moment où Jean-Eudes Gannat, alors âgé de 22 ans est désigné comme président pour la durée d’une année à compter du 05 décembre 2016.

Ce rejeton de la bourgeoisie, fils d’un conseiller régional Pays-de-la-Loire exclu du RN, qui aime tant jouer au rebelle ne nous est évidemment pas inconnu. Nous avons déjà retracé par le passé une partie de son parcours et les angevin.e.s ne sont pas sans ignorer les frasques de sa bande fasciste de l’alvarium qui défrait trop régulièrement la chronique judiciaire (voir ici et ici).

En dévôt inconditionnel du « c’était mieux avant », Jean-Eudes Gannat est prompt à pourfendre la déshumanisation du monde, que ce soit à travers la robotisation où la vidéosurveillance. Quelques captures d’écran glanées de-ci, de-là dans le flot de sa logorrhée en attestent.

Mais comme les angevin.e.s le savent également il n’est pas à une tartufferie près.

Un homme de paille de la « GUD Connexion » ?

Revenons à notre PV qui montre qu’il est prompt à se mettre au service de la frange la plus radicale de l’extrême-droite, surtout s’il est possible de faire des affaires. Déjà, par le passé, Jean-Eudes Gannat a travaillé pour Riwal, la société de Frédéric Chatillon. En 2014 il a également été au service du Carré Casa, là encore une entreprise proche de ce qu’il est coutume d’appeler la GUD connexion.

Dans le cas qui nous concerne, la GUD Connexion est présente au sein de Comunotec via la société SOWINVEST et le groupe ERER.

Derrière la holding SOWINVEST il y a Paul-Alexandre Martin. Né en 1990, il est passé par la fac de droit d’Assas. Un temps son colocataire ne fut autre que Julien Rochedy avec qui il milite au FNJ.  Community manager, photographe officiel de Marine Le Pen, c’est un entrepreneur madré qui par exemple aura mis en place les sites internet des députés européens FN.

Quant au groupe ERER, on ne présente plus son principal actionnaire Frédéric Chatillon. Ancien militant du GUD, ami de Marine Le Pen. Avec son acolyte Axel Lousteau ils ont de multiples sociétés toujours en affaire avec le FN pour le meilleur et surtout pour le pire.

Paul-Alexandre Martin (en arrière plan) avec Frédéric Chatillon, Julien Rochedy, Jean-Lin Lacapelle et Axel Loustau.

Frédéric Chatillon n’est pas en reste lorsqu’il s’agit de ramasser du pognon, il est adepte des montages alambiqués de sociétés sciemment imbriquées les unes dans les autres, un écheveau très difficile à démêler et pas toujours du goût de la justice.

Jean-Eudes Gannat s’imagine probablement parmi ses pairs, jouant dans la cour des grands. Mais si sa situation de « président » est ronflante sur le papier, dans la pratique il ressemble quand même rudement à un sous-chef d’entreprise, un homme de paille voire à un bête fusible. Notons que, quel que soit le cas de figure, cela n’enlève rien de sa responsabilité dans l’affaire qui suit puisqu’il sait parfaitement avec qui il s’est mis en cheville.

Peur sur la ville

Un des moments capitaux de la brève existence de Comunotec et de son très discret directeur commercial Julien Costals, est la tenue d’un stand au salon des Maires en novembre 2015. L’entreprise se présente en effet comme spécialiste d’un service sur mesure destinés à de petites collectivités dotées de moyens limités. La vidéo promotionnelle qui suit vaut mieux qu’un long discours

Beaucoup de bleu-blanc-rouge, des églises taguées lorsqu’il s’agit d’illustrer les « incivilités », on ne se refait pas à l’extrême-droite. Pour attirer les maires désemparé.e.s qui cèdent aux sirènes sécuritaires le discours paraît rôdé. La plaquette de présentation se veut rassurante pour des élu.e.s. mettant en avant un savoir-faire reconnu par des acteurs issus de secteurs tels l’industrie pétrolière où, plus sensibles encore, de la défense ou de la justice.

Pourtant, l’article de Ouest-France prouve clairement que ces assertions ne sont que de la poudre aux yeux. En réalité Comunotec leurre sa potentielle clientèle avec de la pure propagande qui donne de la consistance à une entreprise peu active et sans références solides.

Et Comunotec inventa le perchoir à oiseaux connecté

En mars 2017, la petite commune d’Andlau, dans le département du Bas-Rhin fait affaire avec Comunotec pour la fourniture d’un système de quatre caméras de vidéosurveillance (ne comptez pas sur nous pour parler de « vidéoprotection ») : une située Place de l’école, deux à l’Abbatiale et une sur le parking des Remparts. Le maire actuel rapporte que le deal impliquait une installation du système livré par Comunotec par les soins des services municipaux. Mais à la livraison, le produit n’a que peu de rapport avec le cahier des charges. Une observation rapide du matériel par le maire de l‘époque montre l’impossibilité du dispositif à remplir correctement sa fonction : « Sur le plan technique, c’était zéro, des incompétents. J’ai refait un cahier des charges, mais ils n’ont jamais répondu. » dixit l’ancien maire. Effectivement les caméras en question ressemblent plus à des nichoirs à oiseaux high-tech qu’à autre chose.

Il y aura bien quelques échanges avec Comunotec afin de revenir à ce qui avait été convenu mais vite l’entreprise disparaît des radars. En décembre 2017, lors d’un conseil municipal, le maire de l’époque informe les élu.e.s que l’entreprise Comunotec a déposé le bilan et mise en liquidation judiciaire.

PV du conseil municipal du 21/12/2017

Mot du maire fin 2017

Ce contrat frauduleux aura coûté à la commune la bagatelle de près de 14000 euros. D’après nos recherches Comunotec n’aura effectué qu’un seul et unique chantier et, au vu des éléments en notre possession et aux propos du maire actuel il est difficile de douter du caractère crapuleux de l’entreprise.

Alors quelles conclusions tirer de cet affaire ? Peut-être est-il judicieux de s’en remettre à la définition de l’escroquerie dans l’alinéa 1 de l’article 313-1 du code pénal :

« L’escroquerie est le fait, soit par l’usage d’un faux nom ou d’une fausse qualité, soit par l’abus d’une qualité vraie, soit par l’emploi de manœuvres frauduleuses, de tromper une personne physique ou morale et de la déterminer ainsi, à son préjudice ou au préjudice d’un tiers, à remettre des fonds, des valeurs ou un bien quelconque, à fournir un service ou à consentir un acte opérant obligation ou décharge. ».

C’est alambiqué mais on comprend l’idée. En ce qui concerne Comunotec on peut dégager les traits suivants qui font écho à cette définition :

-Afin d’instaurer la confiance, l’entreprise a usé de références inexistantes.

-Elle a livré du matériel qui ne correspondait pas au cahier des charges convenus.

-Elle a empoché une partie de l’argent sans remplir sa part du contrat.

-Elle répond aux abonnés absents quand la mairie d’Andlau la relance.

Si poursuites judiciaires il y a, cela fera beaucoup de soupçons à dissiper pour Jean-Eudes Gannat et les personnes impliquées dans Comunotec.

N’étant pas juges et n’ayant pas le moins du monde l’intention de le devenir, nous vous laissons le loisir de savoir si dans ce cadre le susnommé Jean-Eudes Gannat « mérite », en plus du qualificatif de fasciste, celui d’escroc. Si ça peut vous aider à trancher, quelques synonymes populaires d’escroquerie permettent une approche moins judiciaire mais plus imagée: arnaque, duperie, magouille, crapulerie pour n’en citer que quelques-uns.

Quant à nous, notre opinion est faite. Et d’un point de vue politique, il y a belle lurette que l’extrême-droite n’est qu’un ramassis de malfaiteurs et d’escrocs. Jean-Eudes Gannat ne fait pas exception et l’hypocrite doit être mis au ban de la vie politique. C’est une bonne nouvelle que désormais personne ne puisse décemment accorder à sa parole le moindre crédit.

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Faire taire l’extrême-droite

Nous avons coutume de rappeler que les idées d’extrême-droite ne sont pas de simples « opinions ».

Renaud Camus avec ses élucubrations rhétoriques autour du «Grand Remplacement» a ainsi directement contribué à ce qu’aux antipodes un suprémaciste blanc commette le massacre de Christchurch. Il y a un indéniable lien de cause à effet.

Nous pourrions multiplier les exemples historiques jusqu’à la nausée.

S’il est une seule règle de base à retenir de l’antifascisme c’est la suivante : On ne discute pas avec l’extrême-droite. On la combat.

Le projet de société de l’extrême-droite porte un futur (et déjà un présent) liberticide. Et en appeler à la liberté d’expression n’est pour les fascistes qu’un moyen de s’implanter dans le paysage des idées afin de ronger ce qui fait lien dans nos sociétés. Nous avons récemment dans un texte explicité cette position non négociable.

Malgré tout, nous ne sommes guère surpris.es que localement certain.e.s personnes aient la faiblesse d’esprit et/ou la mauvaise foi de vouloir donner la parole aux fascistes.

En effet, une association nommée Changer(s) d’ère propose, fin octobre dans une salle municipale, un débat autour de l’Union Européenne et de la question de la souveraineté. Quatre invités sont prévus parmi lesquels Jean-Eudes Gannat, petit chef des fascistes de l’alvarium. Face à lui, où plutôt avec lui, des représentants de la gauche (EELV notamment) ainsi qu’un membre de LREM.

Nous nous sommes par le passé mobilisé.e.s à de très nombreuses reprises pour dénoncer le prêt de salles municipales, à Angers et alentours, à des officines d’extrême-droite.

Notre position est inchangée, il est toujours hors de question de laisser s’exprimer des fascistes, qui est plus est dans une salle municipale.

S’il advient que des représentants de «gauche» acceptent vraiment de se prêter à ce jeu truqué de légitimation des idées puantes et du passif violent et raciste d’une bande de fascistes, cela sera le signe indubitable d’une grave déliquescence intellectuelle. Ce sera aussi une faute politique que nous n’oublierons pas.

Peut-être que certain.e.s pensent pouvoir «se faire» Gannat en l’humiliant par la force des mots (son résultat aux dernières élections législatives avec 1 % de voix est déjà en soi une humiliation publique suffisante). Mais pour ce dernier, le simple fait de poser son séant dans une salle municipale tout en discutant aimablement avec des représentant.e.s autorisé.e.s de la démocratie serait une victoire. La postérité oubliera ce qui s’est dit ce soir là pour retenir que les idées fascistes auront été légitimées à s’exprimer publiquement.

Nous appelons donc les intervenant.e.s potentiel.le.s à signifier publiquement qu’ils/elles ne participeront pas à une telle mascarade. Déjà, au moins un intervenant prévu a annoncé son retrait et il semble qu’un.e autre pressenti.e fasse de même. Nous espérons que les autres auront la présence d’esprit de lui emboîter le pas et de laisser les fascistes entre elleux.

Parce que nous n’oublions pas que l’alvarium, son chef et ses membres sont racistes, violent.e.s, qu’ils mentent, menacent, discriminent, invectivent, frappent, nous allons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour que cette réunion soit un échec. Mieux, qu’elle n’ait pas lieu.

Combattre l’extrême-droite, ce n’est pas lui tendre un micro pour rendre son discours audible et lui offrir une audience inespérée. Combattre l’extrême-droite c’est la faire taire.

Le RAAF

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